Entre l’ombre et la lumière

Par Emelie Bernier 11:50 AM - 21 juin 2017
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Ce titre de chanson un brin kitsch sied étonnamment bien au parcours de Metalord, un groupe de musique lourde né dans l’obscurité d’un garage de Baie-Saint-Paul il y a 10 ans et qui brillera sous 1001 projecteurs (et non les moindres!) dans les prochains jours. Le 14 juillet, les quatre sbires de Metalord, soit André-Jacques Belley, Mathieu Boivin, Sébastien Maltais et Marc Bélanger, assureront la première partie de Metallica, un apex pour les musiciens qui carburent aux musiques de la bande à James Hetfield depuis leur plus tendre enfance. Rencontre avec Sébastien et André-Jacques, qui n’en croient encore pas tout à fait leurs yeux ni leurs oreilles…
Si son destin vient de prendre une tournure exceptionnelle, Metalord est né comme bien des bands de garage… « On a commencé ça moi pis Marc, sur un vieux Westbury avec les peaux “tapées” et une guitare Stratocaster qui avait été échappée… »,  résume André-Jacques Belley, mieux connu sous le nom d’A-J et membre fondateur du groupe. Les musiciens ont fait des reprises de leurs groupes préférés pendant quelque temps avant de trouver le guts de faire leurs propres compositions.
La vie oblige, le noyau du band a migré de Charlevoix vers Québec et plusieurs musiciens se sont greffés à plus ou moins long terme au noyau avant que ne s’y joignent, il y a 3 ans, le bassiste Sébastien Maltais et, il y a à peine 6 mois, le guitariste Mathieu Boivin, tous deux originaires de La Malbaie. Metalord serait-il l’incarnation parfaite de la réconciliation des deux solitudes charlevoisiennes? Il aura fallu enterrer la guerre de clochers sous une tonne de riffs pesants et de sons gutturaux…
Alors que les gaillards se préparent au show de leur vie, ceux qui ont quitté l’aventure au fil des ans doivent s’en mordre les doigts… « La base, moi au drum, et Marc, chanteur principal et guitariste, on est là depuis le jour 1. On a eu un bon mouvement de musiciens au fil des ans. On en a perdu des bons parce qu’un band de composition, ça coûte cher! Il faut que tu paies pour tout : le local, les enregistrements, la production… Des fois c’est rentable, des fois, ça l’est pas. Et ce n’est pas tout le monde qui peut payer une couple de 1000 $ par an pour jouer de la musique. C’est un investissement en temps aussi… On comprend ça », explique A-J.
La formule actuelle est cependant solide comme le roc. « Sébastien et Mathieu, qui est un guitariste solo incroyable qui a totalement embarqué dans le projet, complètent la formation à merveille », s’enthousiasme A-J.    Ils ne portent plus à terre. Faire la première partie du plus célèbre band de métal au monde devant 100 000 fans de cette « musique qui bûche » est une opportunité incroyable et ils en sont bien conscients. « On se visualise sur scène. Ça va être encore le jour, il va faire clair et c’est sûr que ça va être spécial. C’est beaucoup de fans potentiels, car c’est notre public cible, alors on va tout donner. On va mettre le feu aux poudres », lance Sébastien, le doyen du groupe, qui réalise à peine la chance qui leur est offerte.
Les deux musiciens se souviennent très bien du moment où ils ont appris la nouvelle… « La veille du lancement de la programmation du Festival d’été de Québec, notre gérant a reçu un courriel… On nous offrait la première partie de Metallica et il fallait confirmer qu’on était in avant 5h. Notre gérant a pris le courriel juste vers 6h30, 7h… On capotait! Ça aurait été terrible de perdre cette occasion-là, mais ça a débloqué. Et disons qu’après la confirmation, c’était l’euphorie générale », se remémore A-J. Les gars se pincent encore.
Selon eux, un ensemble de facteurs a mené Metalord jusqu’à la grande scène des Plaines.  « On a fait la première partie d’un gros band à L’Impérial et ça nous a donné une bonne carte de visite. On va aussi jouer au Rockfest le 23 juin avec Jérémy Gabriel et je pense que ça a peut-être marqué les esprits et montré qu’on sait faire preuve d’ouverture », se réjouit le batteur et chanteur. Mais c’est surtout la passion des musiciens qui s’investissent sans compter pour le groupe qui leur a ouvert cette incroyable porte, un cadeau du ciel, ou de l’enfer, pour ces « métalleux » dans l’âme!
