Ultime Descente: Fous de la vitesse!

Ils ont fait l’Ultime Descente et ils en redemandent. Entrevues avec quelques-uns des coureurs qui ont obtenu les meilleurs temps de cet événement qui fraie avec l’extrême.
Damian Andrey, Suisse, luge de rue. 163,88 km/h. Meilleur temps.
Damian Andrey est venu de la Suisse pour participer à sa première Ultime Descente en luge de rue. L’hiver dernier, il a d’ailleurs pris le temps de venir faire un peu de repérage, histoire de savoir à quoi s’attendre. Avec sa luge toute simple que n’importe qui pourrait se procurer, il s’est rapproché du champion en titre, Mike McIntyre, qui avait atteint 164,12 km/h (non-homologué) l’an dernier. Damian Andrey, grand fan de la poutine québécoise, a atteint 163,88 km/h lors de sa troisième descente. Il a ainsi atteint le « Century club », titre réservé aux athlètes ayant atteint 100 mph (mile per hour) sur leurs bolides.
« Ça fait 20 ans que je fais de la luge! Tous les gars avec qui j’ai ridé, ce sont des gens que je connais depuis des années; on s’est vus en Afrique du Sud, en Californie, un peu partout… On se voit, certains sont venus s’entraîner à la maison… J’adore la région! » Cette première Ultime Descente est aussi sa dernière, car Damien Andrey a discrètement annoncé dimanche son retrait du circuit international de courses. « Vient le moment d’arrêter, le corps est fatigué. 20 ans, c’est un bon chiffre! Je ne peux rien faire de plus. Je n’ai jamais gagné une course, mais aujourd’hui, j’ai atteint une vitesse pas possible. J’ai surtout voulu montrer aux gens que tu peux descendre avec une luge qui n’a aucun poids, je n’ai rien rajouté… Mais avec Olivier Filiatrault, on a mangé de la poutine en masse! », rigole le Romand qui a tenu à faire une photo officielle avec le plat typique et bourratif. « Je prends officiellement ma retraite aujourd’hui, sur le circuit… mais je vais continuer à rider, à faire du free ride, des images, des voyages… Je ne l’ai pas trop dit, parce que je ne voulais pas que ce soit triste », conclut le sympathique bout-en-train.
Pete Connolly (Photo : Charles-Antoine Lavoie)
Pete Connolly, Angleterre, longboard masculin. 146,73 km/h. Record du monde.
Pete Connolly n’en était pas à sa première Ultime Descente, mais cette année lui aura permis de se classer au premier rang mondial. Pour ce faire, il a dû battre, samedi, le record établi la veille par Tim Del. « L’an dernier, j’avais atteint 80, 54 mph, et ça m’a inspiré à retourner chez moi, à améliorer mon équipement et à m’entraîner très fort pour revenir en force », explique celui qui a gagné son pari. À la fin de la trentaine, il espère continuer longtemps à pratiquer sa passion. « J’ai une famille, un travail, mais c’est une grosse partie de ma vie. Ma femme est avec moi ici, elle me supporte! Elle est contente de me voir performer! », explique-t-il. Cette montagne est « très très spéciale », selon l’athlète. « On voit rarement des pentes aussi rapides. Avant même d’arriver à la partie de 18 degrés d’inclinaison, on va déjà plus vite que 100 km/h et l’accélération est phénoménale. La vitesse et l’expérience ne sont pas égalables », lance-t-il. Mais la frousse est bien présente. « J’ai peur à chaque fois que je descends. Ce n’est pas un mauvais feeling, c’est une appréhension. C’est très très rapide, ça dure peut-être 15 secondes en tout! Tu dois te concentrer », poursuit l’athlète, qui retrouve ici ses potes du circuit. « C’est une famille, on a tous la même passion. Ici, ce qui est bien, c’est qu’il n’y a pas d’élimination, pas vraiment de compétition. Tout le monde court pour faire son meilleure temps. Tout le monde partage, s’échange des pièces. Je suis arrivé à ce but parce que des gens ici m’ont prêté de l’équipement – des roues, un casque – pour m’aider à faire le mieux que je pouvais! C’est vraiment fantastique! »
Emily Pross, États-Unis, longboard féminin. 135,00 km/h. Record du monde.
Emily Pross a battu le record qu’elle avait elle-même enregistré ici l’an dernier avec une vitesse de 2 km/h plus rapide, soit 135,00 km/h. « Là, je savais davantage à quoi m’attendre, mais l’an dernier, je n’avais jamais descendu de pente aussi raide. Ça m’a ouvert les yeux. Je savais exactement quoi faire avec mon skate, pour me préparer », commente-t-elle pour expliquer sa performance. Elle est sur le circuit professionnel depuis 3 ans et a été invaincue en 2017 dans sa catégorie au sein de la International Downhill Federation. Elle dit apprécier la compétition charlevoisienne pour le défi qu’elle offre, mais aussi pour l’organisation. « C’est très bien organisé, ce n’est pas tous les jours qu’on peut descendre une montagne à records [record breaking hill]! »
Elle confie n’avoir pas eu l’impression, sur le coup, de battre son record. « En fait, je me sentais hors contrôle et j’ai juste essayé de rester sur le board parce que le vent me poussait de tous les côtés. Je ne pensais pas vraiment être allée aussi vite. Je me suis juste dit “Hang on” », lance-t-elle avec un sourire.
Âgée de 21 ans, Emily Pross réalise qu’elle devra un jour arrêter. « J’ai encore 2 ans pour en faire autant, mais un jour, la vie va me rattraper et je devrai payer des factures », conclut-elle en riant.
Doug Anderson, États-Unis, gravity car. 164,13 km/h. Record du monde.
