Hôpital de Baie-Saint-Paul: un scanner dans la mire

Par Gilles Fiset 3:30 PM - 29 janvier 2019
Temps de lecture :

Les responsables du CIUSSS de la Capitale nationale analysent les options pour l’installation d’un appareil de tomodensitométrie, aussi appelé TACO ou scanner à l’Hôpital de Baie-Saint-Paul. L’absence d’un tel équipement est inconcevable pour un chercheur en médecine d’urgence.

Mélanie Otis des communications du CIUSSS de la Capitale-Nationale a confirmé que les responsables de son établissement évaluait la possibilité pour l’Hôpital de Baie-Saint-Paul d’être doté d’un scanner. « Il n’y a pas d’échéancier d’établi, mais on est vraiment en phase d’évaluation pour décider si cette acquisition là va avoir lieu. Il faut voir les besoins, les coûts et le financement », a-t-elle mentionné au téléphone.

Pour le Dr Richard Fleet, titulaire de la chaire de recherche en médecine d’urgence de l’Université Laval, l’absence d’un tel instrument dans un hôpital flambant neuf est une aberration.

Un outil de base

Le Dr Fleet et son équipe ont étudié la situation de différents hôpitaux au Québec et même au Canada concernant les soins d’urgence et les équipements disponibles pour répondre aux besoins des patients. L’absence d’un scanner à l’Hôpital de Baie-Saint-Paul a même été étudiée de près pendant plusieurs années.

Pour le chercheur universitaire, tout hôpital moderne, dont celui de Baie-Saint-Paul, doit pouvoir disposer d’un scanner. « C’est un outil de base qui est utilisé entre autres à l’urgence, pour avoir un diagnostic rapidement. On a étudié ça au Québec et je peux vous dire que 70 % des hôpitaux qui ont le même profil et la même taille que celui de Baie-Saint-Paul en sont déjà dotés », prétend le Dr Fleet. Ce dernier va même plus loin dans ses affirmations, « Je ne connais pas beaucoup centres hospitaliers qui ont un ou deux chirurgiens de garde 24 h sur 24 et qui opèrent, comme c’est le cas à Baie-Saint-Paul, et qui n’ont pas de scanner. Aujourd’hui, on opère de moins en moins sans que le patient ait déjà passé ce genre d’examen. On doit faire passer l’examen ailleurs, dans un autre hôpital, avec les coûts, les désagréments, la souffrance même quelquefois, et le temps que ça demande pour un examen qui prend seulement 15 minutes à passer en moyenne. Juste en économisant les coûts de transport, ça justifie l’installation de scanner dans votre hôpital ». D’autant plus, selon lui, que l’Hôpital de Baie-Saint-Paul est situé dans une région où les hivers sont rigoureux et les routes quelques fois difficilement praticables, rendant les transferts quelquefois difficiles.

Des coûts à évaluer

Selon un article publié en décembre 2017 dans BMC research notes et basé sur une étude réalisée de 2010 à 2014 par le chercheur en médecine (Lack of CT scanner in a rural emergency department increases inter-facility transfers: a pilot study), seulement pour l’urgence, l’hôpital de Baie-Saint-Paul enverrait une moyenne de 125 patients par année passer un tel examen d’imagerie médicale. « Juste ce chiffre-là démontre que c’est aberrant pour Baie-Saint-Paul de ne pas avoir son propre scanner », affirme le Dr Fleet, auteur de l’article.

Selon la même étude, près de 93 transferts en ambulance seraient faits par année pour envoyer un patient passer un scanner, totalisant une somme de près de 68 000 $ en transport ambulancier, en tenant compte d’un coût de 722 $ pour chaque voyage aller-retour. Ce chiffre ne tient pas compte des frais engendrés par les salaires du personnel d’accompagnement.

Des coûts élevés donc qui doivent être pris en compte dans la décision de l’achat ou non d’un scanner à plus de 750 000 $ et d’une maintenance de plus de 160 000 $ par année.

Un outil de rétention de médecins

Il ne fait pas de doutes pour le titulaire de la chaire en médecine d’urgence que la présence ou non d’un scanner à l’Hôpital de Baie-Saint-Paul pourrait avoir des impacts sur la rétention de nouveaux médecins, habitués à travailler avec de l’équipement ultramoderne. « L’Hôpital de Baie-Saint-Paul est relié avec le CIUSSS, donc vous allez attirer prochainement des étudiants universitaires en médecine. Allez-vous accepter d’avoir un hôpital flambant neuf, mais que ces étudiants constatent que vous êtes d’un autre âge par rapport à l’imagerie médicale », affirme le Dr Richard Fleet.

Les responsables du CIUSSS de la Capitale nationale analysent les options pour l’installation d’un appareil de tomodensitométrie, aussi appelé TACO ou scanner à l’Hôpital de Baie-Saint-Paul.

Scanner à Baie-Saint-Paul : La Malbaie, pas en ligne de compte

Pour les dirigeants du CIUSSS, la présence d’un autre scanner dans la région, à l’Hôpital de La Malbaie, n’entrera pas en ligne de compte dans l’analyse en cours pour doter l’Hôpital de Baie-Saint-Paul du même équipement, selon ce qu’à mentionné la responsable des communications du CIUSSS, Mélanie Otis.

Depuis 2001, l’hôpital de La Malbaie dispose d’un scanner. Encore aujourd’hui, c’est le seul appareil du genre pour desservir l’ensemble de la région. Une aberration selon le Dr Richard Fleet (voir autre texte). « C’est comme si vous disiez qu’il y a déjà un poste de pompier à La Malbaie alors pour économiser les coûts, on ne va pas en mettre un à Baie-Saint-Paul qui est situé à une quarantaine de minutes de route. C’est aberrant ». Pour le chercheur en médecine, chacun des hôpitaux se doit de posséder son propre scanner.

 

Partager cet article