Le combat de Fabienne Tremblay

Par Emelie Bernier 6:50 AM - 22 mai 2019
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Fabienne Tremblay.

Fabienne Tremblay en a gros sur le cœur. En 2018, la préposée aux bénéficiaires d’expérience choisit de réaliser son rêve de déménager dans Charlevoix pour y travailler dans le nouvel hôpital de Baie-Saint-Paul. Elle n’a jamais vu venir le cauchemar qui est le sien depuis son congédiement.

Forte d’une expérience de plusieurs années comme préposée aux bénéficiaires à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, Fabienne Tremblay considère qu’elle connaît son métier. D’ailleurs, elle l’adore. «Je m’en venais travailler avec mon cœur. J’ai travaillé 20 ans en santé mentale et je pense que c’est le milieu le plus dur, mais on rit, on a du fun avec les patients, on se tient en équipe », se remémore-t-elle. Le choc a été d’autant plus grand quand, après seulement quelques mois au sein de l’équipe de l’hôpital de Baie-Saint-Paul, elle a reçu sa lettre de congédiement.

«Quand j’ai communiqué avec la personne qui s’occupait des transferts ici à Baie-Saint-Paul, elle m’a dit qu’il y avait beaucoup de besoins en ressources humaines. Mon ancienneté ne « suivrait » pas immédiatement, mais plus tard. J’ai mis fin à mon contrat à Québec, je suis déménagée dans Charlevoix et j’ai commencé à travailler début août », explique Fabienne Tremblay qui n’était pas au bout de ses peines. «Dès mon arrivée et pendant des mois,  toutes les semaines, je suis convoquée au bureau de ma supérieure qui m’appelle même pendant mes congés. On me dit qu’on me surveille… On me demande qu’est-ce que je fais ici! Ma supérieure était tout le temps sur mon dos… Elle me disait des choses comme «Si tu ne sais pas lire, on va t’aider!» Qu’est-ce que c’est que ça? C’est de l’intimidation! On m’a presque demandé d’être délateur, d’espionner mes collègues et de rapporter leurs faux-pas… », raconte-t-elle, à fleur de peau.

Elle confie que cette ambiance de travail la stresse au plus haut point et qu’elle en vient à regretter d’avoir suivi son cœur jusque dans Charlevoix. «J’ai développé de l’anxiété, je ne dormais plus…  Mon médecin m’a conseillé un arrêt médical et il a envoyé les papiers à ma supérieure qui les a reçus par fax, preuve à l’appui. Voilà que le 12 novembre,  je suis de retour devant ma supérieure, avec mon représentant syndical et on me congédie sans préavis», résume-t-elle.

A bout de souffle financièrement, émotivement ébranlée, Fabienne Tremblay a choisi en toute connaissance de cause de s’exprimer dans les médias, consciente que ses propos peuvent nuire à la représentation de sa cause.  Elle remet en doute de la légalité de son congédiement. « Ce n’est pas légal ce qu’ils ont fait! Je suis dans une position vraiment difficile. Je n’ai pas déclaré faillite encore, mais j’étire. Avoir su, franchement, je ne serais pas parti de l’institut pour venir ici », dit celle qui se bat maintenant pour faire reconnaître ses droits et surtout, retrouver une vie normale. « Je n’ai plus d’argent pour mettre de l’essence dans ma voiture, j’ai de la misère à m’acheter de la nourriture. Ce que j’ai vécu ici, c’est rien de moins que du harcèlement psychologique. Mon rêve de vivre dans Charlevoix est viré au cauchemar, mais je vais me battre pour regagner au moins ma dignité. Je n’ai rien à me reprocher », conclut-elle.

 

Le CIUSSS et le syndicat réagissent

(EB) Au Syndicat des travailleurs et travailleurs du CIUSSS de la Capitale-Nationale, on ne souhaite pas émettre de commentaires pour ne pas nuire à la procédure en cours. «Le dossier suit son cours et il y a une date d’audition prévue au mois de décembre », indique Richard  Boissinot, président du syndicat. Le CIUSSS est aussi laconique dans sa réaction, mais celle-ci laisse suggérer un motif de congédiement.

«Le CIUSSS de la Capitale-Nationale confirme que cette dame n’est plus à son emploi depuis novembre dernier. Considérant la vulnérabilité de la clientèle, le CIUSSS de la Capitale-Nationale doit s’assurer de l’exemplarité des soins prodigués. Nous ne pouvons tolérer aucune situation pouvant mettre en danger la santé ou la sécurité des résidents », a commenté Mélanie Otis, agente d’information aux relations médias.

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