Alerte à la bombe… météo

Par Émélie Bernier 11:45 AM - 6 février 2019
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Tous aux abris! L’apocalypse est à nos portes. Assurez-vous d’avoir de l’eau potable en quantité, une radio old school qui ne dépend pas du wifi, des vivres, une lampe de poche, des batteries, des couvertures… Vous n’avez pas de bunker? Faudra faire sans, mais de grâce, encabanez-vous! Le péril blanc vous guette.

Et surtout, ne faites pas de projet qui vous obligeraient à mettre le nez dehors pendant que le monde tel que vous le connaissiez s’écroule sous le poids des flocons.

Il va neiger. Pis?

Quand sommes-nous devenus si frileux? À écouter les bulletins météorologiques dantesques qui précèdent chaque bordée, on pourrait croire que les Québécois n’ont jamais connu d’hivers. Vortex polaire, froid glacial, bombe météorologique, tempête explosive, voire violente: les scribes qui donnent dans la nomenclature associée aux aléas de l’hiver s’en donnent à cœur joie! Il n’y a pas d’épithètes ni d’attributs ni de métaphores trop alarmistes pour décrire le péril blanc qui nous menace. Ajoutez-y le facteur éolien et faites vos prières. Peut-être que vous ne passerez pas à travers. L’hypothermie vous attend sur le pas de la porte, tenez-vous le pour dit.

Cette tendance lourde à diaboliser la blanche saison et ses incontournables phénomènes naturels n’est pas sans conséquence. Combien choisissent de s’enfermer à double tour plutôt que d’affronter Éole et Chioné, déesse de la neige, du froid et de la glace et fille de Borée, dieu du vent du nord qui a donné son nom aux aurores? (Merci Wikipédia!)

Ça, c’est moins de gens sur les pentes de ski ou dans la Vallée des Glaces, in extenso moins de nuitées dans les hôtels d’ici, car tout le monde sait (ou pense) que le frette est bien plus frette en région…On le sait qu’ils ont tout faux, mais nous, les locaux, ne sommes pas tellement mieux. Que celui qui n’a jamais annulé une sortie au resto ou au cinéma en raison des prédictions redoutables de Météomédia me jette la première boule de neige!

Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver, chante Gilles Vigneault de sa voix qui a tant vu neiger. L’aurions-nous oublié? Tenez-vous le pour dit, car ce n’est pas demain la veille que ça va changer.

Tout est une question d’attitude. Aimez l’hiver et il vous le redonnera au centuple! Habillez-vous chaudement, prenez votre courage à deux mitaines et embrassez cette saison qui a tant à offrir! Nous sommes si chanceux de vivre ici, où l’hiver déploie tous les atouts qui font son charme. Une neige immaculée et abondante, une nature généreuse et 1001 propositions exaltantes pour en profiter.

Oui, c’est chiant, déneiger son auto par -30. Oui, on en a marre de pelleter. Oui, il fait frette. Oui, ça coûte cher de chauffage. Oui, c’est parfois mieux de ne pas prendre la bagnole quand on ne voit pas deux pieds devant et que les congères menacent.

Oui, oui, oui, vous avez le droit d’haïr l’hiver comme Dominique Michel, «les dents serrées, les mains gercées, les batteries à terre et les finales jusqu’aux mois de mai». On sait tout ça. Mais faut-il avoir peur de l’hiver pour autant? Hey, ho! Vous êtes fait plus fort que ça!

Nos ancêtres vivaient dans des cabanes isolées à la guenille et au crin, cassaient la glace pour aller chercher l’eau et mangeaient des pousses de sapin! Peut-on, dans le confort de notre siècle douillet, leur rendre hommage en enfilant nos raquettes, nos skis, nos patins pour danser avec le froid qui a fait de nous les vigoureuses créatures quatre saisons que nous sommes?

Peuple du Nord, arrête de t’en faire avec les menaces de brouillard de glace, de blizzard, de fin du monde frigorifiée et autres calamités annoncées! Je vous lance l’invitation de Vigneault : « mettez votre parka, je mets le mien, vous verrez d’où ce que le vent vient!» Faites fi des oracles cataclysmiques des Miss Météo de ce monde et vous verrez que l’hiver pas mal moins pire dans la vraie vie qu’à la tivi.

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