La sagesse de Boucle d’or

Par Émélie Bernier 3:30 PM - 28 mai 2019
Temps de lecture :

Mamie Coucou et sa Maëlle, avec des cheveux.

Laissez-moi vous présenter mon amie Maëlle Bourguelat. Notre histoire remonte à bien avant sa naissance. Avant la mienne, même ! Trois générations d’amitiés sincères nous unissent. Entre nous, des liens tissés serrés au fil teint à la main avec du jus de betterave par sa grand-mère et ma mère. Marie, belle et bien vivante, et Nicole, partie il y a 21 ans tricoter le grand écheveau céleste.

Dimanche, Maëlle a participé au Défi têtes rasées au Centre Vidéotron. Comme elle, 125 personnes ont sacrifié leur tignasse, un geste d’amour et de solidarité, symbolique, envers les personnes atteintes de cancer.

Maëlle, elle, a dit ciao bye à ses boucles d’or pour sa mamie Coucou. Parce que Marie, sa grand-mère chérie, a l’air d’une moniale tibétaine depuis quelques mois déjà. C’est la 2e fois que le crabe lui rend visite. Marie a choisi de vivre tout ça en se nourrissant d’espoir, le tout arrosé d’un petit trait de candeur. Elle sourit à la vie, même quand ça fait mal. Elle prend le beau où il se trouve. Un rayon de soleil, une bonne soupe, les oies qui brillent dans le ciel bleu, les amis qui rendent visite quand ils n’ont pas le rhume… Et le beau geste de Maëlle qui l’émeut au plus haut point.

 

« Je me sens bien ! », me confiait ma petite copinette quelques jours avant la tonte, visiblement en paix avec la décision prise il y a plusieurs mois maintenant. «Une fille de mon école nous en a parlé, Océane. Elle était en 5e année quand elle l’a fait. Moi, j’ai décidé de le faire pour ramasser des sous pour les familles des enfants malades, pour la recherche sur le cancer et parce que ma mamie Coucou aussi, elle a le cancer et elle n’a plus de cheveux », explique Maëlle. Peu après qu’elle ait décidé de faire le Défi Têtes Rasées, Maëlle a appris qu’une toute petite fille de son entourage avait le cancer. «Ça m’a donné une raison de plus. Elle est encore à l’hôpital. J’espère qu’elle va aller mieux », dit doucement la sage gamine.

Lorsqu’elle s’est inscrite sur le site du Défi, Maëlle s’est d’abord fixé un objectif de 500 $. Celui-ci a été dépassé en quelques
heures. «Je trouvais que c’était beaucoup d’argent, 500 $. Je me sentais heureuse de lire tous les messages que les gens
écrivaient. Ils me disaient que j’avais un grand cœur, que j’avais du courage…», dit celle qui ne se trouve pas particulièrement courageuse. Pour se préparer au jour J, Maëlle a regardé des vidéos Youtube.

Elle a ensuite augmenté son objectif à 3 000 $, dépassé lui aussi. Le dernier objectif en lice, 7 000 $, a été pulvérisé dans les heures avant le Défi et c’est finalement un beau chèque de 7 200 $ qu’elle tenait entre ses mains avec sa nouvelle coupe tendance minimaliste dimanche. Sa mère Annie et son père Grégory sont aussi repartis du Centre Vidéotron la boule à zéro, par solidarité avec leur fille et par amour pour leur maman et belle-maman Marie. Grégory a mis sa barbe à prix in extremis, permettant d’ajouter 100 $ à la cagnotte déjà généreuse.

Lundi matin, j’ai jasé avec Maëlle, juste avant qu’elle parte vers  l’école. Elle avait un peu froid au coco, qu’elle avait enveloppé d’un cache-cou! C’était comment, le Défi, ma belle ? «Il y avait beaucoup de monde. J’étais calme! Je suis contente parce que j’ai dépassé mon objectif. On m’a dit que c’est moi qui avais le plus gros montant…», confie-t-elle.

Un petit peu nerveuse à l’idée de revoir ses amis avec sa jolie tête de kiwi, elle était contente de savoir qu’elle ne serait pas toute seule. «Noémie aussi a fait le défi. Elle était nerveuse, mais je suis allée avec elle. C’est drôle, je n’ai jamais eu les cheveux aussi courts, même bébé, mais j’aimerais refaire le Défi un jour», raconte la mini fée.

 

Nathan, Annie Wagner Bouthillier, Grégory Bourguelat et Maëlle, quelques minutes après le Défi têtes rasées.

Et mamie Coucou dans tout ça?

Quand sa petite fille lui a annoncé qu’elle se ferait raser le coco le 26 mai pour lui ressembler, Marie n’était pas sûre de se rendre au jour J. Il y avait l’opération, les chimio destroy à traverser et tous les périls de ce chemin cahoteux. Ce petit doute minait un peu son éternel optimisme, même si elle gardait ça bien au fond de son cœur pour ne pas faire de peine à personne. Mais elle était là, avec sa petite-fille adoré et adorable, au Centre Vidéotron dimanche. Émue aux larmes, évidemment.

C’est rare que j’écris sur mes amis. Marie, j’espère que tu ne m’en voudras pas trop. Parce que je t’aime et que tu es une personne importante à mes yeux, j’avais envie de te l’écrire tout haut. Te dire que tu es une des personnes les plus généreuses que je connaisse. Les 1001 pots de ta fabuleuse gelée de pommettes que tu distribues à tout vent juste pour le plaisir de faire plaisir en sont la preuve succulente.

Je voulais t’écrire que ton sourire est une invitation à la confidence. Que je comprends ma mère de t’avoir choisie comme meilleure amie. Que ta famille est la mienne pour toujours depuis ce temps, depuis que tu m’as bercée, depuis que j’ai gardé tes enfants qui sont devenus mes amis. Depuis que Corine et moi, on a failli foutre le feu à ta maison pendant que tu bossais de nuit à l’hôpital et qu’on gardait tes petits. Tu ne nous as même pas chicanées.

Je voulais te dire aussi que tes petits enfants Maëlle et Nathan embellissent ma vie et celle de mes enfants. Que nos campings d’été en gang chez « mononcle Louis », un autre membre de la précieuse famille choisie, sont parmi les plus beaux souvenirs qui ornent les albums photos de ma mémoire.

Maëlle est confiante, et moi aussi. «Mamie Coucou n’a plus de cheveux et elle n’est plus aussi forte qu’avant.  Je n’aime pas qu’elle soit malade, mais je sais dans mon cœur qu’elle va passer à travers.»

De toute façon, le monde a besoin de plus de Marie Wagner et comme tu es le modèle-étalon, tu ne peux pas te sauver avant de nous avoir tous un peu contaminés de ta bienveillance.

Partager cet article