L’embouteillage de la vodka commence pour la Maison d’affinage Maurice Dufour

Par Gilles Fiset 4:00 PM - 16 juillet 2019
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Madeleine Dufour, distillatrice, tenant dans la main le format de bouteille qui va être utilisé devant l’énorme contenant dans laquelle la vodka distillée est recueillie.

Après le vin, le gin et la grappa, des entreprises Charlevoyou vins et spiritueux, c’est au tour d’une vodka, un alcool bien spécial produit à partir de petit-lait, de se retrouver en bouteilles et bientôt, sur les tablettes de la SAQ.
«C’est emballant! On va accoucher d’un produit que l’on prépare depuis plusieurs années déjà», exprime Madeleine Dufour pour l’entreprise Charlevoyou vins et spiritueux, une filiale de la Maison d’affinage Maurice Dufour, durant l’entrevue.
Ce projet de distillation de vodka, tout simplement nommée Charlevoyou, vodka de petit-lait, a nécessité près de 500 000$ d’investissements. Contrairement au gin et à la grappa cependant, qui sont des produits artisanaux, la vodka sera distillée à longueur d’année et devrait se retrouver dans les prochains mois sur les tablettes de la Société des alcools du Québec.
Une vieille recette
Les êtres humains produisent de l’alcool à partir du lait depuis la nuit des temps et plusieurs distilleries dans le monde en offrent déjà. Mais celle du Charlevoyou sera la première au Canada. De plus, ce sera la première fois qu’une entreprise rassemblera toutes les étapes de la production, de la traite des animaux jusqu’à la mise en bouteille. «On est la première fromagerie à récupérer notre lactosérum pour en faire un alcool», ajoute Madeleine Dufour.
C’est Maurice Dufour, le patriarche de l’entreprise qui a pensé à cette façon de récupérer le lactosérum, aussi appelé petit-lait, rejeté après la production de son fromage de brebis, il y a de cela bien des années. «Pour 100 litres de lait utilisés dans la fabrication de fromage, il va nous rester environ 90 litres de lactosérum en retour», précise Mme Dufour. Celui-ci est souvent donné ou réutilisé d’une autre façon comme s’en servir pour nourrir les bêtes.
L’idée de distiller une vodka au lieu d’un autre type d’alcool s’imposait d’elle-même parce qu’elle ne nécessite pas de vieillissement, ce qui simplifie et accélère les choses. «Dès qu’on la fabrique, on l’embouteille et elle est prête à vendre», explique Mme Dufour.
Un produit qui se distingue
Non seulement la vodka se distinguera de par son origine, le petit-lait de brebis et de vaches des producteurs environnants, mais aussi par son goût. «On propose un produit qui sera distillé deux fois seulement au lieu des quatre ou même six distillations des vodkas fabriquées à grande échelle parce que ça permet de conserver les différentes essences de la matière première. Ce qui va lui donner un goût particulier, un parfum que l’on ne retrouvera pas ailleurs», poursuit Madeleine Dufour. «Celui de notre vodka a des essences qui se rapprochent un peu de la prune et du caramel»,
De plus, l’eau qui est utilisée dans la fabrication de la vodka pour 60% du contenu de la bouteille, et qui peut donc modifier le goût du produit, provient de la source dans la montagne derrière l’entreprise. «Aucune autre distillerie ne pourra offrir exactement le même produit, même s’il utilise la recette originale», selon Madeleine Dufour.
Premier envoi
Pour l’instant, on ne connait pas la quantité de bouteilles qui sera embouteillée lors de ce premier lot ni ce qui pourra être produit par la suite. Cependant, les dirigeants du projet aimeraient bien que plusieurs centaines de bouteilles soient envoyées pour se faire tester dans les laboratoires de la SAQ sous peu.
Ajoutons que l’avantage de la production d’alcool à partir de petit-lait, c’est qu’il n’y a pas de récolte comme pour le raisin ou l’orge et que l’on peut produire à longueur d’année. Les autres envois pourront donc suivre rapidement.
Une étiquette distinctive
Au moment d’écrire ces lignes, le dessin de l’étiquette n’a pas encore été finalisé. Le Charlevoyou vins et spiritueux est reconnu pour ses étiquettes attirant l’attention, comme celle sur les vins où deux moutons en train de s’accoupler sont dessinés. L’étiquette de la bouteille de la vodka devrait aussi avoir son côté singulier. «On voulait quelque chose d’épuré, mais qui sort un peu de la boite et qui a aussi un air de famille avec nos vins et notre production artisanale de spiritueux», précise Madeleine Dufour.
Cette étiquette, contrairement à la grande majorité de celles que l’on retrouve un peu partout, sera appliquée sur presque toute la surface de la bouteille.
Le gin est de retour
Bonne nouvelle pour les amateurs, un autre lot de bouteilles de gin et de grappa devrait être mis en marché à la boutique de la maison d’affinage sous peu.

À la Une, Madeleine Dufour, distillatrice, devant l’alambic ultramoderne pourvu d’un ordinateur dans lequel sera distillée la vodka. Ce modèle sera épaulé par un autre du même genre, mais deux fois plus gros, sous peu. Ici, elle tient un échantillon du précieux nectar.

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