L’Isle-aux-Coudres, une école du métier pour Jean Gaudreau

Par Gilles Fiset 3:44 PM - 6 novembre 2019
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C’est à L’Isle-aux-Coudres que Jean Gaudreau, un des peintres contemporains les plus reconnus au Québec a appris les rouages de son métier.

L’enfant sage
Né à Québec d’une mère originaire de Petite-Rivière-Saint-François, Claudia Tremblay, et après avoir vécu auprès d’une famille qui a favorisé le développement de ses talents artistiques, Jean Gaudreau est venu passer tous ses étés d’adolescent jusqu’au début de l’âge adulte à L’Isle-aux-Coudres. Un endroit au décor idyllique où il pouvait habiter chez des parents.

«J’ai bien dû faire sept ou huit étés comme ça. Je m’installais devant la Maison croche et je vendais les œuvres que j’avais faites durant l’hiver. Les soirs, je travaillais comme barman dans cette même Maison croche avec Horace, celui que l’on appelait «le fou de L’Isle», raconte l’artiste.

Celui-ci admet que toutes ces années ont été une véritable école pour lui. Il y a appris à perfectionner ses techniques en peignant des paysages, mais aussi à vendre ses œuvres tout en développant ses habiletés de vendeurs. Des apprentissages qui lui serviront plus tard lorsqu’il rencontrera les galeristes et tentera de percer dans le milieu.

«J’ai toujours pris soin de mes affaires. Je me disais qu’il faut se vendre dans ce métier-là. Il ne faut pas avoir peur de se faire confiance et de foncer. Les artistes, on est des hommes d’affaires aujourd’hui», affirme Jean Gaudreau.

Aux galeristes qui s’étonnaient de ce comportement d’entrepreneur, de fonceur et d’artiste qui voulait lui aussi faire de l’argent et vivre confortablement de son art, il répondait du tac au tac: «Tu aimes ça faire des voyages et te promener dans de belles voitures, et bien moi aussi j’aimerais ça un jour».
Et il connut tout un succès. «Je vendais les œuvres que j’avais produites durant l’hiver. Je pouvais en écouler entre 10 et 15 par jour. J’avais un succès débile mental », se remémore M. Gaudreau.

L’art rebelle

Malgré la popularité dont il jouissait comme peintre paysagiste dans la vingtaine, M. Gaudreau était insatisfait de ce qu’il produisait.

«Je peignais de belles toiles, mais je voulais m’exprimer, développer mon art et non pas seulement faire de la décoration. Je ne voulais surtout pas devenir peintre paysagiste, mais plutôt faire de l’art contemporain», confie l’artiste.

Celui-ci commence donc un long et pénible parcours de près d’une quinzaine d’années de vache très maigre. «J’ai habité dans des quartiers malfamés, en haut d’une piquerie même», confie l’artiste qui a connu la faim et les privations.

Détruire ses propres toiles

Pendant plusieurs années, ses œuvres ne se vendaient pas ou pas assez. Tellement, qu’il a dû en jeter des centaines de toiles. «Je n’avais plus de place pour les garder avec moi et ces toiles ne trouvaient pas preneur, alors j’allais à la décharge et je regardais les machines broyer mes toiles», relate l’artiste avec un trémolo d’émotion dans la voix.

Enfin reconnu

L’exposition de ses œuvres sur le site du Cirque du Soleil en 2003 a changé la vie de Jean Gaudreau.
« Les gens se sont mis à dire que si Guy Laliberté aimait ça, c’est que ça devait être bon », relate l’artiste. Ses toiles au sujet et au traitement plus contemporain, plus actuel, se sont alors mises à se vendre un peu partout.

Puis, avec Robert Lepage qui décide de projeter les œuvres de Jean Gaudreau au côté des Lemieux, Riopelle et Pellan de ce monde pour la reprise du Moulin à images en 2009, c’est la consécration.

Le livre

C’est dans la rétrospective de son œuvre, Jean Gaudreau, l’enfant sage de l’art rebelle 1979-2019, écrite par Alexandre Motulsky-Falardeau et Josianne Desloges, parue tout récemment aux éditions Sylvain Harvey, que l’on peut suivre le cheminement de l’artiste qui a passé les étés de son adolescence avec nos Marsouins de Charlevoix à peindre et à vendre ses toiles.

De plus, les grandes périodes artistiques de l’artiste y sont traitées avec des photos de ses principales œuvres pour chacune des époques.

Pour les intéressés, Jean Gaudreau procédera au lancement de son livre au Diamant de Québec le mardi 12 novembre à 17h30 en présence du maire de Québec, Régis Labeaume. On demande de réserver avant auprès de Julie par courriel au  julie@commjulie.com.

Les photos sont une courtoisie de Jean Gaudreau.

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