De Goose Bay à Blanc Sablon en kayak

Par Emelie Bernier 7:16 AM - 19 juin 2019 Initiative de journalisme local
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Richard Learning et Martin Vallières, quelques heures avant le départ.

 

Martin Vallières, des Éboulements, et Richard Learning, originaire du Labrador, mais résident de la Nouvelle-Ecosse, entreprennent ces jours-ci un périple d’une quarantaine de jours qui les mènera de Goose Bay à Blanc-Sablon en kayak.

Les compères n’en sont pas à leur première expédition ensemble. En 2016, ils avaient franchi les quelque 800 kilomètres séparant Goose Bay vers le nord, jusqu’à de Nain  photos).  Cette fois, ils vogueront vers le sud et franchiront à peu près la même distance.  « Au début, il y a des villages aux 4 ou 5 jours, puis aux 2 ou 3 jours. On a aussi un 9 jours où on ne croisera personne», explique Martin Vallières.

Parmi les raisons qui poussent le Charlevoisien à l’aventure, la soif de découverte du territoire arrive en tête de liste. «C’est un mode de vie très relaxe ! On voit le jour se lever, on vit lentement, avec les éléments. J’aime découvrir des milieux peu habités, dans la grande nature ! », dit-il.

Il apprécie le fait que le porte-monnaie soit momentanément relégué aux oubliettes. «On n’a pas à consommer, on n’a même pas à penser à consommer. C’est un feeling que j’aime retrouver, qui me rappelle la plantation d’arbres, quand on passait 40-50 jours dans le bois… », dit-il.

 

Si les deux hommes passent énormément de temps seuls ensemble, les rencontres bonifient l’expérience du périple de kayak. « On est commandité par le gouvernement du Nunatukavut, c’est le partenaire principal de l’expédition, et les gens des communautés nous suivent beaucoup sur la page Facebook. Richard connaît des gens sur la côte et on est souvent attendu ! L’accueil est vraiment génial! », lance-t-il.

Passent-ils pour des hurluberlus, dans leur petite coquille de noix ? «Les communautés sur la côte est sont très près de l’eau, ils savent d’où on arrive. Il y a un grand intérêt envers nous, une grande curiosité ! On rencontre des gens avec des modes de vie complètement différents, on discute de tout, de l’histoire autochtone qui est notre vraie histoire », constate Martin Vallières.

Quand sonne l’heure du repas, Richard concocte sa pitance à partir d’un sachet lyophilisé, alors que Martin, passé maître es déshydratation, réhydrate ses patates pilées, ses crevettes, son poulet,  ses légumes… en grignotant un cuir de fruit ou un jerky ! Ils se régalent parfois de moules sauvages, de poisson et de petits fruits.

 

Ils profitent régulièrement du confort très rustique des camps disséminées ici et là sur le territoire et dont la porte n’est jamais barrée.

Les deux hommes rigolent lorsqu’on les questionne sur leur préparation physique. «Les deux trois premiers jours, c’est notre réchauffement !  Après,  on va être correct. On s’entraîne en le faisant », lancent-ils en s’esclaffant, prêts à avaler les kilomètres qui les mèneront à la mise à l’eau tant attendue et à 40 jours de découvertes!

Pour suivre le périple des aventuriers, visitez la page Labrador North Coast Kayaking sur Facebook.

 

Gare aux ours polaires !

Qu’ils soient dans leurs kayaks, sous la tente et en promenade sur la terre ferme, les deux hommes ne se sépareront pas du fusil calibre 12 de Richard, car ils sont dans l’habitat d’un prédateur. Ils ont d’ailleurs modifié leur itinéraire, car près de 200 ours blancs déambulent dans le secteur nord qu’ils souhaitaient initialement franchir. « Le premier itinéraire partait du « tip of Labrador », la pointe nord, jusqu’à Nain, mais on a dû le modifier. C’était compliqué et on veut éviter les rencontres avec les ours polaires. Si on avait été plusieurs, peut-être, mais à 2, on ne peut pas avoir toujours une vigie au cas où un ours s’approche du campement », explique Martin Vallières.

Richard Learning, originaire du Labrador, connaît bien le territoire pour l’avoir pagayé de long en large. Et ses habitants les plus dangereux.  «Contrairement aux ours noirs,  les ours polaires n’ont pas peur des humains. Pour eux, on est de la nourriture», explique-t-il.  A 72 ans bien sonné, il pense que ce voyage est peut-être le dernier d’une telle envergure. Son fils fera d’ailleurs une partie de la route avec eux. Richard entend donc profiter de chaque instant, tout comme son complice et ami Martin Vallières qui aura sans doute bien des anecdotes à « chouenner » à son retour aux Éboulements.

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