Bienvenue chez les Mammouths

Par Emelie Bernier 12:00 PM - 20 février 2019
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Simon Blais, Théodore, Noémi Poupart et Adèle-Soleil devant la "fenêtre de la vérité", qui laisse apparaître la paille qui isole leur maison.

En construisant de A à Z leur maison écologique isolée à la paille, Noémi Poupart et Simon Blais ont vécu une aventure humaine à la fois exaltante et parfois éreintante. A quelques semaines d’y emménager pour de bon, ils envisagent l’avenir avec joie!

Le feu brûle dans l’âtre et il fait bon dans la Maison des Mammouths. Noémi et Simon l’ont nommée ainsi en l’honneur de ces valeureux mammifères d’une autre époque, « résilients, forts et qui bravaient les tempêtes ensembles, coûte que coûte». Et ils ne croyaient pas si bien dire! L’épopée d’une construction écologique nécessite ces qualités et bien d’autres…

« On a commencé à penser, à organiser et à faire des plans il y a deux ans. Initialement, on souhaitait construire en 2017, mais on a tout reviré de bord après avoir visité des amis. Ça nous a fait prendre conscience de l’ampleur et on s’est rendu compte qu’on manquait de préparation. On avait fait un plan de maison écologique relativement plus conventionnel, mais quand on a vu le foyer de masse et certaines caractéristiques inspirantes, on s’est donné un dix mois de plus pour la planification », explique Simon.  « Et pour aller vraiment où notre cœur nous menait », ajoute Noémi.

Pour bien faire les choses, ils ont pris le temps de faire la certification en design de bâtiment écologiques de Solution Era, une formation en ligne qui aborde tous les aspects d’un projet d’autoconstruction comme le leur, une décision qu’ils n’ont jamais regretté.

« Ça nous a permis de poser plein de questions et de trouver plein de réponses. En même temps, on faisait notre plan. Tout a sauté du plan initial ou presque! On a gardé le 24X32 », rigolent les complices que le projet a définitivement soudés.

Des chambres plus petites, des espaces de vie commune plus vastes, une seule et petite salle de bain, un foyer de masse, bien sûr, ont été intégrés au plan qu’ils ont réalisé sur un logiciel gratuit.

La municipalité des Éboulements s’est montrée réceptive à leur projet d’autoconstruction. «On n’a pas eu de pépins administratifs. Aux Eboulements, ils sont très ouverts! », salue Noémi.

La construction a débuté avec l’été 2018. «On a commencé avec l’élément qui avait le plus de risque de « foirer » : le caveau a patates! On n’avait jamais rien construit ensemble. Oui,  on est manuels, mais on n’avait pas de connaissance précises en construction… Il y a eu quelques moments de tension, mais on est passé à travers. Et le contracteur qui est venu couler le béton a dit que c’était « bracé pour résister à la fin du monde»! ah!ah! Au final, on s’est dit que des « rushs » de même, on en voulait pas d’autres.  On voulait des souvenirs positifs du chantier. C’est la survie de ton couple qui est en jeu… », racontent-ils.

Leur chantier avait ceci de singulier qu’ils l’ont rendu participatif. «On a eu environ 75 personnes qui sont venues nous aider pour les aspects « artisanaux » de la construction : des amis, des parents, mais aussi des gens via la plateforme Workaway », expliquent-t-ils. Seul échéancier à respecter san faute, la pose des 450 balles carrées de paille. «Il fallait avoir fini le mortier avant une certaine date, sinon l’humidité, le gel, ce n’est pas bon. C’était le point le plus stressant », expliquent les autoconstructeurs qui ont relevé le défi.

S’ils souhaitaient intégrer la maison à l’automne, ils ont dû revoir cet objectif. Le froid, et la neige hâtive, ont joué sur le moral des troupes.  « Cet automne, Noémi a recommencé a travaillé, il faisait « frette », les pistolets à clou gelaient…J’ai fait la finition extérieure au marteau! On habitait dans la roulotte, mais quand il a commencé à neiger, il a fallu se rendre à l’évidence et on a pris un appartement, le temps de rendre la maison habitable les enfants », raconte Simon qui avoue avoir ressenti une pointe de découragement.

Ces jours-ci, l’humeur est au beau fixe, car dans quelques semaines, Adèle-Soleil, Théodore, Simon et Noémi emménageront pour de bon dans leur maison érigée au cœur d’un plus vaste projet. «Après avoir rêvé d’un éco-hameau, là,  on a un hameau familial avec mes frères, mes parents. On a des projets en commun comme un verger, de la transformation, des ruches, sans que ce soit nécessairement à but commercial.  On va se faire un milieu de vie qui nous ressemble, qui rejoint nos valeurs », conclut Noémi, tout sourire.

 

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