Cinq questions à un prof de la région… la littérature québécoise

Par Jean-Sébastien Tremblay 4:03 PM - 2 août 2018
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Professeur de littérature au Centre d’études collégiales en Charlevoix depuis 22 ans, Mario Lapointe voit passer sur ses bancs d’école les futures générations de lecteurs et lectrices. À l’occasion des vacances estivales, Le Charlevoisien s’est entretenu avec celui-ci afin d’en connaître davantage sur la littérature des gens ici.
Q : Quels sont les courants actuels en littérature québécoise ?
R : Présentement, il est difficile de faire un diagnostic précis sur notre époque littéraire, car nous n’avons pas de recul. Un courant, c’est une école de pensée et une esthétique autour de laquelle se rejoignent les écrivains. Depuis les années 90, nous en sommes à l’époque de la postmodernité. À l’heure actuelle, nous retrouvons beaucoup d’autofictions dans les œuvres des auteurs québécois. Dans ces ouvrages, les auteurs se mettent eux-mêmes en scène. C’est très semblable aux courants américains et français. Également, plusieurs d’entre eux sont interdisciplinaires. Par exemple, le dernier roman de Dany Laferrière est écrit à la main, et est illustré.
Q : Quelles sont les thématiques abordées par les auteurs québécois ?
R : Encore une fois, les œuvres des écrivains d’ici suivent les tendances mondiales. On retrouve beaucoup de récits qui abordent les questions religieuses, la sexualité au sens large, le cosmopolitisme et l’immigration. En fait, le contenu des livres d’ici reflète les préoccupations actuelles de la société en général.
Q : Réjean Ducharme est décédé récemment. Présentement, est-ce qu’il y a un auteur qui est le porte-étendard de la littérature québécoise?
R: Parmi la génération plus ancienne, Michel Tremblay et Dany Laferrière sont certainement un incontournable. Chez les jeunes, c’est plus difficile à dire, car aucun ne sort particulièrement du lot. Chaque littérature nationale a son romancier fondateur. Dante a le père de la littérature italienne. Pour les Espagnols, c’est Cervantes qui joue ce rôle. Rabelais est considéré fondateur de la littérature québécoise. Pour le Québec, ce n’est pas aussi clair. Après analyse, on arrive souvent à Gaston Mirron et Michel Tremblay. Par contre, leurs œuvres marquantes sont de la poésie et du théâtre.
Q : En 2018, alors que nous sommes bombardés d’informations de toute part, est-ce encore pertinent de lire des œuvres de la littérature québécoise ?
R : Plus que jamais, car tout est texte de nos jours. Si une personne est capable de lire un roman, elle sera aussi en mesure de lire le rapport annuel de la Caisse populaire, et de naviguer sur internet. En 2018, être analphabète, c’est beaucoup plus difficile, même si nous frôlons toujours le 50 % de la population. Pour avoir du plaisir à lire, il est important de comprendre les ouvrages. Aussi, la technologie aide beaucoup à la diffusion des œuvres. Personnellement, je n’ai pas acheté un livre papier depuis longtemps, car je les télécharge sur ma tablette. Ainsi, plus que jamais, les grands écrivains sont accessibles à tous.
Q : Quelles sont vos suggestions de lecture pour cet été ?
R : Premièrement, je suggère La Scouine, de Gabriel Marcoux-Chabot. C’est une réécriture d’un roman classique publié il y a 100 ans, en 1918, portant le même titre. La Scouine, personnage principal, joue un tour à un évêque lors d’un souper, c’est-à-dire mettre du laxatif dans le repas. C’est assez léger et court et très contemporain comme écriture. Il s’agit d’un excellent exemple de postmodernité en écriture. Ma deuxième suggestion est plus volumineuse. Il s’agit de La bête creuse de Christophe Bernard. Ce linguiste vient de publier son premier roman. Il porte sur un jeune de Montréal qui retourne dans sa Gaspésie natale pour écrire un roman. Ce qui est particulier, c’est la qualité de langue et certains aspects fantastiques. Bonne lecture à tous!

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