Contemporanéité colorée au MAC

Par Emelie Bernier 5:00 PM - 23 novembre 2019
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Patrick Pépin a créé ses oeuvres en fonction de la géométrie de la salle du Musée d’art contemporain où elles sont exposées depuis le samedi 23 novembre.

 

Les murs du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul (MACBSP) ont enfilé leurs parures hivernales.  Si les couleurs vives de celles-ci contrastent avec le blanc de saison,  le regretté Jean-Paul Jérôme et le bien vivant Patrick Pépin y sont pour beaucoup.

 

Dans la grande salle Françoise-Labbé,  les formes géométriques bigarrées des œuvres du plasticien Jean-Paul Jérôme sont une fête pour le regard.

L’exposition s’ouvre avec un portrait de l’art abstrait non figuratif du milieu des années 50. À noter que Jean-Paul Jérôme signa avec Louis Belzile, Fernand Toupin, et Jauran le Manifeste des Plasticiens de 1955.

« Ce sont des années charnières de l’histoire de l’art au Québec», indique le commissaire Martin Labrie. On y découvre un des rares exemplaires du Manifeste des plasticiens et des œuvres des 4 signataires. « C’ est une rétrospective sans en être une. Jean-Paul Jérôme a exploré énormément, il a réalisé des milliers d’œuvres! »

Pour le bien de l’exposition, le travail de Jean-Paul Jérôme est scindé en 6 périodes soit Les années 1950 / L’affirmation plasticienne; Les années 1960 / Le geste souple; Les années 1970 / L’approche organique; Multitudes et variations sur un thème; Les années 1980 / Les géométries sobres; Éclatement chromatique; Les années 1990 / Circularité; Fragmentation; Les années 2000 / Découpes libres.

Le commissaire Martin Labrie.

Plus de 70 œuvres, souvent inédites et imposantes, permettent de cheminer ainsi à travers une vie de création, vie qui s’est achevé en 2004. Des sculptures et des dessins s’invitent dans ce corpus foisonnant témoignant de cette quête de « l’art vrai » qui sous-tend tout le travail des Plasticiens. « Chacune de ses œuvres est immensément réfléchie, d’une grande précision technique. Tout est fait à la main, sans ruban-cache. Il a été enseignant pendant des années et s’est consacré à la peinture à partir de 1973, mais il continue à nous enseigner, à travers sa peinture. Son œuvre est un condensé d’expérimentations picturales», affirme le commissaire.

 

Le monde selon Pépin

Patrick Pépin a préparé durant trois ans l’exposition qu’il présente dans la seconde salle du Musée d’art contemporain. Au final, il a créé trois œuvres en fonction de la géométrie des lieux. Deux immenses murales et une œuvre de plus petite dimension habitent l’espace.

«Je trouve que Baie Saint Paul est un petit village avec un grand Musée. Toutes les légendes,  même mondiales, ont exposé ici. Sans dire que ça m’a mis de la pression, j’avais envie d’arriver avec quelque chose de calibre», explique l’artiste. Les œuvres de grandes dimensions ont l’effet escompté.

« Depuis 10 ans, je m’inspire beaucoup d’endroits que je visite. La grande murale est inspirée de l’Inde. C’est très dense, condensé, un peu comme l’intensité qu’on peut ressentir dans une foule en Inde ». Le résultat est foisonnant, tout comme la seconde œuvre, où l’on reconnaît des personnages de cartes à jouer.

«Je me suis demandé pourquoi je fais de l’art? On n’est pas obligé d’avoir toujours un message politique, mais je voulais passer des messages un peu plus directs… Les personnages de carte à jouer sont une façon de parler des différences, des acceptations, bien que de façon imprécise », indique-t-il.

La troisième œuvre, plus grave, s’inspire de la tragédie de Lac-Mégantic, son patelin natal,  et réinterprète le mythe de la louve capitoline qui nourrit Rémus et Romulus «On y voit des enfants qui sont abreuvés de pétrole. Au cou de la louve, il y a un médaillon DOT 111,  pour Department of Transport.  111, c’est le code des matières dangereuses. C’est un symbole de l’héritage qu’on laisse aux futures générations.  »

La commissaire de l’exposition permanente, Anne Beauchemin.

Renouveau au sein de l’exposition permanente

Contrairement à la plupart des expositions permanentes, celle du Musée d’art contemporain, au sous-sol de l’institution, est en constante mouvance.

Après « Observer », premier thème visité,  on fait maintenant place à « Imaginer ». « On est plus dans les mondes intérieurs, de l’imaginaire, du rêve, des émotions, de la sensibilité », explique Anne Beauchemin, commissaire. Environ un tiers de l’exposition a été renouvelée.

Des oeuvres de la collection du musée et des œuvres créées lors du Symposium international d’art contemporain s’y retrouvent. « On m’avait demandé de faire ressortir différentes facettes de la collection du Musée. J’ai choisi des artistes de différentes générations, jeunes moins jeunes, figuratifs, abstraits…  Le fil conducteur qui relie les œuvres ensemble est expliqué par les textes du tableau numérique. Les sous thèmes aident à créer des rapprochements entre les oeuvres », ajoute celle qui apprécie le défi de retravailler chaque année sur une partie du corpus.

 

Frédérique Renaud.

Au cœur de la gravure

Frédérique Renaud a assuré le commissariat de l’exposition qu’on découvre à la mezzanine. Elle s’articule autour de la gravure.  « Le titre de l’exposition est « De la matrice è l’épreuve ». Au lieu de parler des œuvres comme produit fini, l’exposition est davantage sur la procédure, le côté technique. J’ai sorti des œuvres de la collection du Musée qui représentent bien leurs méthodes d’impression qui sont divisées en 3 grandes catégories, soit en relief,   en creux et à plat », explique Mme Renaud dont l’objectif était de « mettre en valeur le médium ».

«Au Québec, il y a une histoire très riche de la gravure. C’était considéré comme un médium secondaire, mais ici, elle a éclos comme un médium à part entière », conclut-elle.

Les nouvelles expositions seront présentées jusqu’au 31 mai 2020.

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