À l’université… du 3e âge

Par Brigitte Lavoie 11:30 AM - 14 février 2019
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L’antenne de l’Université du 3e âge de Charlevoix est pilotée par les bénévoles dévoués Micheline Dufour, Gisette Bergeron, Pierre Grégoire, Hélène Savard, Huguette Savard et Pierre-Paul Savard (absent).

Mardi après-midi. Une salle baignée de lumière. Une professeure en pleine possession de son sujet. Des étudiants sérieux, attentifs et intéressés… aux cheveux blancs! Cette semaine, je suis retournée à l’université, à cinq minutes de chez moi. Une permission spéciale accordée par l’Université du 3e âge.

Dans Charlevoix, des bénévoles organisent depuis maintenant 22 ans des sessions de cours en partenariats avec l’Université de Sherbrooke. Cette maison d’éducation est d’ailleurs l’une des plus généreuses avec ce type d’enseignement hors campus puisqu’elle compte 46 antennes du genre un peu partout au Québec.

Ici, cette « université » est ouverte à tous ceux qui ont l’âge légal de 50 ans et qui défraient le coût d’inscription (69 $ par session). Il n’y a pas de prérequis, sinon d’avoir deux oreilles et de se déplacer à La Malbaie ou Baie-Saint-Paul pour assister aux cours. L’Université du 3e âge est une invitation au plaisir d’apprendre ou tout simplement une invitation à s’asseoir et à s’intéresser au sujet exposé.

L’Université du 3e âge est un privilège réservé aux personnes âgées de plus de 50 ans, animées par le désir d’apprendre.

Les élèves ont entre 50 et 90 ans puisqu’il « n’y a pas d’âge pour apprendre », assure la bénévole Gisette Bergeron. « Notre antenne réussit très bien et nous sommes très fière de ça. Notre grand succès est notre équipe de bénévoles », précise pour sa part l’une des doyennes, Huguette Lapointe.

En ma qualité d’étudiante d’un jour, j’ai adoré mon après-midi avec les 37 autres étudiants présents dans la salle du conseil de ville de La Malbaie qui se transforme en salle de classe tous les mardis après-midi. Je suis restée jusqu’à la fin et me suis laissée prendre au jeu d’écouter la professeure Nadia Murray expliquer ce qui caractérise les années 1980 dans l’histoire de la chanson québécoise. Un après-midi en classe un brin nostalgique, pas pour la comédie musicale Pied-de-Poule, mais pour cette époque de ma propre vie universitaire et de ses cours magistraux foisonnants. Je me suis rappelé l’effet que ça fait, apprendre quelque chose qui nous intéresse à un âge où on « étudie » par choix et non par obligation.

Mardi, des étudiants me disaient venir à l’université du 3e âge « pour apprendre et socialiser ». « Certaines personnes s’inscrivent, peut-importe le sujet. Les gens aiment beaucoup les cours d’histoire », constate Pierre Grégoire, membre du comité de bénévole en charge. « Pas besoin d’être allé à l’université pour venir ici. Tout le monde est bienvenu. C’est une façon de rester actifs à la retraite et d’entraîner notre mémoire », ajoute M. Grégoire et ses collègues.

Quant à la professeure Nadia Murray, elle apprécie cette charge de cours qui diffère de celle du collégial. « C’est assez extraordinaire comme expérience d’enseignement. Les gens sont très attentifs et posent des questions. Ils ont vécu, vu ou entendu des choses liées au sujet dont on parle et ils enrichissent le cours et ma connaissance du sujet. Il m’arrive de prendre des notes », ricane Mme Murray.

Celle qui enseigne aussi la littérature au Centre d’études collégiales en Charlevoix (CECC) a préparé spécialement ce cours sur l’histoire de la chanson québécoise pour l’antenne charlevoisienne. Cours dépisté par l’Université Laval et qui sera offerts aux étudiants du 3e âge de Québec. « C’est énormément de préparation, mais je le fais pour le plaisir. Mes collègues au cégep Jean-Michel Castonguay et Geneviève Laurin l’ont fait aussi. Les étudiants nous en donnent tellement, que je veux aussi leur en donner. J’arrive prête au quart de tour, je ne veux pas les décevoir. J’adore ça. Et surtout, je n’ai pas de correction à faire! »

Une expérience qui l’a aussi « réconcilié » avec l’âge d’or. « Dans mon cours, je vois des gens retraités et d’un certain âge qui sont actifs, ouverts d’esprit, curieux, qui aiment apprendre, qui ont une vie sociale autour. » Comme quoi vieillir a ses avantages quand on sait bien s’entourer… et aller en classe!

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