40 km/h à Baie-Saint-Paul: l'avis d'une spécialiste

Par Gilles Fiset 4:05 PM - 20 septembre 2017
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Le maire de la ville de Baie-Saint-Paul avait annoncé il y a quelques semaines la volonté de son conseil d’aller de l’avant avec un projet de limite de vitesse à 40 km/h sur tout le territoire de la municipalité. Après discussion avec une spécialiste de la question, l’objectif s’avère louable, mais difficile à atteindre.
 
Par Gilles Fiset
Lynda Bellalite, directrice du département de géomatique appliquée à l’Université de Sherbrooke, est catégorique sur le sujet. « On a effectué une analyse avant et après que des municipalités aient abaissé leurs limites de vitesse et il ne se passe rien de plus que de changer le panneau d’affichage. Il y a eu des tentatives de faites à certains endroits de Montréal pour baisser le limite à 40 km/h il y a une dizaine d’années, je crois. Ça n’a rien changé. Les résidents ne se sont même pas aperçus que la limite avait baissé de 50 à 40 km/h », rapporte-t-elle.
Des mesures d’appui
« Ce n’est pas parce qu’on change le panneau que les gens vont se mettre à rouler plus lentement. Toute seule – la mesure de changement de vitesse – ça ne sert à rien à moins qu’elle soit supportée par une présence policière accrue, une campagne de sensibilisation et des réaménagements des rues comme des rétrécissements de chaussée, des dos d’âne ou un autre dispositif du genre, affirme Mme Bellalite. De toute façon, le conducteur consacre moins de 10 % de son attention aux panneaux d’affichage. Le reste du temps son attention est sollicitée par la route et ses abords, ajoute la chercheuse universitaire, qui travaille sur le sujet depuis 25 ans. Ce n’est pas le panneau qui fait changer la vitesse; ce sont les mesures qu’on prend pour faire respecter la limite qui fonctionnent ».
Les conducteurs adapteraient leur vitesse aux conditions de la route. « Si l’attention est très sollicitée, par les piétons qui circulent sur les trottoirs et qui peuvent traverser à tout moment par exemple, le conducteur va ralentir de façon spontanée », affirme Mme Bellalite.
L’idéal est donc de créer un environnement qui force les automobilistes à ralentir. « Le réaménagement des routes est la seule chose qui fonctionne vraiment à long terme », assure Mme Bellalite.
Malheureusement, nos routes sont plutôt faites pour aller le plus rapidement possible d’un point à un autre. « Les normes de conception des routes sont basées sur les normes américaines qui imposent de grandes ouvertures visuelles. Les conducteurs peuvent ainsi anticiper très loin en avant d’eux et ce genre de chose-là induit une augmentation de la vitesse », explique la chercheuse universitaire.
Sécurité, en bas de 50 km/h
L’intention de réduire la limite de vitesse semble cependant fort louable. « Pour que les gens se sentent en sécurité dans une municipalité, la meilleure vitesse est celle qui permet d’éviter une mort certaine quand une voiture heurte un piéton, soit en bas de 50 km/h. Même à 50 km/h, ça entraine un décès », mentionne Lynda Bellalite.
Une zone tampon pour la 138
Pour ce qui est de la portion de la 138 qui traverse la ville, une chose semble certaine pour la chercheuse : il faudra une zone tampon entre la fin de la fameuse côte menant à Baie-Saint-Paul et la limite de 40 km/h. « Il doit y voir une longue distance de transition. Il faut amener le conducteur à ralentir sa vitesse progressivement et non soudainement. Le commun des mortels ne freine pas à mort en descendant une côte et, de la même façon, avant de monter la pente, les conducteurs vont se donner un élan en prenant de la vitesse », admet-elle.

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