Dans Charlevoix, la pandémie a stimulé la générosité non seulement des particuliers, mais aussi des entreprises, un élan de solidarité accueilli avec soulagement par les organismes communautaires qui doivent composer avec une autre hausse importante : les demandes d’aide.
Du jamais vu
Non, vous ne croiserez pas journalistes, pompiers et autres bénévoles du Centre communautaire Pro-Santé affublés de bonnets rouges sur votre route le 3 décembre. L’organisme a dû sacrifier la traditionnelle, et lucrative, Guignolée des médias cette année.
« Avec la COVID, nous ne pouvions pas tenir l’événement dans sa forme habituelle. On parle d’un manque à gagner de 10 000$ », explique Mme Bouchard.
Heureusement, les dons privés et corporatifs compensent. « On a déjà reçu des dons à la hauteur de 7500$, dont 2500$ d’un particulier», indique la dg du centre communautaire qui se réjouit de cet élan de générosité sans précédent.
« Je l’ai déjà vu, cet élan, mais jamais autant que ça. La COVID a réveillé les gens! Je constate que ceux qui en ont la capacité, qui n’ont pas eu de coups durs en raison de la COVID sont beaucoup plus généreux cette année. Les gens nous le disent : «on a été chanceux, on va partager ». Les entreprises qui ont fait de bonnes affaires veulent elles aussi redonner au suivant », indique Mme Bouchard.
Cette solidarité a émergé dès la première vague. «En mars, des entreprises se sont manifestées pour nous soutenir dans notre mission. Plusieurs personnes nous ont fait des dons récurrents, toutes les semaines durant le confinement. On a vu et on voit encore beaucoup d’actes généreux», indique-t-elle.
Tant mieux, car les besoins ne cessent de croître, surtout à l’approche des Fêtes. « C’est un soulagement, car oui, on avait un souci devant le fait de ne pas tenir de guignolée, une activité importante pour la distribution de nos paniers de Noël notamment».
Au Centre communautaire Pro-Santé, on estime que les demandes d’aide ont augmenté de 65% lors de la première vague au printemps et de 40% pour le reste de l’année en comparaison avec les années antérieures.
Faire le plein
À la tête du Service d’aide communautaire de Charlevoix (SACC), Lucie Carré a pour sa part choisi de tenir une guignolée version COVID le 3 décembre (voir autre texte). Dans la MRC de Charlevoix-Est, où œuvre son organisme, l’élan solidaire est aussi bien présent.
« On a envoyé notre dépliant il y a deux semaines pour demander des dons et déjà la semaine dernière, on a commencé à en recevoir », indique Mme Carré. Le nouveau site Internet du SACC permet aussi de faire des dons en ligne. «On remarque de plus en plus des dons récurrents à chaque mois.»
La guignolée a été remodelée pour convenir aux mesures sanitaires, car Lucie Carré y tenait (voir autre texte), mais les gestes de solidarité n’attendent pas cet événement. «Je sens depuis plusieurs mois que les gens sont très solidaires à notre cause et ceux qui peuvent donner le font doublement! », dit-elle citant à titre d’exemple cet entrepreneur qui, conscient de l’augmentation des besoins, a doublé son don de 500 à 1000$. «On a peut-être moins de gens qui donnent, parce que certains ont subi les contrecoups de la COVID, mais ceux qui donnent donnent avec plus d’intensité», relate Lucie Carré.
Les employés du casino contribuaient largement à la cause, mais les mises à pied ont évidemment changé la donne. « Au casino, plusieurs avaient des prélèvements directs sur leur paie qui nous étaient acheminés, mais là, pas de job, pas de paie! », relate Mme Carré qui estime la perte ainsi encourue à quelques milliers de dollars.
La récupération des denrées auprès des restaurateurs en a aussi pris pour son rhume, avec la fermeture des salles à manger et une diminution importante des volumes.
« C’est sûr qu’on ne récupère plus rien auprès des restaurateurs, mais on essaie de faire avec nos épiceries. On avait juste IGA et Metro et cette année, le Provigo s’est ajouté au programme de récupération des denrées, c’est un petit plus bienvenu », indique Mme Carré.
Coup de pouce involontaire des chasseurs
Cette année, la chasse à l’orignal ne permettait d’abattre que les mâles, une manne pour les organismes offrant de l’aide alimentaire comme le SACC. «On a reçu beaucoup de viande saisie cette année. On parle de sept ou huit orignaux suite à des erreurs de tir. Ça fait une énorme différence pour nous! » lance Lucie Carré, directrice de l’organisme. Des donateurs privés importants, la famille Desmarais pour ne pas la nommer, n’a cependant pas pu remettre de viande, car ils n’ont pas tenu leurs activités de chasse comme à l’habitude. « Au final, tout finit par s’équilibrer », conclut Lucie Carré.