Chronique: Aimer Grand-Fonds 2

Par Brigitte Lavoie 3:57 PM - 28 janvier 2020
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Ma chronique de la semaine dernière a fait un peu de lames de neige. Je ne prétends pas que c’était comme ouvrir la boîte de Pandore, mais bon, disons que ça a ouvert la porte à l’envie de colporter de petites frustrations et demi-vérités non fondées sur notre station de ski malbéenne. Et il y a aussi ceux que ça a choqués et déçus, qui y ont vu un désaveu envers l’engagement et le travail des employés de Grand-Fonds. Profitons donc de cette plateforme pour remettre quelques pendules à l’heure.

Vendredi matin, je suis allée rejoindre Michel Couturier au Mont Grand-Fonds. Il m’avait tendu une perche suite à ma chronique de la semaine dernière. « Je ne veux pas que tu écrives autre chose. Je veux juste que tu saches ce qui se passe », m’a-t-il averti d’entrée de jeu. La table était mise et sans obligation. Mais parce que cette visite guidée serait utile à d’autres usagers, je la partage avec vous avec l’accord de M. Couturier.

La petite maussaderie ambiante, que certains ressentent et d’autres non, Michel Couturier l’entendait depuis un certain temps. Le maire de La Malbaie, qui est aussi président de la Corporation du Mont Grand-Fonds, a des yeux et des oreilles. Sous son air jovial, la médisance l’use comme une vague qui vient toujours déferler sur la même roche. Vendredi matin, il avouait être agacé. Mais bon, il a vu neiger et sait le travail qui se fait, alors il se dit que l’avenir fera foi de tout et que les sceptiques seront confondus.

Vendredi, nous avons fait une saucette au garage voir le (gros) registre d’entretien de la remontée mécanique. La rumeur apparue sur les réseaux sociaux voulant que la « quadruple » ne finisse pas l’hiver est évidemment non fondée. « La remontée est entretenue régulièrement. Elle est sécuritaire et respecte les normes de l’industrie. Si elle brise, on la répare », explique Michel Couturier en feuilletant l’énorme bible d’entretien où chaque intervention est notée. « Quand il y a eu une panne il y a quelques semaines, c’est parce que le transformateur d’Hydro-Québec a flanché. Hydro est venue réparer sa panne et la remontée mécanique a redémarré. »

Mais les gestionnaires du Mont Grand-Fonds sont réalistes : « La remontée mécanique a 40 ans. Elle a encore quelques bonnes années à nous donner, mais il faut la changer. On est rendu là. On dépose d’ailleurs en février une demande de subvention pour un projet de plusieurs millions de dollars », explique M. Couturier. « Le Mont Grand-Fonds est un moteur économique et non, la montagne n’est pas morte. Elle est importante et elle a de l’avenir, on y croit et on y travaille » ajoute-t-il, irrité que des gens osent prétendre le contraire et donnant à témoin la nouvelle dameuse de 450 000 $ livrée cet hiver « Et non, la station ne fermera pas les lundis et mardis. Ça aussi, c’est une fausse rumeur », ajoute-t-il.

Dans le garage, Gérard avait les deux mains dans le cambouis de la surfaceuse de ski de fond. Entretien de routine. « Nous avons vraiment une belle équipe à la station. Les gens travaillent fort et bien. Je trouve ça plate pour eux quand j’entends toutes sortes de rumeurs non fondées », confie Michel Couturier. « Mais je sais qu’il y a eu beaucoup de changements dans les dernières années et que les gens ne comprennent pas tout ce qui est fait. »

«Nous aimons la montagne nous aussi»

Pour M. Couturier, il s’agit d’un retour à la présidence de la station, lui qui avait occupé ce poste il y a quelques années. S’il y est revenu, c’est que la Ville de La Malbaie a tout intérêt à ce que cette infrastructure, qui lui appartient, continue de bien jouer son rôle sur la scène économique locale.

Les autres administrateurs de la Corporation sont Mitchell Dion de Tourisme Charlevoix, Mathieu Harvey de la Chambre de commerce de Charlevoix, ainsi que Gaston Lavoie et Sébastien Tremblay, qui représentent la Ville. C’est d’ailleurs M. Tremblay, directeur des loisirs à la Ville de La Malbaie, qui vient de reprendre la direction par intérim de la station. «Nous sommes tous des skieurs», tient à préciser M. Couturier. «Nous aimons la montagne, nous aussi. » Ok, c’est noté. Et les commentaires et suggestions peuvent être soumis sans crainte au Service à la clientèle et aux administrateurs.

Vendredi matin, on s’est aussi baladé dans Grand-Fonds Nord. Christophe Dandurand nous a fait visiter quelques-uns de ses chalets cartes postales. L’idée de cette petite visite était de démontrer qu’il y a du développement à Grand-Fonds. La quinzaine de chalets de M. Dandurand sont luxueux et rustiques, blottis en forêt. Ils sont exceptionnels et très différents des centaines d’unités d’habitation de signatures modernes construites au Massif, par exemple. Les chalets du secteur de Grand-Fonds se louent en hiver, mais aussi en été, ce qui est un peu une surprise pour ses promoteurs. Ces chalets appartiennent en majorité à des investisseurs de l’extérieur et sont offerts en location le reste de l’année. Michel Couturier apprécie ce développement sobre et contrôlé. Il réfléchit sérieusement à ce qui pourrait être fait pour une offre d’hébergement tout aussi respectueuse du décor en ski in – ski out sur le réseau de ski de fond. « On a des projets », assure-t-il. Un nouveau parc à neige au goût du jour est d’ailleurs en mode préparation ces jours-ci.

En terminant, je ne peux que constater que si la nature n’aime pas le vide, le potinage non plus. Ne pas savoir ce qui se passe ou pourquoi ça se passe, c’est comme un bar open dans une soirée de mariage : le risque est grand que la soirée dégénère. Surtout en 2020 quand les réseaux se mettent de la partie. La Ville de La Malbaie et le Mont Grand-Fonds apprennent sans doute un peu à la dure l’importance d’être proactifs et transparents dans leur communication. Et aussi à répondre par la bouche de leurs canons quand les conversations dérapent sur le web.

Enfin, dans un monde idéal, le citoyen qui revendique le droit de donner son opinion et de critiquer a
aussi le devoir de mettre l’épaule à la roue (ici, je parle pour moi qui s’en donne à cœur joie sur cette tribune et pour certains d’entre vous qui ont la langue bien pendue sur les réseaux sociaux). Particulièrement dans un petit milieu comme le nôtre qui a besoin de s’encourager plus que de se détruire.

Est-ce qu’on est capables de s’adapter aux changements, de choisir les bonnes informations, de faire des commentaires constructifs et de donner un coup de main plutôt que de frapper à coup de hache dans le fond du bateau? C’est évident que oui. Il faut seulement s’en donner la peine et se gérer le clavier.

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