Internet haute vitesse: une progression « basse vitesse» qui déçoit

Par Karine Dufour-Cauchon 6:30 AM - 14 octobre 2020
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Claudette Simard, Gilles Bélanger et Emilie Foster étaient réunis à Saint-Urbain en septembre. Archives.

Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec ne pourra pas réaliser l’une de ses promesses-phares, soit brancher toutes les régions du Québec à l’Internet haute vitesse d’ici 2022. La déception est tangible chez les élus régionaux qui estiment que le secteur privé est en cause dans cet échec.

Des élus avaient logé leur espoir en la CAQ pour voir enfin leur municipalité couverte par un service Internet dépassant le 50 mégabits par seconde d’ici 2022. Selon ce que rapporte Radio-Canada, le projet est plutôt étalé jusqu’en 2026. Pourtant, selon les élus du territoire, les besoins sont «plus importants que jamais en 2020».

La présente nouvelle renforce leur déception en cette année de pandémie où les appels en visioconférences, les études à distance et autres Zoom sont monnaie courante. Claudette Simard, préfète de la MRC de Charlevoix et mairesse de Saint-Urbain, ne mâche pas ses mots.

«Je suis sans mot. C’est du n’importe quoi. C’est inacceptable. Je comprends que la pandémie amène son lot de circonstances, mais quand on considère que les jeunes sont obligés de faire de l’école à la maison, que les gens doivent faire du télétravail et qu’ils n’ont pas de service, c’est vraiment… Ça ne se peut pas qu’on vive ça encore en 2020! (…) Cette annonce-là est regrettable. Je ne suis plus capable d’en parler», indique la politicienne qui a fait du dossier de la téléphonie cellulaire et de l’accès à Internet son cheval de bataille depuis 11 ans.

Elle ajoute que sa confiance envers la députée de la formation politique caquiste, Émilie Foster, n’est pas ébranlée pour autant.

«C’est aux deux (paliers de gouvernement) de se mettre en action et répondre aux besoins des collectivités. Pour ça, on passera un autre tour. Je sais bien qu’elle [Mme Foster] travaille là-dessus depuis longtemps. Des ministres sont aussi venus nous visiter et nous promettaient telle date ou telle année pour tel territoire. Ce n’est pas ça. Je leur ai toujours fait confiance en me disant «oui, ça va marcher!». Là, je ne dis plus rien tant qu’il n’y aura pas quelque chose dans le poteau».

Compliqué à cause du privé

De son côté, Odile Comeau, préfète de la MRC de Charlevoix-Est et mairesse de Saint-Irénée n’est pas surprise de la nouvelle. Elle constate que les entreprises de télécommunications font la vie dure aux promesses électorales de la CAQ.

«Oui, je suis déçue, mais je l’ai vu venir. On voit la situation et c’est sûr que c’est tellement une grosse business que nos gouvernements sont pris avec cela. C’est compliqué, mais pas technologiquement parlant. C’est complexe au niveau commercial. (…) Dérouler de la fibre optique, c’est coûteux, mais pas difficile. Le déploiement est déterminé par les stratégies commerciales des entreprises de télécom. Jusqu’à maintenant, les programmes de financement du fédéral et du provincial ne semblent pas efficaces. En tout cas, on n’en voit pratiquement pas les effets sur le terrain jusqu’à maintenant. (…) Leurs stratégies ne nous sont pas favorables», déplore-t-elle.

Aujourd’hui, on estime que ce sont environ 330 000 foyers de la province qui n’ont pas accès à la haute vitesse. C’est seulement 10 000 de moins que lorsque le gouvernement de François Legault est entré en poste il y a deux ans. Un foyer sur 10 n’est toujours pas couvert par l’Internet haute vitesse dans la province.

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