De Cap-à-l’Aigle au Malawi : sur les traces de Bambo Deschênes

Par Karine Dufour-Cauchon 11:30 AM - 21 mai 2019
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À quoi ressemblera la communion de demain ? Les lieux de culte poursuivent leur réflexion avec la Santé publique afin de limiter la propagation du virus lors des célébrations. Sur notre photo, le père Richard Deschênes lors d’une célébration spéciale pour ses 50 ans de services

Connaissez-vous celui que l’on surnomme « Bambo Deschenes » ? Découvrez le récit d’un prêtre originaire de Cap-à-l’Aigle, et qui a consacré la moitié de sa vie à aider les pauvres, enfants et prisonniers du continent africain.

Quand vous partirez à la rencontre du mythique père Richard Deschenes, il entamera inévitablement la discussion avec sa formule fétiche WWW. Laissant étirer la réflexion de ses interlocuteurs, ce prêtre dévoile fièrement qui il est (Who he is), pourquoi est-il là (why is he here) et où il s’en va (where he is going).

Who? Ce personnage coloré est originaire de Cap-à-l’Aigle, petite paroisse où il a grandi avec ses neuf frères et sœurs. « J’ai été ordonné prêtre le 7 juin 1979, après un long cheminement alors que j’avais 30 ans. Je suis parti le 10 octobre suivant pour le Malawi pour devenir missionnaire d’Afrique. Pourquoi là-bas ? Charlevoix avait pourtant besoin de curés à l’époque. Mais mon cheminement devait passer par là, je le sentais. Je suis arrivé au Malawi après 18 heures d’avion », raconte le père, qui avait choisi le Malawi après être tombé par hasard sur un article à propos de ce pays dans une revue.

Why ? L’homme guidé par sa foi s’est alors aventuré dans le troisième pays le plus pauvre du continent africain. Le jeune prêtre ne savait pas à l’époque qu’il allait devoir apprendre une foule de dialectes et de coutumes locales. « J’ai commencé à travailler dans le diocèse de Mzuzu avec un confrère du Québec. J’y ai vécu une acculturation, comme le veut mon rôle de missionnaire. Je bafouillais plus le Tchetchewa et le Tchioumbouka que je ne le parlais » lance-t-il.

Bien que guidée par des forces métaphysiques, sa mission quotidienne était concrète. « Pour ceux qui se demandent à quoi peut bien servir un missionnaire, on se doit d’aider le plus de gens possible. Par exemple, je servais des déjeuners aux enfants arrivant à l’école le matin, qui venaient de marcher deux à trois heures le ventre vide pour venir apprendre. J’ai visité des prisonniers pour qu’ils se sentent moins seuls. On ne fait pas de miracle, mais on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a », continue Richard Deschênes.

« Cela fait aujourd’hui 50 ans. Ma plus grande leçon que j’ai apprise, c’est de voir les différences, apprendre des autres … et faire attention aux animaux sauvages ! », lance le père rieur, en jetant un regard pensif sur sa vie guidée par le hasard, la foi et l’humanité.

Where is he going now ? Comment Bambo, aujourd’hui âgé de 80 ans,  compte-t-il s’adapter à son retour dans la toge du père Richard Deschênes au sein d’une communauté chrétienne affaiblie et en vieillissement ?

« Ce n’est pas facile de revenir au Québec. J’arrive ici dans une société qui est complètement différente au point de vue de la foi. Je ne veux pas juger les choix de la société. Ça m’a fait un choc de revenir pratiquer dans Charlevoix. Mon église de Cap-à-l’Aigle est aujourd’hui disparue. De ne plus voir de jeunes dans les églises, c’est un choc aussi. Au Malawi, les jeunes remplissent à ras bord les églises. Ça fait un gros contraste ».

« Je tiens à remercier ma famille qui me donne du feu pour avancer. Ils m’aident à cheminer. J’en suis vraiment reconnaissant. Je remercie ma communauté internationale et tous les Charlevoisiens qui m’ont supporté année après année », a soutenu le missionnaire en guise de conclusion.

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