Apprendre sans avoir faim : mission accomplie pour le Projet Collation

Par Karine Dufour-Cauchon 3:55 PM - 5 novembre 2019
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Lucie Carré, directrice générale du SACC (Archives Novembre 2019)

Depuis septembre, tous les enfants de Charlevoix-Est ont droit à une collation par jour gratuitement, grâce au Service d’aide communautaire de Charlevoix-Est (SACC).

Lucie Carrée, directrice générale de l’organisme, raconte comment a émergé l’idée, qui permet maintenant de distribuer 974 collations quotidiennement aux enfants de la région. « Quand j’ai eu l’idée de faire le projet Collation, j’avais fait le tour des écoles et j’ai constaté qu’il y avait une iniquité complète. Félix-Antoine-Savard de La Malbaie avait son comptoir payant comme Clermont, Saint-Siméon en avait un non payant, alors que certains n’en avaient pas du tout. La p’tite école Marguerite-D’Youville, par exemple, n’en avait pas », a d’abord témoigné Mme Carré.

Pour Lucie Carré, cette iniquité que vivaient les élèves était insoutenable. « Ce sont nos petits, nos jeunes qui sont en construction. Ils sont à l’école, et peut-être qui n’ont même pas cette chance-là, d’avoir une collation, puisque papa ou maman ne pense pas à mettre une collation dans la boîte à lunch le matin, par oubli, ou même par manque de moyens financiers. En contactant des écoles, j’ai parlé à des gens qui gardaient en cas d’urgence un sac de pommes dans leurs bureaux, au cas où un élève perde connaissance. J’ai eu les larmes aux yeux. Elle, ça fait partie de sa réalité. Ça m’a bousculée. L’iniquité me dérangeait énormément et c’est pour ça qu’il fallait mener le projet à bien », a-telle témoigné.

Des tests effectués en janvier dernier dans certaines écoles ont été concluants. Depuis septembre, les écoles primaires de SaintSiméon, Saint-Fidèle, La Malbaie, Clermont, SaintAimé-des-Lacs et NotreDame-des-Monts ont maintenant leur comptoir à collations gratuites : légumes, fruits, produits laitiers, muffins ou galettes maison cuisinés par des bénévoles, tout y est pour donner de l’énergie aux jeunes écoliers de l’est.

Le projet mobilise près de 25 000 $. « Aller chercher l’argent, ça a été facile. Quand on parle d’enfants et de pauvreté, c’est sûr que c’est convaincant pour les partenaires, c’est quelque chose qui touche tout le monde », a-t-elle ajouté.

L’initiatrice du projet s’est souvent fait demander pourquoi elle n’identifiait pas aux préalables les enfants défavorisés. « On ne veut pas cibler les enfants pauvres uniquement. Si l’on fait cela, c’est sûr que l’on va en échapper. Ce n’est pas parce qu’un enfant est habillé en Nike que sa boîte à lunch est pleine », a expliqué Mme Carré.

Elle conclut en soulignant que le moment de la collation devient un rituel social important. « On voulait aussi que le moment de la collation soit un moment où tout le monde soit égal, pareil. Je pense que ça évite aux enfants de regarder ce que les autres ont de plus ou de moins dans leur boîte à lunch. Tout le monde a la même chose, c’est donc uniforme et ça créer des liens », lance-t-elle finalement.

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