Tadoussac: le bilan

Par Emelie Bernier 9:12 PM - 5 juillet 2017
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Patrice Michaud s’est produit sur la grande scène Québécor, mais il a aussi offert un spectacle surprise dans l’antre vieillot et charmant de l’église anglicane. Les privilégiés qui y ont assisté s’en souviendront.

C’est toute une musique!
Des chansons à fredonner en choeur, à répondre, à hurler, des chansons à danser, à «trasher », des chansons à boire, à déguster, des chansons ver d’oreille, des chansons merveilles, des chansons pop, rock, hip hop : on trouve de tout, à « Tadou »!
Par Émélie Bernier
Marc André Sarault mérite des lauriers. La programmation qu’il a concoctée, et habilement peaufinée, a fait mouche. « Quand on regardait l’ensemble de la programmation, on y trouvait beaucoup d’immortelles. C’était un peu un fil conducteur…Les Joseph Edgar, Karim Ouellet, Damien Robitaille, Luc de Larochellière, ils ont tous de ces chansons qu’on considère immortelles, que les gens connaissent par cœur. C’est du répertoire très solide, très ancré dans notre mémoire collective. Les gens sont venus chanter », constatait-il, quelques heures avant de boucler la boucle de l’événement.
Les 7 concerts donnés sur la Scène Québécor ont affiché complet. Cayouche, Vincent Vallières, Patrice Michaud, Daniel Bélanger, les Cowboys, Matt Holubowski et Louis-Jean Cormier se sont avéré des choix judicieux.
Tout au long des 4 jours de l’événement, jeunes et moins jeunes ont été servis! «On a vu pour la première fois des jeunes du village assister à des spectacles. L’Osstidtour, Lubik, Rouge Pompier, c’était pour eux. On veut offrir des spectacles pour plaire à un large public et on a aussi noté une recrudescence des familles!», se réjouit M. Sarault qui peut dire mission accomplie.
Outre les têtes d’affiche, plusieurs artistes aux propositions entraînantes, notamment La Bronze et Le Couleur (qui ont dû se replier sous un chapiteau plutôt qu’offrir leurs spectacles dans le cadre photogénique des dunes), Wallace, Emile Gruff et Urbain Desbois ont fait le bonheur des festivaliers.
Le site Belle-Gueule, carrefour des noctambules un brin imbibés, a aussi rempli ses promesses avec Samito, Carotté, Les Hôtesses d’Hilaire et Les Deuxluxes, des bands aux propositions variées ayant comme dénominateur commun de faire bouger les pieds et le reste.
Comme a chaque année, des spectacles ont fait mouche comme celui de Samuele, grande gagnante du dernier festival de la chanson de Granby, et le duo franco-belge Sages comme des sauvages, un des coups de cœur du festival. «Sages comme des sauvages? De 7 à 77 ans, tout le monde était ravi! », rigole Marc André Sarault. Le spectacle de Cayouche s’est transformé en « karaoké monstre », mais « un karaoké avec le chanteur et le band! », lance M. Sarault, visiblement enchanté.
Sarah Toussaint-Léveillé, qui sera au Festif! de Baie-Saint-Paul, Bernhari et le Néerlandais Dick Annegarn se produisaient pour leur part à la salle Marie-Clarisse. M. Annegarn trimballait aussi son Studio du Verbe, invitant les gens à venir pousser la chansonnette traditionnelle dans un projet de collecte original destiné à Youtube.
L’arrimage avec le Festival en chanson de Petite-Vallée en était à sa première année et les efforts ont été concentrés sur la relève. Les 8 artistes des Chemins d’écriture (Boule, Etienne Fletcher, Juste Robert, Laura Babin, Simon Daniel, Rose Bouche, MCC et Lou-Adriane Cassidy) ont ainsi eu la chance de vivre des expériences fortes dans chacun des 2 festivals et de conquérir de nouveaux publics. « Avec Petite Vallée, on a choisi une alliance symbolique, de commencer par la base. On s’est concentré pour développer la création de demain, en mettant nos énergies sur des créateurs verts », expliquent Charles Breton et Marc André Sarault.
Quelques artistes internationaux visitaient les deux festivals, une économie d’échelle intéressante. « C’est une façon de travailler mieux, plus efficacement », constate le directeur général.
Pluie ou pas, force est de constater que le festival de Tadoussac a de nombreux fidèles. D’année en année, les mêmes visages sont captivés par les artistes en présence, preuve ce plus grand des petits festivals -là! Et ce ne sont pas quelques gouttes de pluie qui vont changer ça…
À l’an prochain!
Bilan ensoleillé malgré la pluie pour le « festival de la banane »
Une météo en montagnes russes n’a pas empêché le Festival de la Chanson de Tadoussac t’atteindre, ou presque, ses objectifs en terme d’achalandage. Marc-André Sarault, directeur de la programmation, et Charles Breton, directeur général, se réjouissent surtout que le défi premier du festival, faire plaisir aux festivaliers et leur faire découvrir de nouveaux artistes, ait été relevé haut la main!
Par Émélie Bernier
Marc-André Sarault n’hésite pas à parler de « festival de la banane » pour décrire le 34e Festival de la chanson de Tadoussac. «Les artistes, comme le public, avaient tous l’air d’enfants venant de vivre une expérience mémorable, à chaque sortie de spectacles! Les artistes nous ont à l’unanimité dit qu’ils voulaient revenir. Si on les écoutait, on aurait exactement le même festival l’an prochain », rigole M. Sarault, en charge de la programmation.