« J’étais ti-cul et je trippais déjà sur Metallica. Je me rappelle, à Noël, je m’étais fait acheter le coffret Live shit, avec des enregistrements dans quelques villes américaines et c’est là-dessus que j’ai commencé à jouer sérieusement dudrum. On a été inspiré par Metallica dans ce qu’on fait et on a un mode de composition qui se rapproche du leur, de Megadeth, de Slayer, mais avec un son un peu plus actuel », confie A-J.
Sébastien ne regrette absolument pas d’avoir répondu, il y a 3 ans, à la petite annonce de Metalord, qui cherchait alors un bassiste. « Je suis tombé en amour avec la musique de Metalord. Comme musicien, j’étais content de trouver une occasion de pousser vraiment.  Les gars avaient de l’allure et ça été un match comme si on se connaissait depuis tout le temps. Dans tous les bands où j’ai été avant, j’avais l’impression de tirer fort pour que ça avance. Là, je suis tombé dans un band ou les gars tirent aussi fort que moi, pis ça avance! », lance Sébastien, professeur d’histoire dans sa vie diurne et papa de deux jeunes enfants, Laure et Albert. « Metalord, on est fonceur, c’est notre grosse force. On se fixe des objectifs et on les atteint. Je vais tout faire en mon possible pour que ce show-là soit mémorable », lance A-J, déterminé à casser la baraque et à marquer les esprits.
Outre l’immense plaisir de jouer de la musique ensemble et de faire slammer la foule, les membres du groupe sont déterminés. Leurs égos n’influencent pas les décisions qu’ils prennent.
« Chaque individu doit se mettre en plan et penser pour le band. Il y a les goûts de chacun et l’entité Metalord est au-dessus de tout ça. Metalord est une entité à part, comme un cinquième membre au service duquel on est tous », disent les musiciens, visiblement d’accord sur ce point.
Dans quelques jours, le 23 juin, ils seront au Rockfest de Montebello où ils se produiront avec… Jérémy Gabriel. « C’est Alex Martel, le grand manitou du Rockfest, qui nous a approchés pour ça. On était sceptiques au début… mais on a eu des répétitions et ça donne quelque chose d’intéressant. On a pris une de ses chansons et on l’a arrangée à la sauce métal, en harmonisant nos voix, avec de la distorsion, des gros drums! Il est à l’aise avec ça et on a du fun», explique Sébastien.
Ils adorent faire des shows et se promener dans les festivals et rien ne leur ferait plus plaisir (sauf peut-être assumer la première partie de Metallica) que de jouer dans leur région. « Nul n’est prophète en son pays », lancent-ils à la rigolade.
Pour eux, le métal a et aura toujours sa place. « Il y a beaucoup de préjugés, mais notre public, ce sont des gens en affaires, ils ont des jobs, ils sont sérieux! Les gens ont cette vision que le métal, c’est le mal! Malgré tout, le style a survécu. C’est un microbe pas tuable! Tu auras beau lui garrocher des antibiotiques, c’est un style qui ne mourra jamais! », rigole André-Jacques.
Pères de famille, les gars voient le métal comme un élément essentiel à leur équilibre. « On a nos métiers, nos familles et on met l’accent là-dessus, mais on a un autre côté, la musique métal. Nos conjointes comprennent qu’on a l’animal en nous, qu’on a besoin de ça. C’est une passion, comme la moto ou avoir un chalet. Tout est une question d’équilibre. Je pense qu’on a des relations plus saines avec nos blondes parce qu’on a le métal dans nos vies », disent-ils, l’un complétant la phrase de l’autre.
Parce que les gars sont d’abord des amis, unis par une passion commune. « On est des chums avant toute chose. Les gens nous le disent. Ça se ressent sur la scène, on a une belle chimie. Ça donne un cocktail explosif! », dit A-J.
Après leur premier disque, Speed of life (disponible dans plusieurs dépanneurs charlevoisiens!), les gars ont  bien envie de remettre ça. « On est en phase de composition. On aimerait sortir notre deuxième disque début 2018… », lance A-J. Ce deuxième sera le premier de Sébastien et Mathieu avec Metalord.
Mais d’abord, ils comptent ménager leurs forces jusqu’au 14 juillet. « On va avoir un mode de vie sain, disons! Ah! ah! Peut-être pas Marc, notre chanteur… », lancent-ils à la blague avec un clin d’oeil à leur collègue.
Cette date, ils savent déjà qu’ils s’en souviendront toute leur vie… De l’ombre à la lumière, la route est parfois longue, mais Metalord est fin prêt à briller de tous ses feux!

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