Violence sexuelle: entretien avec une survivante

Par Karine Dufour-Cauchon 3:55 PM - 12 novembre 2019
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Le CALACS de Charlevoix estime que c’est deux femmes sur cinq qui subiront une agression sexuelle dans leur vie. (Pixabay- libre de droit)

Amélie (nom fictif) est une survivante. En entretien avec Le Charlevoisien, la femme raconte son récit d’actes de violence sexuelle perpétrés par son conjoint. Sous le couvert de l’anonymat, elle veut que son histoire fasse écho dans le cœur des femmes isolées par la violence et appelle à dénoncer ses « actes impardonnables ».

Tout a commencé il y a trois ans, alors qu’Amélie demeurait avec son conjoint. Elle raconte sa descente aux enfers, quand la violence sexuelle est devenue part du quotidien. « Je me suis rendu compte que mon conjoint était de plus en plus insistant pour faire l’amour. Quand je lui disais non, il me boudait, faisait du chantage, me mettait de la pression jusqu’à ce que je dise oui. Il faisait de la violence psychologique », raconte Amélie.

Plus le temps avançait, plus l’impuissance gagnait son esprit. « Mon « oui », ce n’était pas un vrai « oui ». Je me couchais sur le lit et je le laissais faire. Parfois, je me saoulais pour que la douleur passe mieux. Je n’en suis pas fière, mais j’avais peur. La peur, c’est fort », confie-telle.

« Charlevoix, c’est petit »

« Dans Charlevoix, on sait que c’est petit, renchérit Amélie. On a peur que tout le monde le sache, que des gens colportent des rumeurs. Mais il faut se faire une carapace, un p’tit mur. Sinon on ne sera jamais capable d’avancer. C’est le conseil que je donne à toutes les victimes, voire futures victimes, qui liront mon histoire ».

Bien que traverser la rue devienne une épreuve du quotidien, Amélie « garde la tête hors de l’eau ». « Mon histoire, c’est pour toutes les « Amélie ». La survivante tient d’ailleurs à remercier « la policière exceptionnelle » qui a recueilli sa plainte et les intervenantes du CALACS qui l’ont crue, et qui l’accompagnent encore aujourd’hui.

Le centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) met en place des services d’aide pour les femmes ayant vécu une violence à caractère sexuel.

Pour utiliser leurs services gratuits et confidentiels : 1 888 933-9007 (24/7) ou le 418 665-2999.

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Douze attitudes aidantes

Voici 12 attitudes à adopter si l’on vous confie avoir vécu une agression sexuelle, tel que le recommande le CALACS de Charlevoix:

1 – Croire. Vous n’avez pas à faire la preuve qu’il y a eu agression. Évitez les commentaires mettant sa parole en doute ou visant son intégrité.

2 – Écouter sans juger. Privilégiez l’écoute active et évitez les questions suggestives.

3 – Respecter son rythme, son vécu, ses mots. Respectez le vécu de la victime et laissez la personne vous parler en ses propres mots. Ne pas lui poser de questions sur l’agression.

4 – Recevoir sans amplifier ou minimiser. Les victimes ne réagissent pas toutes de la même façon, mais une agression sexuelle touche toujours leur intimité et leur intégrité.

5 – Assurer la confidentialité, à moins que les agressions persistent ou que sa sécurité soit compromise.

6 – Éviter les réactions trop fortes. Se garder d’exprimer devant elle la révolte ou la colère.

7 – Valider ses émotions et sentiments. Laissez pleurer, crier, rire et favorisez l’expression de ses sentiments, y compris la colère et la honte.

8 – La déculpabiliser : ce n’est jamais la faute de la victime. Remettez la responsabilité à l’agresseur.

9 – Garantir la sécurité de la victime. Vérifiez si la personne est en situation de danger.

10 – Offrir du soutien, assurer une présence, être disponible.

11 – L’aider à cerner ses besoins, favoriser son autonomie. Laisser la personne faire ses propres choix, c’est l’aider à reprendre du pouvoir sur sa vie. L’encourager, misez sur ses forces.

12 – Orienter vers les ressources. Encourager à aller chercher du soutien : référer, c’est aider

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