Un pan de l’histoire maritime en danger

Par Lisianne Tremblay 7:41 AM - 6 mars 2019
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Il est minuit moins une pour la sauvegarde des goélettes de bois du Musée maritime. Sans intervention rapide du gouvernement, elle pourrait bien disparaître du paysage. Et le coût de cette mission de sauvetage est de 5 millions $.

La directrice générale du Musée maritime de Charlevoix, Marie Anne Rainville, indique travailler sur ce dossier depuis son arrivée il y a 18 mois. « Chaque année, nous déposons des projets auprès du ministère de la Culture et des Communications, mais les programmes ne sont pas faits pour ce type de biens. Il y en a peu au Québec. Notre projet de restauration s’élève à quatre à cinq millions et il s’échelonnerait sur plusieurs années. Si ce projet était fait, nous serions en mesure par la suite d’effectuer un entretien annuel des goélettes. Nous trouvons que les délais sont longs. Nous avions une rencontre avec la députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré, Émilie Foster, mais elle a été reportée. Plus nous attendons, plus ça coûtera cher et cela risque de devenir irréversible. Ce sont de véritables biens patrimoniaux puisqu’ils ont été faits par des Charlevoisiens avec les matériaux, qu’ils avaient sous la main. »

Le président du conseil d’administration du Musée maritime de Charlevoix, Claude Lafleur, considère avoir assez attendu. Lors de la dernière rencontre, « les membres du conseil d’administration ont exprimé leur exaspération devant la lenteur des autorités gouvernementales à prendre leur part de responsabilité devant la dégradation des goélettes de bois sises au Musée, a soutenu M. Lafleur. Elles sont les derniers vestiges d’un pan important du patrimoine culturel de Charlevoix et du Québec. Cependant, on ne saurait exiger d’une communauté villageoise, aussi brave soit-elle, qu’elle prenne à sa charge trois goélettes de bois. Pas plus que l’on ne saurait attendre du milieu maritime, déjà très généreux, qu’il joue un rôle qui n’est pas le sien. »

Deux des trois goélettes ont été classées bien patrimonial du Québec en 1978. Il s’agit de la Goélette Saint-André et La Marie-Clarisse construite en 1923. « La sauvegarde des goélettes de bois est une garde partagée entre la communauté et l’État, a ajouté M. Lafleur. Or, pour l’heure, les membres du conseil d’administration du Musée ont la fâcheuse impression de porter seuls la charge mentale de l’avenir des goélettes de bois. Pourtant, ces voitures d’eau sont les plus beaux et distinctifs artéfacts du patrimoine maritime québécois. Elles témoignent d’un savoir-faire et d’une ingéniosité rare en plus de valoriser un terroir forestier unique. »

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