Environnement : urgence d’agir

Par Gilles Fiset 6:59 AM - 6 novembre 2019
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La photo est une courtoisie de Mario Cyr.

Mario Cyr, un caméraman sous-marin ayant à son actif une soixantaine d’expéditions dans l’Arctique, était de passage à l’Hôtel et Spa Le Germain Charlevoix le 15 octobre pour donner une conférence sur sa carrière et livrer un message écologique. Un évènement organisée par la Caisse Desjardins Fleuve et montagne.

Les changements climatiques dont on parle tant, il les constate à chacun de ses voyages. Pour lui, il, ne fait pas de doute, il y a urgence d’agir.

Voici les quatre effets principaux de la fonte des glaces, selon l’expérience de M. Cyr.

Des communautés disloquées

Même si on parle beaucoup des effets de la fonte des glaces sur la nature, les humains sont aussi très affectés. Les communautés inuites vivent une véritable dislocation de leur culture et de leur société, selon Mario Cyr. «Les animaux ne se comportent plus exactement comme avant. Ils s’adaptent au réchauffement. Les périodes de chasse et de pêche changent, entre autres choses. Les Inuits doivent changer leurs habitudes et les personnes âgées se sentent moins utiles parce que leur savoir sur la nature ne correspond plus aux nouvelles réalités», dit-il.

Des espèces se meurent

 

La communauté scientifique estime que les ours polaires font partie des espèces en danger. Mario Cyr a pu observer ce phénomène. «Ça m’a pris sept ans de voyage dans l’Arctique avant que je tombe sur un ours blanc mort. Maintenant, j’en vois toutes les fois que je me rends dans le Nord ou encore, je tombe sur des ours chétifs qui n’ont que la peau sur les eaux et qui vont mourir dans les semaines qui viennent», s’attriste le caméraman sous-marin. «C’est dû à la fonte des glaces. L’ours mange surtout du phoque qu’il ne peut chasser que sur la glace. Il attend que sa proie vienne respirer pour l’attaquer, mais sans glace, les phoques peuvent respirer un peu partout sans risque de se faire surprendre par un ours», explique le madelinot.

D’autres prolifèrent

Si les changements climatiques nuisent à la plupart des espèces, certaines en tirent profit. «La méduse peut vivre dans n’importe quel environnement, mais elle a plus de facilité à se reproduire quand l’eau est plus chaude. Elle prolifère de plus en plus avec le réchauffement climatique et vide les océans parce que c’est une véritable machine à avaler des proies», explique Mario Cyr. «Malheureusement, les prédateurs naturels de la méduse, la tortue luth et le thon rouge sont en voie d’extinction. La tortue est décimée par les sacs de plastique qui ressemblent à des médusent. Les sacs restent dans l’estomac après et l’empêchent de se nourrir, la condamnant à mourir lentement de faim», se désole le plongeur photographe. Le thon rouge de son côté est tout simplement surexploité pour sa chair très recherchée.

De nouvelles espèces font leur apparition

«Vous ne savez peut-être pas, mais déjà, la nature a commencé à changer. Il y a une nouvelle espèce d’ours, affirme M. Cyr, le pizzly. C’est un croisement entre l’ours polaire et le grizzli qui vit plus au sud». Avant, une barrière de plus de 1200km séparait les deux espèces, mais depuis plus d’une vingtaine d’années, les ours polaires descendent vers le sud à la recherche de nourriture et les grizzlis montent plus au nord parce qu’il y fait moins froid. Les deux espèces étant apparentées elles copulent et donnent des petits qui peuvent se reproduire. La nouvelle espèce qui en résulte, le pizzly, a des caractéristiques des deux espèces, un poil presque entièrement blanc pour résister au froid et des pattes adaptées pour la capture des poissons du sud au lieu des pattes palmées adaptées à la nage des ours blancs.

Encore de l’espoir

Pour le Madelinot, tout espoir n’est pas perdu, en autant que l’on finisse par agir. «C’est à nos dirigeants de prendre de bonnes décisions. On doit légiférer pour adopter des politiques pro-environnementales. Ça va faire mal, c’est certain. Les gens vont se plaindre, mais ils vont comprendre», affirme M. Cyr en donnant l’exemple du plastique. «C’est bien entendu que l’on ne peut plus se passer du plastique, mais rien ne nous oblige à utiliser encore aujourd’hui des produits qui ont une vie très courte et qui ne servent qu’une fois, comme les sacs en plastique», énonce le caméraman.

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