Les enseignants ne veulent pas de la Loi 40

Par Karine Dufour-Cauchon 11:05 AM - 3 décembre 2019
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Monique Brassard, présidente du Syndicat de l’enseignement de Charlevoix, soutient que les 300 enseignants qu’elle représente seront affectés dans leur autonomie professionnelle avec le projet de réforme de gouvernance scolaire

Le projet de loi 40 visant la réforme de la gouvernance scolaire est loin de faire l’unanimité chez les enseignants. Plus qu’une abolition de postes de commissaires, les changements qui surviendront dans les écoles du Québec se traduiront pour eux en une réelle insulte à leur profession.

Le Syndicat des enseignants de Charlevoix (SEC-CSQ) constate que la réforme que propose leur « grand patron », le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Jean-François Roberge, est un coup dur à leur autonomie professionnelle. Monique Brassard, présidente du regroupement syndical, explique en quoi la réforme dépasse la simple abolition des commissions scolaires.

D’abord, la future réforme du système scolaire « légalisera la manipulation de notes. Dans la loi de l’instruction publique, on stipule pour l’instant que la seule personne ayant un contrôle sur l’évaluation de l’étudiant, c’est l’enseignant. Avec cette nouvelle loi, la direction d’une école n’aura plus besoin de demander l’avis à l’enseignant pour savoir si un élève coule ou non. C’est carrément nous dire que nous ne sommes pas compétents », expose Mme Brassard en premier lieu.

Tel que l’entend M. Roberge, les enseignants devront également se soumettre à des formations continues obligatoires.

« Pour nous, c’est un non catégorique, commente Monique Brassard. On est des professionnels et on se forme continuellement déjà, avec des formations déjà offertes. Des enseignants en français auraient alors à suivre des formations obligatoires de rappel de la grammaire, par exemple. Même si tu n’en as pas besoin, la loi telle que présentement rédigée oblige à suivre des instructions de contenus, de temps, et de fréquence. Ça affecte encore une fois notre autonomie professionnelle ».

Ensuite, Mme Brassard et le syndicat qu’elle représente déplorent la création d’un « comité d’engagement » qui pourra « faire pression pour uniformiser des pratiques ».

Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, à la rencontre des enseignants de la région en septembre dernier. (Crédit: Page Facebook Émilie Foster – députée)

Du haut de ses 27 ans dans le domaine de l’enseignement, la présidente se questionne sur la pertinence d’une telle instance de standardisation. « Des méthodes il y en a des milliers, mais tu ne peux pas réinventer la roue tout le temps ou imposer une technique particulière à tous, puisque chaque classe est différente, et chaque enseignant l’est tout autant. Les besoins seront maintenant contrôlés par le ministre », commente-t-elle.

Finalement, la représentante syndicale déplore le manque de valorisation de la démocratie scolaire, seul point en commun avec le conseil scolaire de la région, militant aussi contre le projet de loi.

« Depuis sa visite, on voit qu’il a changé de ton. Il nous disait vouloir travailler pour nous et nous donner davantage d’autonomie. Il nous prouve le contraire depuis le dépôt du projet », estime l’enseignante.

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