Maison Lapointe : la Ville de Clermont ne s’oppose plus à une démolition

Par Karine Dufour-Cauchon 4:32 PM - 4 août 2020
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«Sauvons-la», peut-on lire sur les affiches apposées sur la Maison Lapointe.

Alors que le ministère de la Culture ne classera pas la maison d’Alexis le Trotteur », et d’Alexis «Picoté», la Ville de Clermont ne s’oppose plus à la démolition de la structure, toujours debout depuis un incendie ravageur en mars.

À la demande d’intervenants en patrimoine, la ville de Clermont avait demandé un délai aux assureurs et aux propriétaires de la maison des légendes de l’histoire de colonisation du Québec. De quatre à six semaines ont été accordées à des promoteurs et des partenaires financiers pour arriver avec un projet concret pour justifier une préservation des ruines de la maison partiellement incendiée, située sur la rue des Vingt-et-Un. À la vue d’aucune manifestation de la sorte, le maire Jean-Pierre Gagnon soutient que l’organe municipal qu’il représente ne s’oppose plus à ce que la famille et les assureurs procèdent à la démolition.

«Le ministère s’est prononcé. On peut voir dans la réponse qu’il y a une faible valeur architecturale ou patrimoniale. C’était ce que la ville pensait aussi. Comme elle est partiellement incendiée, ça a changé la donne. On a dit à la famille Lapointe et aux assurances que le délai qu’on leur avait demandé était terminé. Ils décideront s’ils vont démolir la maison ou la garder. Il n’y a également aucun projet concret qui a été déposé à la Ville pour que l’on soit un commanditaire ou un partenaire. Le dossier est dans les mains de la famille Lapointe avec leurs assureurs», soutient M. Gagnon.

Si jamais les assurances exécutent la démolition, il mentionne que la ville est toujours partante à acquérir le terrain et poursuivre un projet de commémoration différent d’une conservation de bâtiment.

«Nous serions intéressés à commémorer ceux qui ont passé dans cette maison-là.  On le voit dans la réponse du ministère que ce sont les gens qui sont passés dans cette maison plutôt que la maison elle-même qui est d’intérêt historique. Alexis Tremblay (dit Picoté) et Alexis le Trotteur sont des personnages importants de notre histoire. Déjà, cette maison-là n’avait plus sa toiture d’origine, ses portes, fenêtres et revêtement extérieur d’époque. En plus, elle a été malheureusement partiellement incendiée et déclarée perte totale par les assureurs. Le projet, c’est de commémorer les gens importants qui ont transité dans cette maison-là et qui y ont habité et en offrant de l’information au visiteur du site», précise M. Gagnon.

Un parc commémoratif possible,  si le CIUSSS le veut bien

Si démolition il y a, la municipalité ne peut toutefois pas garantir qu’elle pourra mener à bien le projet de parc commémoratif. Une clause conclue lors de l’acquisition du terrain par la famille soutient que c’est le CIUSSS de la Capitale-Nationale par l’entremise du Foyer de Clermont qui a la priorité sur le terrain, dans l’éventualité où il deviendrait désert.

À cet effet, le maire de Clermont entretient l’espoir que le CIUSSS ne démontre pas d’intérêt pour acquérir le site.

«On espère qu’ils ne la prendront pas cette priorité-là et que l’on puisse acquérir le terrain pour faire quelque chose de significatif et intéressant pour commémorer nos personnages historiques», termine l’élu.

Le patrimoine à coeur

Le maire Gagnon tient à souligner en terminant que même si son administration n’est pas intéressée à maintenir la structure de la Maison Lapointe, elle  a «à cœur» son patrimoine bâti contrairement à ce que certains laissent entendre. M. Gagnon tient à réitérer que la position de la Ville de Clermont n’est pas « anti-patrimoniale » pour autant.

« À cause qu’on dit que la ville ne fera rien avec la structure de la maison on dirait qu’on veut nous «démoniser» comme si nous étions contre le patrimoine bâti. Moi je ferais remarquer que nous avons tout de même une aide destinée aux propriétaires de ce genre de maison, qui sont classées d’intérêt supérieur».

Rappelons que la ville n’a pas le pouvoir de demander la démolition. Dans ce dossier, la municipalité agissait davantage entre un intermédiaire avec le ministère et les propriétaires des lieux, la famille Lapointe.

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