Le cœur de Samuel Larouche bat encore

Par Émélie Bernier 4:00 PM - 9 mars 2020
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Anne Sophie, Simon et Stéphanie. Et le coeur toujours battant de Samuel.

 

Le 25 mai dernier, Simon Tétreault fêtait son 24e anniversaire en recevant le cadeau le plus précieux qui soit : la vie. Il ne le savait pas encore, mais dès le lendemain battrait dans sa poitrine le cœur de Samuel Larouche, ce jeune Charlevoisien décédé après avoir été frappé par une voiture alors qu’il roulait à bicyclette dans son village de Saint-Urbain.

Il y a quelques jours,  Anne-Sophie a rencontré le porteur du cœur de son fils. L’émotion était palpable, relate la maman éplorée qui a pu trouver dans cette rencontre une petite part de réconfort.

«Ça été une très belle rencontre. Au-delà de mes espérances. Simon est gentil, sa famille est gentille. Ce sont des gens comme nous, et ils sont extrêmement reconnaissants de ce que Samuel a fait pour eux», relate Anne-Sophie Dubois.

Si elle a pu mettre un visage sur le cœur battant de son fils, c’est un peu grâce au hasard. «Le don d’organes est anonyme, mais les gens ont le loisir d’écrire une lettre, non signée, aux proches de la personne décédée qui a fait le don. J’ai reçu ses lettres et de fil en aiguille, des informations m’ont mené à Simon et sa famille », explique-t-elle.

De leur côté aussi, les Tétreault avaient la puce à l’oreille. Les dates de l’accident et de la transplantation concordaient. Et eux aussi souhaitaient rencontrer la famille de celui qui avait sauvé la vie d’un des leurs.

« Quand l’accident est  sorti dans les médias en mai dernier, ils étaient à l’hôpital, dans l’attente d’une greffe. Ils s’étaient dit « ça se pourrait que ce soit eux », et la maman s’est mise à me suivre sur Facebook.  À un moment donné, j’ai publié des extraits des lettres qu’ils m’avaient écrites et elle les a reconnues. Elle a continué à me suivre, hésitant à entrer en contact », résume Anne-Sophie.

En janvier, Simon a écrit a sa fille,  Stéphanie, sans donne de détails, mais Stéphanie n’a pas donné suite au courriel, car elle ignorait qui était ce jeune homme.

« Il n’a pas insisté, il ne m’a pas écrit à moi. Je pense qu’il ne savait pas comment je réagirais », ajoute Anne-Sophie.

Dans la lettre, Simon donnait des détails comme le nom de sa maladie, le jour de la transplantation… Un reportage a la télé a permis d’assembler les pièces du casse-tête. « Ma cousine a vu l’entrevue, elle a reconnu le nom de la maladie. J’ai compris que c’était lui alors que je me trouvais au même endroit où j’ai appris que Sam s,était fait frappé. J’ai trouvé son nom sur Facebook, je lui ai écrit. « C’est moi la maman du cœur que tu as reçu ». », raconte-t-elle, à la fois émue et apaisée. Le reste s’est fait dans la simplicité, comme si cette improbable rencontre allait de soi. Anne-Sophie et Stéphanie ont visité Simon et sa mère Hélène durant 3 heures samedi dernier.

« J’ai pu mettre un visage sur la vie que mon fils a sauvée. Avant, ce n’était pas tangible, mais là, de savoir c’est qui, c’est précieux.  Je pense que le cœur de mon fils n’aurait pas pu avoir meilleur hôte, il est à la bonne place. On partage les mêmes valeurs », confie Anne-Sophie Dubois.

Les liens entre les deux clans sont là pour rester. «Simon travaille chez Larouche Marketing communications et il y a plein de petits liens étranges comme ça. C’est presque comme si Samuel avait choisi à qui il donnait son cœur », avance Anne-Sophie.

De son côté, Simon Tétreault espérait rencontrer la famille de son donneur. Il n’a que des bons mots à l’égard de ses nouveaux amis. Le jeune homme, atteint de dysplasie arythmogene du ventricule droit, sait désormais à qui il doit sa seconde chance. « De rencontrer Anne-Sophie et Stéphanie, de voir une famille aussi grande forte et unie et qui  se porte de mieux en mieux, ça m’a apporté un gros soulagement. Ça me ravit de voir qu’ils étaient ouverts à me rencontrer et ça me donne le feu vert de pouvoir leur apporter tout le soutien dont ils auraient besoin de ma part. C’est la moindre des choses,  je leur dois bien ça… », dit le jeune homme qui a trouvé un seconde famille. Celle du cœur.

Il aurait bien aimé rencontrer Samuel de son vivant… «J’aimerais ça, passer une journée avec lui, comme avec un chum de gars, voir de quoi il avait l’air», dit celui qui lui doit son coeur.

La symbolique du cœur est très forte. « Je suis tellement contente, je sens qu’il est près de moi. C’était mon souhait de rencontrer le receveur du cœur de mon fils et ça été exaucé rapidement. C’est le miracle de la vie… ON met l’emphase là-dessus et là, on veut ensemble faire la promotion du don d’organes, de l’importance de signer sa carte. ON s’est retrouvé.  Pour moi, cette rencontre-là rajoute quelque chose de positif au bout de tous les malheurs que notre famille a pu vivre. C’est encore un travail de tous les jours de passer à travers, mais ça amène un peu d’apaisement. Une étoile est née.»

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