Chronique de Francis Savard-Leduc-La force de l’union

Par Francis Savard-Leduc 10:26 AM - 10 juillet 2019
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Xavier Bessone a occupé plusieurs fonctions lors de son parcours universitaire.

J’ai compris au fil des ans que les coulisses de la politique, aussi opaques puissent-elles paraître, se résument plus souvent qu’autrement à la force du nombre. Cette force, elle s’est fait sentir lors de la marche du 15 juin dernier pour l’Hôpital de La Malbaie. Empreinte de rebondissements, du lancement du mouvement jusqu’au désistement puis ralliement de dernière minute du Comité citoyen, le chemin pour y arriver m’a rappelé l’importance de la cohésion. Maintenant, plus que jamais, il est impératif de faire front commun, d’est en ouest pour obtenir une couverture médicale digne de ce nom, au-delà des intérêts qui pourraient nous diviser. Si l’enjeu pour les Charlevoisiens en est un de santé publique, c’est sur un front politique qu’il faudra se battre.

Si quelqu’un peut comprendre ce phénomène et l’importance d’une voix commune et forte, c’est Xavier Bessone. J’ai eu la chance de côtoyer et de travailler avec ce Baie-Saint-Paulois à quelques reprises au long de mon parcours universitaire. Mordu de politique depuis son plus jeune âge, Xavier s’est démarqué en occupant successivement les fonctions de vice-président aux affaires externes de la CADEUL, représentant les 33 000 étudiants de premier cycle de l’Université Laval et de coordonnateur aux affaires sociopolitiques à l’Union étudiante du Québec (UEQ) et ses 88 000 membres entre 2016 et 2018.

Un sacré talent politique, incisif et d’une pertinence maintes fois reconnue par ses pairs, qui a choisi récemment de revenir s’installer chez lui : « J’ai toujours été passionné par ma région. Contribuer à en faire un endroit qui réussit, revenir et travailler à développer cette région-là était important : mettre mon expertise au profit des gens, que ça soit par de l’analyse, du développement de relations organisationnelles ou du développement régional ».

Des combats comme ceux de nos hôpitaux, où il fallait provoquer l’intervention gouvernementale est nécessaire pour corriger des situations inacceptables, Xavier en a vécues. Pour se donner un argument de poids, le mouvement étudiant s’est réuni autour d’une nouvelle structure, L’Union étudiante du Québec (UEQ) en 2016 : « Les associations ont réalisé que chacun de nos côtés, c’est difficile de faire avancer les dossiers. Prenons la condition des stagiaires, qui était problématique à l’échelle de la province : ça a porté ses fruits, en mettant ensemble nos ressources et en évitant les guerres de clochers, on a finalement obtenu des gains après des années de lutte. »

Personne n’apprendra ici que plusieurs régions du Québec sont en difficulté. Nous vivons, au sein de nos deux MRC les conséquences d’une population qui peine à se renouveler et qui par conséquent vieillit, à mesure qu’elle s’amenuise. Le hic, c’est que la lutte au déclin démographique passe aussi par une offre de services. Ce n’est pas seulement la santé de nos concitoyens qui est compromise par les découvertures et le retrait de services, c’est l’attrait de notre région au grand complet qui diminue. Comme jeune revenant s’installer, Xavier abonde dans le même sens : « Le maintien des services, c’est un enjeu économique. Si on veut freiner une baisse démographique, fermer un hôpital ou enlever des services, ce n’est pas un très bon «move». Tous les Charlevoisiens ont quelqu’un dans leur famille qui travaille en santé. »

Xavier m’expliquait à un certain moment l’importance qu’accordait l’UEQ aux étudiants de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Très éloignés et en plus petit nombre, mettre de l’avant leurs dossiers était important, spécifiquement parce qu’ils vivaient des situations particulières sans l’influence démographique. Je ne peux que faire un parallèle avec nous. La centralisation amorcée en 2015 avec la création du CIUSSS visait à réduire les coûts administratifs. La conséquence pour Charlevoix fût d’être noyée dans une marre de monde, alors que nous ne représentons que 4% des usagers, un nombre qui tend à diminuer. Il serait plutôt futile d’assumer la mauvaise foi des acteurs, nous sommes victimes de notre réalité. Mais il le serait d’autant plus de baisser pavillon : nos 30 000 voix n’arrêteront d’être entendues que lorsque nous nous tairons.

Nous avons d’ailleurs eu droit à quelques notes plus positives. Notre députée, Mme Émilie Foster, entre autres, qui a fait preuve à maintes reprises d’une écoute exceptionnelle. Une annonce comme celle sur les services de stérilisation à l’Hôpital de La Malbaie apporte aussi son lot d’espoir. Chose certaine, si le CIUSSS souhaite réellement une offre intéressante de soins de santé en région, il faudra mieux le communiquer dans l’avenir. Xavier résume bien ce problème : « Ça prend une garantie d’offre de services et les citoyens ont besoin d’être rassurés, présentement c’est l’enjeu réel pour les usagers des hôpitaux régionaux. On a la chance d’avoir des centres universitaires spécialisés dans la Capitale-Nationale, c’est normal de les utiliser, mais les services basiques doivent exister en région »

Soudainement, notre conversation dévie sur le dossier du Centre d’études collégiales, une belle réussite pour l’éducation supérieure en région, bien que l’emplacement eût été une source de déchirure au milieu des années 90. C’est un exemple frappant de réussite découlant directement de la collaboration régionale. Si la complémentarité des services que vise le CIUSSS-CN inquiète d’est en ouest, il est important de travailler conjointement : « Certains ne seront peut-être pas d’accord, mais nous avons intérêt, dans ce dossier à se rapprocher politiquement. Si elle permet de maintenir les services, la complémentarité au sein de la région n’est pas une mauvaise chose. La Malbaie et Baie-Saint-Paul seront toujours plus proches que Québec. Il est aussi important de garder en tête le caractère central de La Malbaie dans certains services pour le monde de Saint-Fidèle à Baie-Sainte-Catherine. »

Mes chers concitoyens, ne baissez pas les bras. Le maintien de nos services et la survie de notre région sont l’affaire de tous, plus et moins jeunes, que l’attachement soit de cœur comme de tête.

*Les propos de Xavier n’engagent que sa personne, sans égards aux organisations qu’il a représentées.

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