Désaccord autour d'un legs rassembleur

Par Jean-Sébastien Tremblay 4:27 PM - 7 novembre 2018
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Plusieurs membres du comité aviseur sur le legs culturel offert par Loto-Québec à la ville de La Malbaie sont déçus que l’œuvre n’ait pas été placée à l’endroit originalement sélectionné par eux.
« Nous avons l’impression que le conseil municipal n’a pas respecté notre expertise en installant le legs à côté de l’hôtel de ville. Nous avions sélectionné le parc situé à côté de l’église de La Malbaie après de nombreuses heures de réflexion. C’est décevant », affirme Annie Breton, historienne et muséologue, qui siégeait sur ledit comité ayant mis sur pied pour la réalisation du projet.
Cette dernière rappelle que Jacques Tremblay, Yvan Dion, Claude-Bernard Harvey, Nancy Giguère, Annick Perron et elle-même sont des spécialistes dans leur domaine respectif, et que leurs recommandations étaient bien réfléchies.
« Loto-Québec avait un but bien précis lorsqu’il a offert le legs à la municipalité. Ce n’est pas seulement une œuvre, c’est une réponse à une problématique sociale que nous avions constatée » poursuit-elle. Après réflexion, les membres avaient choisi de s’attaquer au manque de sentiment d’appartenance de tous les citoyens de la ville de La Malbaie, née d’une fusion municipale de cinq entités distinctes qui n’est pas tout à fait consommée.
Dans ce contexte, le choix du parc situé à côté de l’église de La Malbaie s’est imposé naturellement, car c’est le « point rassembleur de la communauté ». Le comité désirait y créer un véritable espace citoyen articulé autour de l’œuvre, où les gens auraient pu se retrouver et échanger.
« L’appel d’offres et le choix de la proposition de Danielle April ont été faits dans cette perspective. Son œuvre évoque les cinq paroisses fusionnées et le cratère de Charlevoix », poursuit Mme Breton.
« Après l’appel aux artistes, on m’a demandé d’esquisser un plan d’aménagement pour le parc, adjacent  au presbytère, qui devait  servir d’écrin pour l’œuvre de Mme April. J’ai remis ce plan à la fin décembre 2017 et depuis, aucun signal radio de la part de la Ville », relate Charles-Bernard Harvey, membre du comité aviseur.
Il n’a appris que quelques jours avant son installation par une représentante de Loto-Québec qu’elle était déplacée vers l’hôtel de ville. Annie Breton n’a pas été consultée également.
« La Malbaie, [en escamotant] le volet social du projet de legs, le [réduit] à une décoration », déclare-t-il. Quant à elle, Annie Breton croit que l’emplacement original était préférable, car des panneaux d’interprétation y étaient prévus, ce qui aurait permis aux citoyens de mieux le comprendre et l’apprécier.
La muséologue réfute l’argument selon lequel la sculpture contemporaine aurait détonné dans le lieu religieux et patrimonial. « Partout à travers le monde, l’ancien et le moderne se côtoient sans problème. Cela démontre d’où l’on vient, et vers où l’on s’en va », explique-t-elle.
Michel Couturier, maire de La Malbaie, assume très bien le choix fait par le conseil municipal. Essentiellement, des raisons pratiques ont justifié la décision. « Le projet recommandé par le comité aurait engendré des coûts importants pour la municipalité, car il aurait fallu aménager un tout nouveau parc », avance-t-il.
De plus, les élus ne souhaitaient pas enlever des stationnements au centre-ville, alors qu’ils essaient présentement d’en augmenter le nombre. Aussi, il ne croit pas que le parc adjacent à l’église aurait permis la mise en valeur de l’œuvre, car il est consacré au patrimoine.
« Avant de faire ce choix, nous avons consulté l’artiste et elle était d’accord », affirme-t-il. De plus, ce dernier est convaincu que legs rempli son mandat à l’endroit où il est installé, à côté de l’hôtel de ville. Le maire croit qu’il contribue à revitaliser l’entrée du centre-ville, ce qui est gagnant pour tous les citoyens.
 

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