Opinion: Le phare Lafortune s’éteint

Par Émélie Bernier 4:00 PM - 22 avril 2020
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Claude Lafortune en 2016, alors qu’il était président d’honneur d’une exposition de la Corporation des métiers d’art de Charlevoix à la Papeterie Saint-Gilles.

CLAUDE LAFORTUNE

1936-2020

 Il y a des gens qui sont des phares pour ceux qui les entourent. Et souvent, bien malgré eux, tout naturellement, par leur façon d’être, dans leurs rapports aux autres, etc. Claude Lafortune était de ceux-là.

Le public connaît surtout Claude pour son «Évangile en papier». Le plus curieux est que cette émission n’a existé que pendant un an. Mais cette réputation l’a suivi tout au long de sa vie. Certains croient qu’il était prêtre alors qu’il a eu une vie familiale bien remplie avec sa femme, elle-même artiste et ses trois enfants.

La relation que j’ai eue avec mon grand cousin de 20 ans mon aîné est toute autre. J’ai vu des titres d’articles sur lui le présentant comme un animateur. Il était animateur certes, mais surtout un grand artiste, un être profondément bon, généreux, à l’écoute des autres. Cela se reflète particulièrement dans son émission «Parcelles de soleil» où il laissait toute la place à des enfants qui vivaient avec une différence. Il nous a appris à les aimer non pas malgré leur différence mais dans leur différence.

Je ne ferai pas la liste exhaustive de tout ce qu’il a accompli, décors d’émissions pour enfants, décors du film culte «Ixe 13» de Jacques Godbout avec les Cyniques. La liste est trop longue.

Il avait un attachement particulier à Charlevoix. À la demande de Cyrille Simard, il a fabriqué un St-Gilles en papier pour l’ouverture du premier économusée au Québec. Plus récemment, il a été le président d’honneur à la Papeterie d’une exposition consacrée au papier présentée par la Corporation des métiers d’art en Charlevoix. À cette occasion d’ailleurs il s’est procuré du papier St-Gilles pour entamer une nouvelle série d’œuvres en créant un grand héron avec ce fameux papier. Un œuvre superbe.

Sur un plan plus personnel, il faut avouer que lorsque j’étais tout jeune j’étais très impressionné par ce cousin qui avait fait les Beaux-Arts, qui était allé étudier à Paris et au Japon, qu’on voyait à la télé, etc. Mais, surtout je dirais qu’il rayonnait par son unique présence. Il était une véritable source d’inspiration. Peut-être qu’inconsciemment ma création artistique en a été teintée? Qui sait? En tous cas, il me manque déjà.

 

 

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