La COVID-19 et l’agroalimentaire: Stage intensif en gestion de crise à la Laiterie Charlevoix
La boutique des Galeries gourmandes aux Galeries de la Capitale a été fermée, comme tous les commerces du centre commercial.
La pandémie de COVID-19 a fait ralentir la cadence pour plusieurs entreprises agroalimentaires charlevoisiennes, mais dans certains cas, c’est plutôt le contraire qui se produit. Essentiels en temps de crise, les artisans de l’agroalimentaire ne sont pas tous égaux devant la COVID-19, mais ils sont tous également résilients, créatifs et déterminés à passer à travers la crise sans perdre trop de plumes.
Bruno Labbé, directeur général de la Laiterie Charlevoix, a vu neiger, mais cette crise met à l’épreuve ses capacités de gestion. « On est en mode réaction! De semaine en semaine, il faut évaluer comment les consommateurs vont réagir et travailler avec de l’inconnu. Est-ce que les restrictions seront de plus en plus sévères, est-ce que les gens seront plus en plus craintifs de sortir faire leurs courses? Beaucoup de facteurs affectent le fonctionnement de l’entreprise chaque semaine et amène une réévaluation. Si ça se détériore, que va-t-on faire? », questionne-t-il.
La production à l’usine a été réduite au minimum et la fabrication de certains fromages est passée momentanément à la trappe.
«On a coupé de plus de la moitié le volume de transformation par rapport à avant la crise. Nos commandes de lait ont suivi la même courbe. On opère au minimum. Tout ce qui sortait vers la restauration, l’hôtellerie, ça n’a plus de débouché. On fait de petits volumes des fromages à pâte molle qui ont une durée de vie assez courte, comme on ne sait pas quand la crise sera terminée», renchérit le dg.
La production de Fleurmier, par exemple, a diminué de 75%. « On stabilise les inventaires et on ne produit pas trop de fromage à risque de perte. Tant au niveau de la gestion des équipes, des volumes que des inventaires, il faut réinventer nos méthodes. C’est un exercice complexe », avance le gestionnaire.
Des mises à pied ont été inévitables. « Dans les boutiques, par exemple, on a réduit le personnel de plancher au minimum. La boutique des Galeries de la Capitale a carrément fermé. On tente de maintenir le lien d’emploi avec le plus de membres du personnel possible en réduisant les heures. A notre entrepôt de Montréal, on a mis à pied les trois quarts de l’équipe… », illustre M. Labbé, un brin de découragement dans la voix.
Les programmes d’aide gouvernementale sont analysés régulièrement. «Chaque semaine, un programme sort et on regarde qu’est-ce qui est le plus avantageux, tant pour le bon fonctionnement de la compagnie que pour nos employés. Il faut prendre la bonne décision pour chaque travailleur et c’est une analyse cas par cas. »
La Laiterie Charlevoix distribue au Québec et au Canada non seulement ses propres fromages, mais aussi ceux d’une vingtaine de fromageries artisanales. Les temps sont durs pour tous les producteurs et les boutiques de l’entreprise offrent des rabais importants sur les produits afin de soutenir les artisans-fromagers. «Les gens peuvent faire leur commande sur place ou au téléphone, on a mis des mesures pour que ce soit sécuritaire », précise M. Labbé. La rentabilité n’est plus au rendez-vous.
« Ça ne pourra pas durer 3,4 ou 6 mois… On espère que ça reprenne le plus tôt possible, mais tout ça met définitivement à l’épreuve nos capacités de gestion», conclut-il.