Élections: Les chefs dans l’œil de Jean Doiron

Par Karine Dufour-Cauchon 4:00 PM - 1 octobre 2019
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Jean Doiron, enseignant en Science politique au Centre d’études collégiales en Charlevoix.

Jean Doiron, enseignant en science politique au Centre d’études collégiales en Charlevoix, a partagé son expertise avec le journal. Il a analysé les différentes performances des chefs de parti, postulant pour le poste de premier ministre du Canada.

Justin Trudeau, un québécois moyen ?

Malgré ses lacunes en environnement, M. Doiron estime que Justin Trudeau, chef du Parti Libéral du Canada, « représente très bien le dilemme du québécois moyen ». « La plupart des Québécois veulent bien sauver la planète, mais ne veulent pas sacrifier l’économie. C’est un peu ce que Justin Trudeau a fait en arrivant avec des objectifs ambitieux et de l’autre côté, en achetant un pipeline. Oui l’environnement, mais il faut vivre », se dirait le québécois moyen, selon lui.  Si la question de l’urne s’avère à être l’environnement le 21 octobre prochain, M. Trudeau a clairement un avantage sur Andrew Sheer, chef du Parti conservateur du Canada.

Andrew Sheer, le monotone

« Personnellement, je trouve qu’Andrew Sheer n’a pas ce qu’il faut, avoue M. Doiron. Zéro Charisme. Écoutez parler Andrew Sheer pendant 15 minutes, c’est de la torture. Ce n’est pas un bon communicateur. Pour un parti politique, c’est important d’avoir un bon chef, qui communique bien », soutient-il.

Les conservateurs ont toutefois leur chance de former un gouvernement, selon le politologue. Sauf qu’au Québec, les idées et les valeurs conservatrices ne sont « pas dominantes », estime-t-il, avec leur programme « trop à droite » pour les Québécois. «  La bonne performance du Bloc Québécois est clairement leur talon d’Achille », lance ensuite l’expert.

Yves-François Blanchet, le charisme incarné

« Le Bloc Québécois a clairement une bonne performance, lance M. Doiron dans son analyse de mi-campagne. Leur nouveau chef, Yves-François Blanchet, est une très bonne prise de la part du parti. On sait que cela volait bas avec leur ancienne cheffe Martine Ouellet. Même ma blonde, qui n’est pas tant intéressé par la politique, a été impressionné par M. Blanchet, lors de son passage à Tout le monde en parle, dimanche dernier », raconte-t-il.

Le Bloc se replie dans ses terrains naturels, « à l’époque où il y avait 50 députés bloquistes au Québec ». « Je ne sais pas ce qu’il va faire comme gain, mais c’est clair qu’il va ressortir de cette élection avec plus de circonscriptions », prévoit le politologue.

Jagmeet Singh, des pertes à venir

Le chef du Nouveau Parti Démocratique n’est pas trop connu des électeurs québécois. La question que l’on se pose, c’est « est-ce que le signe religieux qu’il porte lui nuit ? Oui, mais en même temps, le gens qui appuient la loi 21 du gouvernement Legault sur les signes religieux ne sont pas nécessairement les électeurs du NPD. Il ne perdra pas de vote là. Je doute qu’il conserve ses sièges au Québec, dû à la bonne performance du Bloc Québécois. En tant que tel, il a ses preuves a faire, mais c’est un bon chef qui fait un très bon début de campagne », estime Jean Doiron.

Maxime Bernier, un suicide politique

« C’est un suicide politique. Même en Beauce, il ne passera jamais. Comment voulez-vous qu’il soit élu, alors que ses deux principales propositions sont l’abolition de la gestion de l’offre et la fin de subventions aux entreprises ? La Beauce, c’est des agriculteurs et des PME. Il va manger une volée comme il n’a jamais vu ! Je me demande même si c’est volontaire », analyse M. Doiron.

De toute façon, le politologue estime que M. Bernier n’a pas le calibre pour occuper des postes importants. « Les gens ont la mémoire courte, mais on se rappellera qu’il s’agit de l’homme qui oubliait des documents ultras secrets chez sa maîtresse, affiliée avec les Hells Angels, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères à Ottawa. Quel grand manque de jugement ! », s’est exclamé l’analyste en guise de conclusion.

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