Les restaurateurs oscillent entre la résignation, la déception et la résilience

Par Emelie Bernier 3:26 PM - 3 février 2021
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Eve Soulard et Steve Michel.

Les réactions dans le milieu de la restauration oscillent entre plusieurs sentiments. Déçus, la plupart des restaurateurs interrogés se résignent à la décision du gouvernement caquiste et de la Santé publique de maintenir leurs institutions fermées malgré le déconfinement partiel annoncé, mais certaines incongruités sont irritantes tel que souligné mardi par le maire Jean Fortin et par le maire Michel Couturier. 

Le luxe du temps au Diapason

Au Diapason, à Baie-Saint-Paul, le copropriétaire Steve Michel trouve le temps long. « C’est une situation qui commence à peser sur notre moral et la santé de notre entreprise… Bien sûr, nous avons demandé des aides financières et nous allons passer au travers, mais on doit taper dans le fond de roulement », dit-il.

Le couple de propriétaires qu’il forme avec Eve Soulard tentent de garder la tête hors de l’eau. «On se creuse la tête est on essaye de se diversifier! On reste malgré tout positif», lance M. Michel.

D’un autre côté, la pause permet de réfléchir à « l’après-COVID ».  «Nous ne sommes pas en dépression ! On se pose beaucoup de questions mais on essaye de trouver des idées pour se démarquer. Nous avons été habitués les quatre dernières années à travailler 60 heures/ semaine et d’un coup, plus rien, donc forcément ça cogite! »

Inventer la restauration en mode COVID

Geneviève Jodoin, co-propriétaire de l’Auberge la Fascine avec son conjoint Frédéric Boudreault, confie que cette année commence à lui peser. Celle qui est aussi artiste et programmatrice de la saison de spectacles de l’Auberge doit constamment revoir ses plans, dans toutes ses sphères professionnelles.

« On essaie d’inventer des affaires », rigole-t-elle malgré tout.

Geneviève Jodoin et Fred Boudreault ont hâte de voir revivre la salle à manger/salle de spectacles de la Fascine.

L’annonce du mardi 2 février n’est «pas une grosse surprise », pour Geneviève Jodoin l’aubergiste. « Mais on espérait au moins qu’ils divisent la région! On n’a pas de cas! C’est une aberration totale. Chicoutimi, Tadoussac, tout est ouvert. On n’a pas la même réalité que Québec.  En plus,  ici,  on est sur une île! Ça double la frustration, mais ça ne donne rien d’être fâché et on va continuer ce qu’on fait depuis mars, se débrouiller», dit-elle, mi résignée.

Mis à part l’été exceptionnel qu’on a réussi à avoir, la plus grande perte de revenus est survenu entre le 26 septembre et le Jour de l’An. « Décembre, en général, on pète des records: on fait du traiteur, des partys de bureau… Ça fait un méchant trou à combler. Le « pour emporter », le  « prêt-à-manger », ça ne paie pas vraiment. Ça ne fait que me permettre de garder l’auberge vivante!»

La Fascine persiste et signe

«On fait le choix de rester parce que ça fait trois ans qu’on a commencé à ouvrir l’hiver et qu’on veut que ce soit une offre récurrente. On essaie d’être là. Juste d’être là, c’est beaucoup. » L’artiste offrira un concert de la Saint-Valentin, via la plateforme lepointdevente.com.

En ce qui a trait à l’été, Geneviève Jodoin la programmatrice attend un signal clair. «On va offrir des shows, mais quand, comment? Ça reste à définir. Pour l’instant, j’attends, car je ne veux pas avoir à déconstruire toute ma programmation comme l’an dernier.»

Résignation “active” à l’Orchidée et au Bistro 245

France Dufour et Patrick Émond, propriétaires de l’Orchidée et du Bistro 245, ne sont pas étonnés que les restaurants doivent rester fermés. « En fait, on était certain qu’ils ne nous ouvriraient pas. On est évidemment déçus, mais on était prêt à poursuivre comme on le fait présentement, en offrant du take out dans nos deux restaurants », indique Mme Dufour. Comme plusieurs, les propriétaires ont tenté de tirer leur épingle du jeu, ou minimalement de couvrir leurs frais, en offrant du prêt à manger à emporter. Mais rien ne remplacera le service en salle à manger.

« Bien sûr, on a hâte que ce soit notre tour, mais on comprend leur principe.  Quand les gens sont au restaurant, ils n’ont pas de masque sur le visage une fois assis à leur table. Ils boivent de l’alcool, c’est festif…  Je pense que c’est ce côté-là qui doit les inquiéter », illustre Mme Dufour.

Elle soutient qu’il ne sert à rien d’être fâché. « On n’a pas de pouvoir, on va garder nos énergies pour la Saint-Valentin. L’Orchidée et le Bistro 245 offriront des boîtes de prêt-à-manger gastronomiques.»

Et lorsque l’aval sera donné à la réouverture, ils seront prêts. « Quand on a fermé à l’automne, on a évalué qu’ils ne nous autoriseraient pas à rouvrir avant mai ou juin. Je pense qu’on ne sera pas si loin du compte au final. Peut-être avril, dans le meilleur scénario», conclut-elle.

 

 

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