Cinq questions sur les changements climatiques

Par Jean-Sébastien Tremblay 7:30 PM - 16 novembre 2018
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Geneviève Laurin est enseignante au CECC.

Alors que le dossier des changements climatiques a défrayé les manchettes nationales au cours des dernières semaines avec l’entrée du Canada dans la bourse du carbone et les propos du chef du Parti populaire du Canada Maxime Bernier, le Charlevoisien a cherché à comprendre les impacts de ce phénomène sur notre région. Geneviève Laurin, enseignante de biologie au Centre d’études collégiales en Charlevoix (CECC), a accepté de répondre aux cinq questions à un prof à ce sujet.

Q : Quels sont les effets potentiels des changements climatiques sur la région de Charlevoix d’ici 2050 ?

R : Les changements climatiques occasionneront une hausse du niveau des océans qui se répercutera sans doute dans Charlevoix. Pour nous, le littoral est très important. Il faut s’attendre à ce que la ligne des côtes change, et que plusieurs municipalités perdent du territoire. Le phénomène de l’érosion risque de s’accélérer, et d’amplifier ces problématiques. Des endroits comme l’Isle-aux-Coudres pourraient être durement touchés. Également. Nous vivrons plus d’extrêmes climatiques. Par exemple, avant, nous n’étions pas affectés
par les queues d’ouragan. Maintenant, nous le sommes. Nous devrons être encore plus prévoyants.

Q :Est-ce que la Bourse du carbone est un moyen efficace de combattre les changements climatiques ?
R : Pour les activistes environnementaux, ce n’est pas l’approche qui est privilégiée, car elle donne l’impression de légitimer des activités qui sont néfastes pour l’environnement. D’un autre côté, cet outil peut être utile dans une perspective globale. Si, au bout du compte, moins de gaz à
effet de serre sont envoyés dans l’atmosphère, on ne peut pas être en défaveur  de ce moyen. À date, certains résultats ont été atteints grâce à cette bourse.

Q : Existe-t-il d’autres moyens de réduire l’émission des gaz à effet de serre ?
R : Il est possible pour le gouvernement de donner plus d’incitatifs aux entreprises dans ce domaine en réglementant davantage. Par exemple, le gouvernement peut favoriser la modernisation de leurs équipements et l’atteinte de cibles
élevées. Par contre, les gouvernements sont plus hésitants à aller dans cette voie car ils vivent sous la menace de pertes d’emplois et de fermeture d’usine. Néanmoins, les expériences de certains états comme la Californie ne supportent pas cette théorie.

Q : Est-ce que l’industrie touristique mise de l’avant dans Charlevoix a un impact important sur les changements climatiques ?
R : Selon les dernières études, cette industrie contribue à 8% des émissions de gaz à effet de serre. Or, toutes les activités économiques y contribuent dans une certaine mesure. Ce n’est inoffensif, mais il existe des cibles plus efficaces pour réduire l’émission des gaz à
effet de serre. Par exemple, réduire la consommation de viande permettrait à la population de réduire son empreinte écologique considérablement. De plus, il y a des bénéfices de santé.

Q : Est-ce que la lutte aux changements climatiques passe absolument par la décroissance économique ?
R : C’est évidence, nous ne pouvons pas continuer dans la direction dans laquelle nous allons. C’est mathématique. Nous sommes de plus en plus d’humains, chaque personne consomme de plus en plus de ressources et les ressources de notre planète sont limitées. Nous allons arriver à une impasse où il n’y aura pas d’autres solutions que de consommer moins individuellement, ou qu’il y ait moins d’individus. Je ne vois pas de scénarios agréables pour arriver à cela. Si nous ne voulons pas frapper un mur, nous devons changer notre mode de consommation.

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