Tourisme Charlevoix courtisera les Charlevoisiens et l’intra-Québec

Par Emelie Bernier 9:47 AM - 5 mai 2020
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Alors que les portes de la région s’apprêtent à rouvrir, les intervenants touristiques sont attablés virtuellement pour réfléchir à la forme que prendra l’éventuelle relance de leur secteur.

Comment s’en sortira Charlevoix à court, moyen et long terme?  Comment positionner la région dans les intentions de vacances des  Charlevoisiens et des Québécois? Comment inspirer la confiance des visiteurs et les convaincre que Charlevoix est non seulement une destination fantastique, mais aussi sécuritaire?

Mitchell Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix, voit un «signal encourageant » dans la levée prochaine des barrages, mais il reste très prudent. « La réouverture de la région ne change rien à très court terme pour nous, car on ne fait pas partie des secteurs dont on a annoncé la remise en activité. Oui, on se demande quand est ce qu’on va pouvoir repartir, mais il y a un désir de l’industrie d’être respectueuse des consignes de santé publique, donc on ne mettra pas de pression indue pour commencer plus tôt que ce que la science et la santé nous recommandent de faire », indique le dg.

À moyen terme, il croit que Charlevoix pourrait avoir la cote lorsque reprendront les activités touristiques. «Le potentiel est là. C’est une région de grands espaces, avec des parcs, des sentiers de randonnée, la nature… Après avoir été confinés pendant aussi longtemps, je pense que les gens n’auront pas envie d’aller s’enfermer dans beaucoup d’attractions intérieures. Ils vont avoir envie d’être dehors! En ce sens, on peut tirer notre épingle du jeu, parce qu’on est la destination idéale pour décrocher en plein-air.»

Une région épargnée donc attractive

Le faible taux de contamination dans la région pourrait être un incitatif. «Il y a eu moins de 10 cas jusqu’à présent dans Charlevoix.  Ça frappe l’imaginaire! J’ai l’impression qu’on va prioriser des régions qui sont très peu affectées », avance-t-il.

Les entreprises devront par ailleurs investir dans la mise en place de mesures sanitaires « rassurantes ». «La capacité de nos entreprises à le faire va faire la différence. Quand on va ressortir de cette crise, on va être dans un monde bien différent de celui qu’on a laissé. On va devoir rassurer la clientèle », croit M. Dion.

Les membres de Tourisme Charlevoix discutent d’un plan de relance commun cette semaine . Confinement oblige, les interactions ont lieu sur une plateforme en ligne, mais ces interactions permettront d’établir une stratégie en concertation avec les membres de Tourisme Charlevoix.

Mitchell Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix.

Mitchell Dion estime qu’ils sont davantage en mode solution qu’en mode résignation, ce qui est motivant pour son équipe. «J’aurai une meilleure idée après la consultation,  mais je sens un optimisme, un besoin de rebondir. Le tourisme, c’est 20 à 30 %  des emplois dans Charlevoix. On n’a pas le choix de rebondir parce que c’est l’industrie la plus importante de la région», lance-t-il.

Rebondir, d’accord, mais quand? « C’est la grande question.  Est-ce que la réouverture sera dans 3 semaines, dans 2 mois?  Quelles seront les étapes de déconfinement de l’industrie touristique? On est réaliste, on sait que le gouvernement ne peut  pas travailler sur des dates parce que la situation change d’heure en heure, mais on nage dans l’incertitude », avance-t-il.

Retour à la normale… d’ici deux ans

Les grands joueurs de l’industrie ne se font pas d’idée, le retour à la normale n’est pas prévu avant un minimum d’un an, peut-être même deux, confie Mitchell Dion, dg de Tourisme Charlevoix. « Je pense que ça va prendre du temps avant qu’on aille le vent dans les voiles comme on l’avait auparavant. C’était une industrie en pleine croissance, mais le frein a été brutal », résume-t-il.

Le plan de relance sera donc déployé en plusieurs phases. «À très court terme, c’est le moment d’être bienveillant, d’inciter les gens à faire des recettes avec les produits d’ici, à se remémorer leurs coups de cœur dans la région… On ne peut pas dire aux gens de venir, mais on peut continuer à les faire rêver. À la reprise,  on va vouloir d’abord convaincre les gens de Charlevoix de visiter leur propre région, ce qu’on n’a jamais fait, puis aller faire les marchés de proximité : la Côte-Nord, le Saguenay… », illustre Mitchell Dion. L’intra-Québec, l’Ontario, le nord-est des États-Unis seront progressivement courtisés.  « Les vols longs courriers, on parle de 12 à 18 mois avant qu’il y ait un retour à la normale, alors les marchés extérieurs ne seront pas la priorité ».

Repenser le voyage

La COVID-19 aura des impacts durables sur le tourisme et il faudra s’y adapter, selon Mitchell Dion. « La crise nous amène à repenser nos façons de voyager, de voir le monde », croit-il.

Bien avant la pandémie, Tourisme Charlevoix souhaitait déjà donner une orientation « tourisme durable » à son association.  «On pense que tout ça vient concrétiser ce qu’on avait entamé. Ça redouble la pertinence d’afficher une image plus attentive à un tourisme moins de masse, plus éco-responsable », conclut-il.

“Une opportunité à saisir”

La ministre du Tourisme du gouvernement québécois, Caroline Proulx, a promis un « été touristique au Québec ». La vice-première ministre Geneviève Guilbault a évoqué une « opportunité touristique potentielle formidable » à saisir.  Tous s’entendent pour dire que la levée des barrages prévue le 18 mai pour Charlevoix est un pas dans la bonne direction, mais pour l’instant, comme l’a rappelé Mme Guilbault lors du point de presse du 29 mais, «tout ce qui est non essentiel-hébergement locatif, voyager dans le Québec- n’est pas possible».

Le moment venu, les Québécois seront encouragés à visiter leur province. La mise en place d’un crédit d’impôt pour les voyageurs qui choisiraient cette voie a même été évoquée par la ministre Proulx.

Horacio Arruda, directeur de la Santé publique, a évoqué  pour sa part « une façon différente de faire du camping en étant pas plusieurs familles autour du même feu». Ce dernier invite à la prudence.  «Ce (la réouverture) n’est pas une invitation à aller voyager.  C’est une chose qui va être évaluée au jour le jour », a commenté M. Arruda, évoquant la possibilité de remettre des barrages advenant un afflux de gens des zones chaudes vers les zones froides.

« On a hâte que les Québécois puissent retrouver une vie normale, mais on en a pour des mois à avoir une vie qui ne sera pas normale telle qu’on se l’a conçue avant la pandémie », a résumé Geneviève Guilbault.

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