Oui, il aura plu sur cette édition, mais Charles Breton préfère mettre l’emphase sur les bénéfices des averses plutôt que sur leurs conséquences un brin néfastes sur l’achalandage global. «On en a vu de toutes les couleurs côté météo. Personnellement, j’ai toujours constaté que les éditions de pluie, ce sont des éditions qui sont encore mieux pour ce qui est l’écoute. Quand il pleut, on n’est pas distrait par la beauté des paysages, la plage. Dans la brume, on se concentre sur l’artiste. C’est un beau côté des températures maussades. Tu entends des applaudissements solides, nourris, et tu n’entends pas trop jaser autour des chapiteaux! On a beaucoup moins de disciplines à faire. », analyse le directeur général qui en était cette année à son 20e festival à ce titre.
La météo, il l’admet, a cependant un impact direct et négatif sur l’achalandage. «Il y a beaucoup d’événements, de plus en plus. Forcément la pluie nous a empêchés d’atteindre nos objectifs en terme d’achalandage, car les gens sont très très sensibles à la météo avec les événements qui sortent un peu partout », ajoute-t-il.
Le Festival est à un carrefour, selon Charles Breton. «C’est de plus en plus difficile de se différencier au niveau de la programmation. On a une réflexion et un travail important à faire pour le long terme pour continuer à se développer. Il faut s’adapter à cette nouvelle réalité où chaque village ou presque a son festival et les mêmes artistes se produisent partout. Comment on se distingue dans ce contexte? C’est ce qu’il faut trouver!», explique-t-il
Le changement de date, du début juin à la fin de semaine de la Confédération, fait partie de se repositionnement nécessaire. «C’est la 34e édition et c’est la première fois qu’on profitait d’un long congé. On était un peu dans la brume pour balancer nos activités, quand est ce qu’on fait quoi? Mais on va tirer beaucoup de conclusion de cette édition », ajoute Charles Breton. Le milieu touristique sera impliqué dans le post mortem. « Il y en a certains qui avaient des réticences, mais si on veut survivre, c’était un changement nécessaire », ne peut que constater le dg.
La 4e journée aura permis de compenser pour la pluie. «Si on n’avait pas eu cette journée supplémentaire, on n’aurait probablement pas atteint nos objectif de vente. Avec un beau soleil, on les aurait probablement dépassés. Mais moi, quand je vois des salles complètes avec des applaudissements nourris, avec une écoute quasiment parfaite, ça me fait autant plaisir que 10 000$ de surplus. C’est pour ça qu’on fait ça », conclut Charles Breton qui songe, il l’admet, à passer la barre. «Des nuits de 3 ou 4 heures à 60 ans, je me demande de plus en plus comment je vais faire » lance-t-il avec un éclat de rire.
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C’est aux Cowboys fringants, qui cumulent 20 années de tournée au compteur, qu’on avait confié le spectacle d’ouverture du festival sur la scène Québécor, dans l’église du village. Premier «karaoké géant » du festival, le spectacle a fait salle comble et comblée! (Photo : Marie Isabelle Rochon)
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L’Acadien Cayouche a visiblement des « fans » jusque sur la Côte-Nord. Étonnant d’entendre la foule chanter à l’unisson toutes les chansons de cet artiste original à la barbe longue et à la gouaille unique! (Photo : Bertrand Lemeunier)
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En formule dépouillé, seul avec ses guitares devant un écran où défilait en filigrane des images en phase avec ses chansons, Louis-Jean Cormier a offert un spectacle intimiste en voletant d’hier à aujourd’hui, avec une même petite incursion d’une chanson dans le futur… La Côte-Nord lui a témoigné un amour inconditionnel, une fois de plus. (Photo : Bertrand Lemeunier)
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Patrice Michaud s’est produit sur la grande scène Québécor, mais il a aussi offert un spectacle surprise dans l’antre vieillot et charmant de l’église anglicane. Les privilégiés qui y ont assisté s’en souviendront. (Photo : Bertrand Lemeunier)
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Sages comme des sauvages est l’un de ces coups de cœur caractéristiques du festival. De prestation en prestation (le groupe en a offert 3), la foule a connu une croissance exponentielle, un signe qui ne trompe pas! Les artistes se souviendront longtemps de leur passage à Tadoussac. « On s’est régalés! », ont-ils confiés.
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Le Néerlandais Dick Annegarn, un monument, a livré des prestations sympathiques, presque des classes de maître de musique, avec un humour et une simplicité désarmante. Les « fans », et il y en avait, auront été ravis d’entendre ses tubes Adieu Géranium et Bébé Éléphant!

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