Les municipalités toujours dans le brouillard

Par Jean-Sébastien Tremblay 6:08 PM - 2 février 2018
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À cinq mois de la légalisation du cannabis au Canada, les élus municipaux nagent toujours en plein mystère quant au rôle qu’ils auront à jouer dans l’échiquier règlementaire. Alors que la Fédération québécoise des municipalités (FQM) réclame une partie des taxes qui seront prélevées, certains maires charlevoisiens ne savent quelle position ils adopteront dans ce dossier.
« Notre principale préoccupation est que le gouvernement respecte l’autonomie des municipalités », avance Richard Lehoux, président de la FQM. À ce chapitre, il souhaite que ses membres puissent désigner librement les lieux où la consommation de la marijuana sera autorisée, à leur discrétion. Dans l’état actuel du projet législatif, certains lieux sont d’ores et déjà proscrits.
Il soulève également un enjeu d’ordre économique. « Nous revendiquons le tiers des revenus provenant de la vente du cannabis », énonce-t-il. Selon lui, il y aura des coûts rattachés à la légalisation de cette drogue. « La plus grande dépense que nous prévoyons est l’augmentation des coûts pour le service de police », avance celui qui ne souhaite pas que cette facture soit refilée aux citoyens. De plus, il entrevoit certains coûts liés à la mise en place d’une règlementation encadrant par exemple les lieux de consommation et au suivi nécessaire pour son respect. Néanmoins, il avoue ne pas pouvoir quantifier exactement les frais supplémentaires qui devront être assumés par les municipalités à partir de juillet 2018.
M. Lehoux se dit satisfait de l’écoute qu’il reçoit du gouvernement provincial jusqu’à maintenant. « Je serai rassuré lors de l’étude détaillée du projet de loi. Nous espérons voir les recommandations que nous avons fait prises en compte », soutient-il. Par contre, aucune date n’est encore prévue pour les prochaines étapes législatives, ce qui donnera moins de temps aux municipalités pour se positionner.
Au moment de mettre sous presse, le projet de loi n°157, intitulé « Loi constituant la Société québécoise du cannabis, édictant la Loi encadrant le cannabis et modifiant diverses dispositions en matière de sécurité routière » présenté en novembre 2017 par Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie en était encore aux premières étapes du processus parlementaire. Avant d’être officiellement adoptée, le principe de la loi devra recevoir l’assentiment des députés puis étudié de manière détaillée.
Invités à se prononcer sur l’éventuelle légalisation du cannabis dans leur localité, le maire de Baie-Saint-Paul Jean Fortin et celui de La Malbaie Michel Couturier demeurent flous quant à leurs intentions. « À date, nous n’avons pas encore réfléchi là-dessus. Avant d’aller trop loin, il faut faire des analyses plus poussées », déclare l’élu de l’ouest. Son homologue malbéen a quant à lui certaines pistes à proposer. « [Présentement], nous n’avons pas de politique sur ce sujet et nous devrons y [penser]. Par contre, j’y vois une situation similaire à celle de l’alcool. Je suis plus favorable à une certaine retenue en public », énonce-t-il.

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