Doug Anderson était dans Charlevoix l’an dernier pour participer à l’Ultime Descente et voir son ami et co-équipier « Fast Donnie » mettre la barre très haut avec un record de 162,59 km/h en gravity car.
Cette année, Doug Anderson est parvenu à surpasser ce score impressionnant. Il rejoint ainsi son pote dans le fameux« Century Club » avec un impressionnant 164,13 km/h et devient par le fait même celui ayant obtenu la vitesse la plus rapide enregistrée lors de l’Ultime Descente, toutes catégories et éditions confondues. « C’est un bon feeling! Je suis déçu pour Donnie, mais je suis content pour moi », rigole M. Anderson.
Sans rien vouloir enlever à la gloire de son collègue, le sympathique Donnie confesse n’avoir pas réussi à mettre la finale touche à son bolide, puisqu’il s’est perdu en arrivant à Québec en bifurquant vers la Rive-Sud. « J’ai manqué de temps… », rigole-t-il, un peu déçu, mais heureux pour son meilleur ami.
Doug Anderson s’est fait une petite frousse vendredi alors que son véhicule a connu une impressionnante embardée lors de la première descente de toutes. « C’était la première fois que je conduisais mon véhicule alors je n’allais pas trop vite, heureusement… Cette côte, c’est la plus rapide du monde, mais on sent qu’elle est un peu plus râpeuse que l’an dernier; les hivers sont difficiles ».
Cette année, l’équipe de Doug Anderson et de Fast Donnie, composée de passionnés de sports extrêmes des États-Unis et de l’Angleterre, a loué une maison pour profiter pleinement de l’événement.
Un autre membre de la bande, Andy Ash, a d’ailleurs fait très bonne figure, enlevant le record britannique en gravity car, 148 km/h. Il s’agissait pour lui d’une première expérience en tant que coureur. « Je suis venu pour aider, mais celui qui devait conduire s’est blessé. Je l’ai remplacé au pied levé! Je n’étais pas préparé. La première fois que j’ai descendu est la première fois que je m’assoyais dans ce gravity car. C’était brilliant », lance-t-il.
Toute la bande espère bien revenir l’an prochain. À 65 ans, Fast Donnie dit vouloir maintenir son statut de « plus vieux compétiteur » de la bande! « On est vraiment bien accueillis, l’ambiance est géniale! », remercient-ils en chœur.
Cédric Touchette, Canada, gravity bike. 126,31 km/h. Record mondial.
Jusqu’ici lugeur de rue, Cédric Touchette attaquait la côte pour la première fois en gravity bike. Il est d’ailleurs parmi les premiers à avoir descendu la côte en luge, en 2008. À sa première expérience en gravity bike, il a établi un nouveau record, dépassant le précédent, celui du Français Cyril Schroeder, de 11 km/h. « C’est la première fois que je faisais du gravity bike. J’ai fait beaucoup de vélo de route, de montagne et je connais les grandes vitesses avec la luge… Je voulais juste avoir du plaisir, mais j’ai eu une très bonne descente avec un bon vent de dos », explique-t-il.
Il a la piqûre. « J’ai un coup de cœur pour le bike. Le feeling est vraiment différent : on voit beaucoup mieux où on s’en va, on subit beaucoup moins les bosses, les craques… C’est autre chose, c’est moins difficile physiquement », admet celui qui sera encore sur les rangs l’an prochain et en bike, histoire de briser son propre record!
Isac Printz, Suède, longboard, – de 150 livres.
Isac Printz est débarqué de Suède pour l’Ultime Descente. Le voyage en aura valu la peine! « Rider cette côte, c’est incroyable, ça n’a rien à voir avec la marcher ou la descendre en voiture! J’ai eu un peu peur quand j’ai senti le vent, mais il était stable et finalement, ça m’a aidé », confie-t-il. Le feeling est particulièrement fort quand la vitesse franchit les 100 km/h. « Juste avant la descente, le pitch, c’est interminable, mais quand on attrape le 100 km/h, on a l’impression de voler », lance celui qui a atteint la plus grande vitesse de sa catégorie, celle des 150 livres et moins.
Le truc pour survivre à l’Ultime descente ? « Il faut relaxer et respirer, c’est comme une méditation. Il faut être calme, sinon, ça ne fonctionnera pas. J’ai eu un peu peur en bas, avant le détour… j’allais vite! Il faut décélérer très lentement », poursuit-il. La seule chose qu’il peut reprocher à sa passion ? L’après… « 24h plus tard, je sais que je vais être triste, parce que l’adrénaline n’est plus là! La vie est un peu plate après », rigole le jeune homme de 18 ans à peine.
Gabe Holm, États-Unis, patins à roues alignées. 132,19 km/h. Record mondial.
En patins à roues alignées, Gabe Holm a dépassé son objectif. « Je voulais rouler à 129 km/h, mais j’ai atteint 131, c’est un gros saut pour moi, je suis très content. Le vent m’a définitivement aidé! », confiait-il à l’issue de sa course.
Frank Williams, États-Unis, luge de rue classique. 150,41 km/h. Record mondial.
Frank Williams a non seulement brisé son record personnel, mais aussi celui, mondial, en luge classique. « C’est un sentiment surréel d’être le plus vite au monde! J’ai atteint deux de mes trois buts, battre mon record et faire un record mondial, mais il me reste atteindre le Club des 100 mph, ce qui va me faire revenir l’an prochain! Cette côte est unique, l’événement est bien organisé et c’est étonnamment très sécuritaire, même s’il y a bien sûr un danger implicite! »
En street sled, premier et seul athlète à descendre tête première, le Brésilien Diego Campos Gasparelo a atteint 159,29 km/h lors de quatrième descente de samedi (Diego Campos Gasparelo, crédit photo Louis Laliberté).
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