Fêtes 2020 : une «sérieuse claque dans face» pour les restaurateurs

Par Karine Dufour-Cauchon 8:16 AM - 24 novembre 2020
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Le restaurant Les Labours de l’Hôtel & Spa Le Germain Charlevoix.

Alors que plusieurs de réjouissent à l’arrivée des retrouvailles du temps des Fêtes, les entrepreneurs en restauration font une croix sur une période fort lucrative. L’annonce du gouvernement fait l’effet d’une «sérieuse claque dans la face» et fait monter l’impatience.

La fermeture prolongée des restaurants jusqu’au 11 janvier résonne comme un véritable coup de masse dans l’industrie régionale. Alors que le temps des Fêtes est habituellement synonyme de réjouissance, les amoureux des bonnes tables y voient un mois de bons revenus manqués.

À La Malbaie, Jean-François Dumais en a aussi gros sur le cœur. Son restaurant l’Allegro est en temps normal une destination de choix pour les «partys de bureau», les soupers de retrouvailles des Fêtes et les sorties gastronomiques à Pointe-au-Pic. Lui qui était convaincu de pouvoir opérer au moins quelques semaines pendant la période sacrilège est «assommé ben raide».

«C’est digne d’une dictature, déclare-t-il durement. On ne nous donne aucune raison, aucune donnée pour justifier notre fermeture. C’est comme si on mettait un enfant en punition sans lui dire pourquoi. Je suis assommé. Ça a été une sérieuse claque dans face, cette annonce. On a eu 18 000 clients cet été de Montréal, de partout et aucun cas ne s’est déclaré. On n’a plus d’arme, les coussins sont vidés», rapporte-t-il attristé.

Des investissements perdus

Donald Duchesne, propriétaire de l’Orange Bistro à Baie-Saint-Paul, espérait pouvoir renflouer les coffres après avoir investi d’importantes sommes pour s’ajuster aux mesures sanitaires exigées par le gouvernement.

«La fermeture pendant le mois de novembre, on peut l’oublier vu que c’est déjà un mois où c’est mort, mais en décembre, là ça fait mal. Je pensais au moins qu’on pourrait rouvrir du 15 décembre au 15 janvier. On est les sacrifiés dans le temps. J’ai investi 20 000 $ pour m’ajuster aux mesures sanitaires et on se fait fermer. En janvier, je ne suis même pas certain qu’on pourra rouvrir surtout avec les rassemblements qui seront permis durant quatre jours, ajoute M. Duchesne. Notre réouverture pourrait être retardée en février. J’ai 12 employés que je paie quand même sinon je vais les perdre», déplore-t-il.

L’orange Bistro offre la formule « prêt à emporter », mais la compétition est grande puisque plusieurs restos se sont tournés vers cette seule option.

« Nous allons proposer des packages du temps des Fêtes. Il faut se diversifier pour montrer aux gens que nous sommes encore en vie».

Toujours à Baie-Saint-Paul, Antoine Neyron, propriétaire de l’Hôtel Baie-Saint-Paul, réussit pour sa part à maintenir certaines activités grâce à la location des chambres.

« Les gens peuvent commander au restaurant et manger le repas dans leur chambre. Comme nous sommes reconnus comme service essentiel, nous avons quand même eu un automne acceptable. Nous avons une certaine perte en raison de la location des salles, mais on s’en tire assez bien. »

«Pour la période des Fêtes, nous allons ajouter des menus pour permettre aux gens de passer une belle soirée, ajoute M. Neyron. Nous accueillons aussi beaucoup de motoneigistes, ce ne sera plus pareil pour eux non plus. Souvent, il se retrouvait en gang dans la même chambre. Il faut se creuser la tête un peu plus et demeurer proactifs. On fait tout ce qu’il faut pour conserver nos employés. Nous pourrions par exemple aménager des foyers à l’extérieur. »

Un coup de grâce ?

Le mois de décembre, c’est en grande partie ce qui permet aux tenanciers d’établissement de tenir le coup lors du temps mort du début d’année. En 2021, que restera-t-il du coussin estival, déjà mis à mal par la pandémie?

C’est ce que se demande Vincent Leblanc, associé-propriétaire du Bar l’Évasion, qui avait récemment développé une offre de restauration.

«Décembre, c’est un mois qui fait penser à l’été en termes des affaires. C’est festif , c’est plein , il y a les partys de Noël. Un mois qui normalement fait du bien , financièrement , et mentalement , pour les employés et clients. J’ai l’impression que ce sera le coup de grâce pour certains établissements, restaurateurs, lesquels les aides gouvernementales aux entreprises ne permettaient pas de couvrir toutes leurs dépenses. Il faut noter aussi que les aides prennent du temps à arriver , les formulaires sont complexes et les calculs aussi», ajoute-t-il à son tour.

Pour plus d’informations sur l’annonce du gouvernement du Québec concernant des Fêtes, cliquez ici.

Avec la collaboration de Lisianne Tremblay

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