Retour vers le futur

Par Émélie Bernier 3:30 PM - 21 janvier 2020
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2020. 20-20.

Les nouvelles années 20.

On en a fait des tonnes et au moins autant de bilans ! Les changements de dizaine nous importent, on dirait. Ces ponctuels « ans zéro » prennent des airs de rites de passage solennels, à preuve les anniversaires de 20, 40 ou 50 ans qu’on souligne à grand bruit. Que nous réserve la prochaine décennie ? Espérons d’emblée que ce mois de janvier ne fasse ni l’année ni la décennie…

Au sommet de la pyramide des tragédies en cours, l’Australie enflammée. Le pays des kangourous et des koalas crame de toutes parts. Les kangourous et les koalas n’y échappent pas. En perdant mon temps sur les réseaux sociaux, je n’ai pu m’empêcher de constater comme il est étrange, parfois, que le sort de mignons mammifères émeuve davantage que le destin des êtres humains… On ne s’obstinera pas sur l’indice de « cuteness » d’un kangourou aux grands yeux tristes qui donne un câlin au gentil samaritain l’ayant extirpé des flammes, mais est-ce plus « cute » qu’un enfant syrien s’accrochant à celui qui vient de le sauver des eaux ? Prière de ne pas oublier qu’entre l’un et l’autre, il y a une énorme différence et j’ai nommé : l’humanité.

(Ceci dit, j’adore les animaux et ça me fait bien de la peine, ce cruel BBQ géant à ciel ouvert et l’abattage de dromadaires…)

Sur un ton plus léger, saviez-vous qu’entre la fin du 18e et celle du 19e siècle, l’Angleterre avait fait de sa colonie australe une prison à ciel ouvert, y catapultant près de 160 000 gredins de tous acabits ayant sévi sur ses royales terres d’Europe ?  Leurs peines purgées entre les hauts murs de prisons bien gardées, les bagnards furent adoubés honnêtes citoyens de l’île qui ne sera plus que l’ombre cendrée d’elle-même quand s’éteindront enfin les derniers brasiers…

(Ceci était une anecdote historique. J’aime bien les anecdotes.)

Au Moyen Orient, rien ne va plus, mais se rappelle-t-on d’une époque où ça a bien été ? Ce qu’on connaît de cette région rime avec guerres du Golfe (on en a déjà vécues plutôt deux qu’une !), désordre politique, villes dévastées, réfugiés, migrations, terrorisme, Groupe armée islamique…

Mais depuis le début de l’année, les États-Unis et l’Iran jouent au dangereux jeu de « qui pissera le plus loin » ou « qui éclatera la tronche de l’autre en premier ». Si on pensait que l’Iran était le plus civilisé des belligérants, un « accidentel » et mortel missile (deux aux dernières nouvelles) garroché sur un avion civil a brusquement fait déraper cette impression. 82 Iraniens, 63 Canadiens, 11 Ukrainiens, 10 Suédois, 4 Afghans, 3 Allemands et 3 Britannique sont décédés, dont une vingtaine d’enfants. L’Iran s’est excusé de sa « gaffe ». Mais encore ?

Pendant tout ce temps,  Donald Trump travaille fort sur sa réélection et on sait que la guerre peut être très payante dans ce contexte. Celui qui se considère comme « le Roi d’Israël » et « l’Élu », rien de moins, en connaît plus que tout le monde sur à peu près tous les sujets possibles et imaginables (suivre ce lien si vous en doutez : https://bit.ly/36WbLyV) pourrait fort bien être réélu pour un autre 4 ans… Même la tentative de destitution appuyée sur de solides et consternants impairs inacceptables en politique contemporaine n’aura pas terni son déconcertant magnétisme sur les masses… Ces mêmes masses qui s’entêtent à voir en lui un « self made man » alors qu’il est né la cuillère d’argent au bec…

Et durant tout ce temps,  « business as usual », des maris malheureux abattent leurs femmes et leurs enfants, des marées de réfugiés morts ou vifs s’échouent sur les rives de l’utopie, le pergélisol se transforme en jello et les icebergs rétrécissent comme peau de chagrin, on fait des choix un peu cons en matière de consommation, on se dit que demain, on fera attention… Puis on enrage chaque jour un peu plus de ne pas apprendre de nos erreurs.

Début d’année et de décennie oblige, on se pare d’illusions en forme de résolutions qui céderont aussi vite qu’on les a érigées.

Il y a toutes ces choses qu’on ne contrôle pas comme la situation au Moyen-Orient et les feux de forêts en Australie, mais il y a juste là devant nous celles sur lesquelles nous pouvons influer. Nos habitudes, notre attitude, nos comportements, notre engagement. Que vos années 2020 vous permettent d’aller plus loin et d’aller mieux.

 

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