Pollution lumineuse : Baie-Saint-Paul veut porter le flambeau

Par Gilles Fiset 4:00 PM - 25 septembre 2019
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Un exemple de pollution lumineuse au dessus de Baie-Saint-Paul. Photo: Francis Gagnon

La Ville de Baie-Saint-Paul veut devenir le chef de file régional dans le dossier de la pollution lumineuse. D’ailleurs, elle s’est déjà donné des objectifs et un plan d’action pour arriver à des résultats concrets en une dizaine d’années.

Suite à la conférence « Baie-Saint-Paul dans les étoiles » présentée à l’Hôtel Le Germain Charlevoix le 18 septembre qui traitait de pollution lumineuse, le maire de Baie-Saint-Paul, Jean Fortin, a affirmé vouloir faire de sa ville un chef de file régional en la matière. « Je pense que c’est important la pollution lumineuse et on peut être un leader pour la diminuer. Déjà, on fait de la mise en valeur des paysages et le ciel, ça fait partie de la mise en valeur des paysages » dit-il en ajoutant qu’il y a même un potentiel régional de lutte contre cette forme de pollution, sans donner plus de détails.

D’ailleurs, sa ville est déjà en mode proactif de ce côté. « On se donne dix ans pour faire quelque chose d’intéressant (concernant la pollution lumineuse NDLR), c’est à dire, complètement changer le paysage lumineux et avoir l’accès le plus vaste possible au ciel étoilé », affirme Jean Fortin. Pour ce faire, la Ville s’est dotée d’un plan d’action en une soixantaine de points qui vise la réduction de la pollution lumineuse de 25 %. Un plan qui comporte beaucoup de sensibilisation auprès des citoyens et des entreprises. « On commence par de la sensibilisation et ensuite on verra comment ça évolue », dit le maire de Baie-Saint-Paul.

Comme autres exemples de mesures envisagées, la Ville se propose de revoir le nombre d’appareils d’éclairage, la densité lumineuse et les heures d’éclairage nécessaire pour tous les bâtiments et terrains de la Ville ainsi que la mise en place un système d’éclairage des rues s’inspirant du système européen E-Street (éclairage intelligent modulable en fonction de la lumière naturelle, entre autres).
Bien entendu, l’éclairage au DEL des rues et des parcs est aussi une mesure prévue par la Ville. « Mais ce n’est pas complètement arrêté, commente Jean Fortin. Il y a un bout de temps, tout le monde parlait de changer pour de l’éclairage au DEL, mais ce n’est pas si évident. Il faut prendre ses précautions. Il parait que ce n’est pas n’importe quel éclairage au DEL qui est adéquat », énonce le maire de Baie-Saint-Paul.

La Malbaie est prête
Consulté sur le sujet, le maire de La Malbaie, Michel Couturier, a affirmé que sa municipalité a déjà commencé à prendre certaines mesures dans les nouveaux développements et qu’elle est ouverte à faire partie d’un mouvement régional pour contrer la pollution lumineuse. « Un projet intéressant. On pourrait se donner un plan et des objectifs là-dessus. Comment ça va se faire, ça reste à voir avec les MRC et le conseil », énonce-t-il.

Charlevoix a du potentiel
Pour Rémi Boucher, conférencier et communicateur scientifique à l’astrolabe du mont Mégantic, la région a un beau potentiel pour avoir un ciel étoilé de meilleure qualité. « Charlevoix est à une bonne distance des deux sources principales de pollution visuelle, la Ville de Québec et la région du Saguenay Lac-Saint-Jean. Il y aurait plus de facilités que d’autres endroits pour arriver à obtenir un ciel noir et étoilé, si on réduit l’empreinte des municipalités de la région », dit-il.

Un exemple déjà
La grande région autour du mont Mégantic, et ce jusqu’à Sherbrooke, est devenue une réserve de ciel étoilé en 2007, la première et la seule au Québec jusqu’à maintenant. « À partir de cette année-là, des mesures pour réduire la pollution lumineuse ont été prises et elle aurait diminué de 35 %, selon les images satellites », expose M. Boucher.

Au-delà d’un beau ciel étoilé
La pollution lumineuse, c’est la présence de lumière nocturne anormale ou gênante. Même si l’éclairage de nuit a toujours été vu comme une avancée dans l’histoire, de plus en plus de scientifiques commencent à penser qu’il faut mieux la contrôler, car elle aurait des effets négatifs sur notre environnement et même sur notre santé.

Au-delà du plaisir de contempler les étoiles grâce à une nuit plus noire, l’utilisation de lumière la nuit a des effets sur les espèces qui entourent les milieux urbains. Rémi Boucher nous donne un exemple. « Les gens ont peut-être remarqué qu’il y a moins de lucioles qu’avant. C’est parce que les lucioles utilisent la lumière pour communiquer, alors quand il y a trop de pollution lumineuse, elles ne s’entendent plus parler », dit-il.

La pollution lumineuse affecterait aussi notre santé en affectant notre cycle circadien jour/nuit, surtout la lumière bleue. « Elle envoie le message à notre corps que c’est encore le jour, même en pleine nuit, et diminue notre capacité de nous endormir. C’est pour cela que maintenant, sur les téléphones cellulaires, il y a un mode d’éclairage plus jaune, moins dommageable pour le sommeil », détaille M. Boucher en ajoutant qu’il y aurait même des études scientifiques qui démontreraient des liens entres certains cancers et la pollution lumineuse.

Quatre principes guident les spécialistes pour réduire la quantité de lumière mise et favoriser le mieux-être des espèces vivantes, selon Rémi Boucher, soient l’orientation de l’éclairage (vers le bas le plus possible), la couleur (plus ambré ou jaune le soir), l’intensité (pas plus forte que nécessaire) et la période (la durée minimum requise seulement).

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