Nouveaux droits compensatoires pour Produits forestiers Résolu

Par Jean-Sébastien Tremblay 8:36 PM - 26 janvier 2018
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Un nouveau coup dur vient de frapper Produits forestiers Résolu (PFR) et son usine de Clermont. Depuis le 9 janvier dernier, tout papier journal exporté vers les États-Unis se voit imposer un nouveau droit compensatoire de 4,42% suivant une décision des instances américaines. Déjà, l’entreprise prévoit une longue bataille juridique, mais pourrait bien compter sur un allié inespéré, bien établi au sud de la frontière.
« Nous sommes en total désaccord avec cette nouvelle taxe. Elle est arbitraire, injuste et injustifiée », énonce Karl Blackburn, directeur principal, affaires publiques et relations gouvernementales – Canada pour PFR. Il rappelle que celle-ci a été imposée suite à une plainte d’une seule usine américaine, soit la North Pacific Paper Company (NORPAC) située dans l’état de Washington, et qui compte 260 travailleurs à son emploi. Celle-ci constitue l’unique papetière dans le portfolio d’un fonds d’investissement new-yorkais, qui souhaite à tout prix rentabiliser son investissement.
La plainte logée par l’entreprise auprès des autorités américaines en matière de commerce s’appuie sur les allégations de dumping des papetières canadiennes qui vendraient leurs produits au sud de la frontière à un prix inférieur au marché grâce à de supposées subventions gouvernementales.
« Nous allons nous battre » énonce Karl Blackburn. Il se dit déterminé et affirme que PFR va utiliser tous les moyens légaux à sa disposition pour contester la taxe imposée par les États-Unis. Selon les estimations de PFR, ces nouveaux droits représentent annuellement la somme de 22 M$. « L’impact est direct sur nos résultats financiers, car le marché du papier est en déclin. Les marges de bénéfices sont moindres et nous ne pouvons refiler la facture aux consommateurs contrairement à d’autres exportations », décrit M. Blackburn.
Malgré cela, il avance qu’une vaste coalition représentant 600 000 travailleurs s’est formée aux États-Unis fin de dénoncer cette nouvelle taxe. Celle-ci est principalement composée des grands imprimeurs de journaux et des associations dans le domaine forestier qui œuvrent au sud de la frontière. « Ils ont demandé au Congrès américain de ne pas donner suite à cette plainte. Ils craignent que l’augmentation des coûts du papier journal risque d’accélérer la diminution de la demande », soutient-il. Ce dernier assure aussi que les gouvernements et les syndicats canadiens abondent dans le même sens.
Face à cette décision défavorable, PFR a l’intention de la porter en appel devant les instances internationales en matière de commerce. « Malheureusement, ces processus sont longs et sont onéreux. Ça peut prendre de quatre à cinq ans à se régler », explique le directeur principal. En attendant d’avoir gain de cause, l’entreprise canadienne devra supporter financièrement le coût de ces droits, avant d’être remboursée si le jugement est favorable. « La stratégie américaine est facile à comprendre. Ils tenter d’asphyxier économiquement leurs concurrents afin de les pousser à la faillite avant la fin des procédures », avance-t-il.
Malgré la gravité de la situation, l’entreprise, dont le siège social
est à Montréal ne prévoit pas de fermeture d’usine à court terme. « C’est clair que nos clients vont guider la suite des choses. Si nous continuons d’avoir des commandes, les emplois vont demeurer » déclare-t-il. Par contre, pour ce dernier, si la demande diminue comme le craint la coalition américaine, il est possible d’entrevoir des coupures de postes.
Spécifiquement par rapport à la production qui se fait à Clermont, M. Blackburn énonce que PFR est très satisfait des résultats. « Nous nous sommes portés acquéreurs de 100 % des actions de l’usine il y a quelques semaines au coût de 20 M$. C’est un signe que nous croyons beaucoup en cette dernière » soutient-il. De plus, le New York Times, qui vient de vendre ses parts, continuera d’être un client. « Nous croyons en l’avenir à Clermont, » conclut-il sur un ton optimiste.

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