Mon avis sur le projet du Havre

Par Brigitte Lavoie 12:00 PM - 6 mars 2019
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J’adhère au projet du Havre.

Comme Charlevoisiens, nous avons rarement l’occasion de nous intéresser à un projet municipal de 5,8 millions $ qui n’a rien à voir avec l’aqueduc, la gestion des poubelles, l’asphaltage ou un camion de pompier.  Alors, se faire offrir sur un plateau, taxes municipales incluses, un projet tel que le Havre à La Malbaie, c’est à la fois déstabilisant, angoissant et euphorisant. Attention, jeux d’eau à l’horizon!

Le Havre est évidemment un projet non essentiel à la survie de notre espèce puisqu’il dépasse les besoins de base du citoyen moyen, à savoir l’hygiène, la sécurité et la gestion des nids de poule. Mais voilà, ce genre de projet survient, parfois, quand une municipalité a un conseil municipal avec de la vision et une équipe de professionnels avec la tête hors de l’eau de la poutine opérationnelle municipale. Un genre de projet qui s’inscrit dans la foulée des infrastructures de loisirs conviviales et bonnes pour la santé physique et mentale telles que piscine municipale, bibliothèque, terrains de pétanque et espaces verts ou encore centre sportif avec terrain de soccer intérieur!

Comme la majorité d’entre vous sans doute, je n’ai personnellement aucun scrupule à voir disparaître le terrain de bouette du chemin du Havre, même si ça compliquera la vie des organisateurs d’un prochain G7 qui auront à trouver un autre emplacement pour leur enclos à manifestants…

Selon les plans du futur Havre présentés par la Ville de La Malbaie, le projet a de quoi séduire la majorité silencieuse : aménagements paysagers élaborés et de bon goût, toit vert, mobilier urbain moderne et intégré, salle multifonctionnelle lumineuse avec vue, intermodalité, jeux d’eau sobres, sentier de patin extérieur, agora et espace de glissade. On sort des sentiers ultra-battus et conventionnels que nous connaissons ici, où on saupoudre (trop) souvent des initiatives timides de mise en valeur de nos attraits locaux avec des 2 x 4 peinturés. Le projet du Havre promet de la prestance et ça fait du bien.Évidemment, il y a toujours un coût à pareille vision, ainsi que des craintes quant à la finalité du projet : l’intégration du bâtiment dans le secteur, l’optimisation et la mise en valeur des installations, l’impact environnemental et financier du projet.

«Des inquiétudes qui, si elles ne trouvent pas encore toutes leurs réponses, susciteront nécessairement des efforts de la municipalité qui a tout intérêt à mettre en valeur cet investissement et à en assurer le succès. En fait, je n’ai jamais rencontré une municipalité qui souhaite manquer son coup. Et vous?

Il y aura nécessairement une période d’ajustement et de transition pour la mise en marche du Havre et son appropriation par les citoyens. Et les éternels insatisfaits trouveront toujours quelque chose à critiquer. Quant aux autres, ceux qui aspirent volontiers à plus et mieux, disons que patience, confiance et collaboration avec l’appareil municipal viendront à bout des irritants.

Sur la question de l’offre touristique, nul doute que le Havre aura son effet sur l’expérience des visiteurs sans pour autant viser une affluence touristique. Êtes-vous allés à Percé récemment? Oui, oui, Percé! Un endroit que tout le monde a vu, ou presque, mais qui a du beau nouveau.

D’abord le fantastique et impressionnant premier Géoparc mondial de l’UNESCO, mais aussi un littoral complètement réhabilité et incroyablement bien aménagé dans le cadre d’un projet majeur de 21 millions $. On va toujours à Percé pour son rocher et son île Bonaventure, mais ces nouveaux aménagements ont une incidence très positive sur l’expérience vécue par les visiteurs. En fait, on a le goût de s’éterniser encore plus qu’avant dans ce coin de pays parce qu’on s’y sent bien et accueilli et parce que l’offre y est diversifiée et actuelle. C’est facile d’imaginer que le projet du Havre aura lui aussi une incidence positive sur l’expérience de nos touristes à nous. Et c’est facile d’imaginer qu’à toujours attendre avant d’investir dans des projets porteurs, on manque le train que d’autres ont déjà pris.

 

En terminant, rappelons que la Ville de La Malbaie et ses conseils municipaux mijotent un projet pour le secteur du Havre et son terrain vague depuis plusieurs années. Le maire Michel Couturier prétend que ce projet vient d’une longue réflexion et l’histoire lui donne raison. Un ami sensible aux dossiers municipaux me citait cette semaine Victor Hugo en faisant référence au projet du Havre : « Rien au monde n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue. »

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