Chronique : L’art de semer des tuques

Par Brigitte Lavoie 11:45 AM - 19 février 2020
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Le triathlon des jeunes a attiré 523 élèves en 2020.

C’est très impressionnant de voir le déploiement de la Virée nordique. Autant pour la participation des élèves du primaire que pour celle des adultes. Même le froid, l’humidité et un petit vent de travers n’arrivent pas à ébranler cet événement populaire hivernal qui, avouons-le, sait s’y prendre pour semer des tuques et encourager le multicouche !

J’étais parent bénévole pour le Triathlon nordique des jeunes, jeudi dernier, à Clermont. Quelle belle journée encore une fois ! J’ai toujours quelques sueurs froides quand il faut compter les 10 tours des participants en patin. Sur le bord de la patinoire, la petite équipe de bénévoles-compteurs a l’enthousiasme qui s’enflamme devant les performances des mini-Gallagher, et le cœur qui fond devant la persévérance courageuse des petits patineurs du dimanche aux patins renversés pour qui chaque tour est une victoire.

Dehors, une horde d’enfants s’élançaient à travers champ, chaussés de raquettes ou de skis de fond. Dans cette course en équipe, chacun a son instant d’effort à donner, seul. Sur les parcours extérieurs où les cris des camarades s’estompent, chaque enfant voit disparaître l’excitation du départ au profit de l’essoufflement qui ralentit la cadence. À l’autre bout du champ, il affronte ses limites, gère son découragement, se laisse dépasser, persévère, trouve sa cadence, dépasse un ami ou pas, franchit le fil d’arrivée et célèbre avec ses coéquipiers autour d’un bon chocolat chaud.

Jeudi dernier, un record de 523 enfants provenant de 14 écoles primaires se sont époumonés pour la Virée nordique de Charlevoix. En plus des écoles de Charlevoix, Tadoussac et Les Bergeronnes avaient aussi leurs représentants. Pour le primaire, le Triathlon des jeunes est un succès. Un succès qui repose sur la volonté de la Virée nordique d’offrir un événement sportif hivernal rassembleur aux enfants, et sur la mobilisation des enseignants d’éducation physique envers l’événement.

Il y a quelques années, les jeunes skieurs de fond étaient rares au triathlon des enfants alors qu’il y avait une tonne de patineurs et de raquetteurs. Aujourd’hui, les skieurs de fond représentent le tiers des jeunes participants. Que s’est-il passé ? En quelques années, à coup de sensibilisation et de mobilisation, la Virée et ses ambassadeurs en espadrille ont semé des tuques. Des achats de lots d’équipements dans des écoles et quelques collaborations prometteuses avec des bénévoles en ski-doo et des municipalités ont permis de mettre des élèves sur des skis. Et de vraiment donner du vent dans les voiles aux trois sports inscrits au Triathlon des jeunes.

Ce sont 1 500 participants qui ont participé aux autres activités de la Virée nordique pendant la fin de semaine. C’est du monde ça! Dans une petite région comme la nôtre, c’est aussi célébrer la fierté de notre bel hiver local.Cet événement, qui a commencé tout petit, a atteint une belle « maturité» comme le dit s’y bien sa cofondatrice Danielle Ouellet. On sent que l’organisation est solide, qu’elle est bien entourée, que les gens qui s’y impliquent sont heureux d’y être engagés. Un grand merci d’ailleurs aux bénévoles. Ce genre d’événement extérieur, avec ravito et tout le tralala n’est rien sans ces gens qui s’habillent pour soutenir les participants avec le sourire.

J’aime aussi le regard critique que pose la Virée nordique  sur son organisation. On n’atteint pas une telle réussite sans s’être posé des questions et avoir écouté les commentaires. La déception cette année, qui perdure depuis quelques éditions, est la faible participation des adolescents. Ah, les ados ! J’en ai deux à la maison qui ont pris leur retraite de la Virée nordique malgré de belles expériences passées. Pourquoi il n’y a pas plus d’ados qui font la Virée nordique ? «Bof… On est paresseux », m’a lancé mon aîné.

Je trouve très courageux la volonté de l’organisation de se pencher là-dessus. Mme Ouellet a quelques pistes de réflexion, dont une version plus participative que compétitive pour eux. Il faudra aussi sans doute trouver une façon d’obtenir davantage d’adhésion de nos écoles secondaires envers l’événement. Il y a, ici encore, quelques tuques à semer pour que ça pousse encore un peu.

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