Charlevoix, toilette à ciel ouvert?

Par Emelie Bernier 4:01 PM - 21 juillet 2020
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Depuis le début de l’été, les touristes sont nombreux à choisir Charlevoix et l’affluence augmente encore ces derniers jours, alors que les vacances de la construction battent leur plein. Une épineuse question demeure: alors que plusieurs commerces interdisent l’accès à leurs toilettes, « où est ce qu’on fait pipi? »

Sur les terres de la Famille Migneron, l’équipe se voit dans l’obligation de refuser l’accès aux toilettes.
« C’est difficile, c’est sûr, car on a un peu l’impression de brimer leur vie, mais ici, la salle de bain est pour notre équipe. Ce n’est pas possible d’avoir un préposé au nettoyage, dans un contexte de pénurie de main d’œuvre. Ce n’est pas rare qu’on voit des gens aller dans la forêt ou dans un coin de champ un peu isolé…», constate Madeleine Dufour.

Les stations d’essence et restaurants de type restauration rapide doivent aussi composer avec un afflux de gens qui demandent (ou pas) à utiliser les installations sanitaires. À la station service Esso P.H. Ménard, on tolère que les gens ne viennent que pour utiliser les toilettes, même si ce bon geste ajoute une tâche à l’équipe. « À tous les 2 ou 3 clients, on doit aller nettoyer la salle de bain. C’est du travail, mais en même temps, on souhaite rendre service aux touristes… », indique-t-on.

Éric Roussel, propriétaire des restaurants Mc Donalds de La Malbaie et Baie-Saint-Paul, n’a pas à faire face à ce problème, puisque seuls les clients peuvent accéder aux toilettes, un à la fois, dans le circuit imposé par les mesures sanitaires. « Dans les deux restaurants, on ne peut avoir que 6 personnes en ligne à l’intérieur et il ne reste que 14 places assises, hormis les tables a pique nique dehors. Quand des gens ne veulent qu’aller aux toilettes, ils ne peuvent pas doubler la file d’attente, ils doivent absolument faire la file de commande. Avec les règles de la COVID, ce serait strictement impossible à gérer. C’est le système de la marche, avec une entrée et une sortie », indique M. Roussel.

Mitchell Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix, croit que l’enjeu n’est plus autant d’actualité. «On en entendait énormément parler au début de la saison entre fin mai et mi-juin. Les toilettes, c’était vraiment le « sujet de l’heure », dans le sens où il y avait plein de monde dans la région, mais rien n’était ouvert. On assistait alors à toutes sortes de situation où les gens devaient arrêter sur le bord de la route par exemple », illustre le dg.

Depuis, les options se sont multipliées. Des haltes routières municipales sont ouvertes et les commerces et les restaurants offrent pour la plupart le service à leurs clients. « Nous avons ouvert notre réseau d’accueil et d’informations pour offrir ce service-là aux visiteurs. Nous avons deux bureaux à Baie-Saint-Paul, un à La Malbaie, un à Saint-Siméon également. C’est sûr que l’on espère que les municipalités collaborent à l’ouverture des toilettes publiques. Qu’on le veuille ou non, cela fait partie de l’accueil et des services de base qui doivent être offerts », soutient M. Dion.

Pipi à l’ordre du jour

Le maire de Baie-Saint-Paul Jean Fortin et le maire de La Malbaie Michel Couturier en conviennent, les endroits pour se soulager sont vraisemblablement insuffisants cet été sur le territoire.
À Baie-Saint-Paul, certaines options sont proposées aux visiteurs. «On a une entente avec le centre communautaire Pro Santé et les bureaux d’information touristique pour qu’il y ait un accès aux toilettes. Certains de nos édifices peuvent être ouverts, comme la bibliothèque. Au quai, on a clairement un probléme. C’est Katabatik qui entretient la seule toilette publique du secteur, et il y a très souvent de longues files… Tout ça n’est pas suffisant et à cause de la pandémie, le problème est pire », constate Jean Fortin que l’achalandage estival surprend. Cependant, pas question de mettre des rangées de toilettes chimiques, qui exigeraient notamment des préposés à l’entretien quasi en tout temps. « On en a parlé, mais il n’y a pas d’intervention prévue », lance le maire.

Des questions devront être posées sur les besoin du territoire en matière d’accessibilité à des facilités sanitaires durant la saison touristique, selon le maire de La Malbaie, Michel Couturier.

« Nous avons mis des toilettes aux jardins de Cap-à-l’Aigle, au Havre de Pointe-au-Pic. Au Parc du Pélican, nous n’en avons pas mis, car c’est plus un arrêt temporaire pour les visiteurs. Au parc du quai du Casgrain, on peut constater que l’achalandage est différent cette année. D’habitude, ce sont près de 25 personnes à la fois qui s’y arrêtent. Cet été, on peut souvent apercevoir près de 80 personnes visiter les lieux. Nous prenons le commentaire. C’est à considérer. Il y a beaucoup plus de monde cet été. Est-ce que c’est un été particulier que nous vivons où la tendance restera ? Les besoins sont différents en 2020. On verra comment ceux-ci évoluent. »

Tourisme Charlevoix répond à la question

Preuve s’il en faut que l’accès aux toilettes n’est pas une problématique anodine, la foire aux questions du site web de Tourisme Charlevoix compte un paragraphe sur l’accès à ce sujet.

« Les toilettes des centres commerciaux de Baie-Saint-Paul et La Malbaie sont accessibles, celles du Carrefour culturel Paul-Médéric de Baie-Saint-Paul et de la majorité des dépanneurs et stations-service de la région. Vous pouvez également vous rendre dans l’un des bureaux d’accueil et d’information touristique qui sont ouverts », peut-on y lire.

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