Chronique de Francis Savard-Leduc: douloureux rappel à l’ordre

Par Francis Savard-Leduc 11:49 AM - 16 août 2019
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Des tests sont effectués régulièrement pour vérifier l’état de santé du lac Nairne

Les années passent et l’éléphant dans la pièce ne semble pas vouloir partir. Avec les changements climatiques qui pendent au-dessus de nos têtes, nous avons notre propre rappel régional des conséquences de nos activités sur l’environnement avec le lac Nairne.

Soyons clairs, l’enjeu n’est pas nécessairement le même. Dans une certaine mesure, l’absence d’actions drastiques à l’échelle mondiale pour contrer la crise climatique qui nous attend au coin du mur signifie que nos efforts seraient vains. Mais c’est par un ensemble de petites actions que nous atteindrons la masse critique nécessaire pour qu’elles aient un effet.

Près de chez nous, un important moteur économique et une institution régionale sont en danger depuis déjà plusieurs années en raison d’un vieillissement prématuré. Le lac Nairne n’a plus besoin de présentation.

Mais comment est-ce que ça vieillit un lac? Plusieurs d’entre vous ayant dans la jeune vingtaine se souviendront sûrement d’un documentaire plutôt ennuyeux (quoique plutôt éducatif) qui circulait dans nos écoles secondaires régionales sur l’eutrophisation. Vous ne serez donc pas étrangers à ce concept. Si vous faites partie des chanceux qui n’ont pas eu à subir ce supplice cinématographique, l’important est de retenir que la dernière chose que l’on souhaite dans un lac, c’est trop de minéraux, de plantes, d’algues et surtout de micro-organismes, particulièrement certaines bactéries.

Au Québec, plusieurs de nos lacs sont sous haute pression, particulièrement en raison de l’utilisation sur nos routes de produits déglaçants et de sels en tout genre. Il ne suffit qu’à penser au lac Saint-Augustin, près de Québec. Si l’on ne met pas nécessairement ces produits dans nos plans d’eau, ils s’y rendent : au printemps, la fonte des neiges et le ruissellement amènent toutes ces substances dans nos lacs et elles y agissent alors pratiquement à la manière d’engrais.

Dans le cas du lac Nairne, le phosphore serait notre principal ennemi. Malheureusement, ce dernier fait partie intégrante de nos activités humaines. Ingrédient essentiel à la vie, il se retrouve dans plusieurs produits domestiques (nos détergents entre autres) et nous en rejetons naturellement à chaque «flush». Il est aussi présent dans nos sols, dans le fond des lacs et un peu partout dans la nature. Nos actions (et notre inaction) ont donc un énorme impact sur l’accélération du phénomène. Suffit d’un bateau ou d’une motomarine qui passe trop proche du fond pour soulever des années de sédiments accumulés et ruiner des années d’efforts de conservation.

Alors on fait quoi? C’est une sacrée question. Un peu comme la crise climatique, on doit se serrer les coudes et espérer que le voisin n’osera pas se proclamer «sceptique» en absence totale de connaissances scientifiques. On devra tous adapter nos modes de vie et accepter qu’un peu de compost, c’est mieux qu’une pile de déchets. Plus près de chez nous, ça voudra dire pour les riverains de faire attention au lac, d’entretenir correctement leurs fosses septiques et leurs propriétés. Pour tous les utilisateurs du lac, ça voudra dire de respecter les réglementations, changer un peu leurs habitudes, rien de trop horrible non?

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