Gouvernance scolaire : l’autonomie de Charlevoix inquiète

Par Karine Dufour-Cauchon 3:30 PM - 19 février 2020
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L’école Laure-Gaudreault de Clermont.

Avec la nouvelle réforme de la gouvernance scolaire du gouvernement de François Legault, aucune garantie n’est obtenue que Charlevoix aura son propre « centre de services » pour remplacer sa commission scolaire.

La loi 40 récemment adoptée sous bâillon à l’Assemblée nationale laisse plusieurs acteurs « dans l’inconnu » sur l’avenir de la gouvernance scolaire au Québec. Dans Charlevoix, la menace de perte d’autonomie plane, alors que rien ne garantit le maintien de l’intégrité du territoire qui était jusqu’à tout récemment sous la gouverne du conseil des commissaires.

Ce n’est pas sans inquiéter le préfet de la MRC de Charlevoix-Est et maire de Saint-Siméon, Sylvain Tremblay, qui à une époque, avait déjà eu à défendre les intérêts de sa région contre une fusion avec la Commission scolaire des Premières Seigneuries (Beauport-Côte-de-Beaupré).

« On a décrit en long et en large la problématique d’une éventuelle fusion en commission parlementaire, il y a trois ans. On sent que c’est dans la «phase deux » de l’abolition, se retrouver regroupé avec la Capitale Nationale », entame le préfet.

Il redoute cette éventualité, qui rendrait difficile la communication avec les parents et l’organisation, selon lui.

« C’est une folie encore une fois. Ça soulève un problème : si un parent a un problème avec le centre de services, il sera référé à qui ? La direction d’école, et ensuite la Capitale-Nationale ? Quand il y aura une tempête de neige ici, et que ça ne passera plus dans la côte des Mange-Lard, pensez-vous qu’il y a quelqu’un dans la tour d’ivoire à Québec qui va connaître nos conditions ici dans Charlevoix ? Pensent-ils que ça va marcher ? », dit-il.

« On a décrit en long et en large la problématique d’une éventuelle fusion en commission parlementaire, il y a trois ans. On sent que c’est dans la «phase deux » de l’abolition, se retrouver regroupé avec la Capitale Nationale. » – Sylvain Tremblay

Le maire et préfet craint que ce manque de proximité avec les décideurs ne mette un poids de plus dans la cour du municipal. « Comme avec la fusion des services de santé », les citoyens qui ne se sentiront pas entendus partageront leurs doléances auprès de leurs élus locaux. « Ça va finir que ça va être le municipal qui va recevoir les parents qui vont se plaindre qu’ils n’ont pas d’écoute », déplore-t-il.

« Ça m’étonnerait que de tels changements se fassent tout de suite. Le gouvernement a une grosse pilule à faire avaler avec cette nouvelle loi. De plus, les élèves doivent rentrer à l’école en septembre, ça non plus, ce n’est pas arrangé encore. Ils doivent commencer par là. Même si ça n’arrivera pas tout de suite, c’est sûr que c’est à prévoir. C’est dangereux. On nous a toutefois promis que l’on maintiendrait l’autonomie de Charlevoix. J’ai bien hâte de voir cela », conclut l’élu municipal.

Une clause municipale qui dérange

Les municipalités sont montées aux barricades dans les derniers jours, alors qu’elles apprenaient qu’elles devraient maintenant céder des terrains pour la construction de nouvelles écoles, et ce, sans compensation financière. L’expropriation de propriété pourra être utilisée pour laisser place à de nouveaux centres éducatifs.

Le maire de Saint-Siméon et préfet de la MRC de CharlevoixEst Sylvain Tremblay croit qu’il s’agit d’une mesure qui ne s’inspire pas de la réalité de l’ensemble du Québec.

« C’est un exemple d’une vision urbaine, qui ne s’applique pas du tout aux régions. Ces problématiques entourant la construction de nouvelles écoles sont surtout à Brossard, Laval, les alentours de Montréal, des villes qui se gardent des terrains pour des promoteurs. Ça donne l’impression que c’est comme cela partout au Québec. Nous, on tente de sauver nos écoles, c’est une autre réalité », a-t-il commenté.

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