Tout laisser pour s’établir en agriculture demeure un rêve que bien des Québécois caressent sans savoir si un jour ce projet pourra se concrétiser. D’autres comme Stéphane Dufour, du rang Fraserville à La Malbaie, vivent de la terre depuis des générations, la 7e dans son cas. Cette passion, il entend bien la transmettre mais, nouveauté, en s’investissant pour développer son esprit d’entrepreneur.
Certes, l’agriculteur de 37 ans carbure à l’air pur de la campagne, au désir de réaliser ses ambitions d’être un entrepreneur qui pourrait, un jour, assister à la fondation d’une usine de transformation afin de mettre en marché un nouveau produit ayant germé dans le sol charlevoisien. « Il faut séparer les choses. Mon actionnariat dans la Ferme MB Dufour est mon gagne-pain, une entreprise familiale. De mon côté, j’ai l’intention de développer une culture nouvelle dans Charlevoix. C’est dans le cadre de ce projet que j’ai signé une entente avec la ville de La Malbaie au
sujet des terrains à Cap-à-l’Aigle », précise-t-il.
« Il poursuit : « Je passais souvent devant cette terre. Je constatais qu’elle était déjà au moins à 20% en friche et j’avais ce projet de culture de quinoa que je développais sur notre terre. En croisant le maire Michel Couturier, je lui ai fait part de l’idée et de mon intérêt à tester des cultures. Il a été très collaborateur pour la suite des choses. Il m’a vraiment facilité la vie », dit-il.
Entrepreneurship agricole
Tous connaissent l’énergie et le dynamisme des Beaucerons qui ont lancé, il y a quelques années, l’école de l’entrepreneurship afin de permettre l’éclosion d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes d’affaires, une formation que seulement deux Charlevoisiens, Rock Boulianne et Frédéric Tremblay, respectivement de Solugaz et de la MicroBrasserie Charlevoix, ont suivi religieusement à ce jour.
Dans cette optique et précisément pour le domaine agricole, l’Université Laval a lancé son école spécifique à l’agriculture, un programme expérimental d’entrepreneurship. Le Malbéen a fait partie de cette première cohorte : «J’ai ce sentiment d’entrepreneur en moi. J’ai un intérêt certain pour développer des cultures dans Charlevoix. La majorité de ce que nous produisons sert à alimenter le bétail. Il y a de la place pour développer des produits qui ont une valeur ajoutée au niveau de l’alimentation, une culture émergente avec de fortes valeurs nutritives et de la vertu pour la santé ». Un genre de produits qui pourraient servir de compléments à des consommateurs ayant des pratiques alimentaires particulières.
Des tests sur cinq ans
Pour mener à bien ses expériences, l’agriculteur a approché la Ville de La Malbaie qui avait une propriété à l’abandon dans le secteur Cap-à-l’Aigle, adjacente aux Jardins des lilas. Il a conclu une entente de location de cinq ans pour ce lopin de terre de quatre hectares, dont les deux premières années sont sans frais. Cette entente lui permet de les remettre en production, tandis que les trois années subséquentes lui coûteront 50$ l’hectare. « Une bonne entente pour les deux parties. J’investis de mon temps et de mes énergies pour lancer le projet. Pour la ville, cette terre en friche revient en culture. Si nous trouvons une recette exceptionnelle qui permet de développer une essence, La Malbaie y gagnera par le développement d’une activité économique, par la création de la richesse et peut-être des emplois », conclut le promoteur.
Aller au bout de son rêve
Stéphane Dufour aime la terre. Formé à l’Institut de technologie agro-alimentaire de La Pocatière, il a appris à la dure école en travaillant d’abord chez lui avant de s’exiler en Ontario et en Colombie-Britannique pour œuvrer dans son domaine, découvrir de nouveaux horizons.
Père de trois enfants âgés de 11, 9 et 6 ans, il trouve le moyen de compléter une formation universitaire en administration des affaires en en participants à des week-ends intensifs offerts à une cohorte de gens d’affaires de Charlevoix par l’Université du Québec à Chicoutimi. Il possède déjà comme bagage deux certificats, en ressources humaines et administration. Ses yeux s’illuminent lorsqu’il est question de ce besoin d’apprendre et de s’accomplir. « C’est ma participation à la cohorte de l’Université Laval qui vraiment a éveillé en moi ce goût de développer un produit de ma région, pour ma région. À travers les tests psychométriques, j’ai découvert aussi mon besoin d’établir des contacts avec les consommateurs. Ce désir de communiquer combiné à ma personnalité d’entrepreneur m’ont mené à me lancer dans ce projet de développer de nouvelles cultures dans Charlevoix», confie M. Dufour. « J’ai choisi le quinoa comme première expérience. J’ai semé ce printemps et je dois avouer que je n’ai pas obtenu les résultats souhaités. Cette culture a une bonne valeur et est complète en protéines, elle est intéressante parce qu’elle comporte les huit acides aminés. Elle fait partie de la catégorie des super aliments, est anti-cancérogène et a des caractéristiques d’antioxydant. Elle présente donc un excellent potentiel », poursuit l’entrepreneur.
Pour l’accompagner, M. Dufour reçoit le soutien technique des agronomes du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. Les données sont donc comptabilisées et 2017 servira à nouveau à un second essai : « Il faut de la patience pour développer un produit. Comme le vin, chaque saison apporte sa cuvée différente en considérant les facteurs climatiques. Ainsi, des semis profonds combinés à un printemps pluvieux combiné à un été sec ont donné ce résultat. Nous verrons la suite l’an prochain ».
L’agriculteur mijote d’ambitieux projets. « Je caresse le rêve de rendre aux consommateurs un produit unique présenté dans un bocal ou un sachet indiquant qu’il est cultivé, récolté, transformé, identifié et mis en marché dans Charlevoix, et régi biologique ».
Il conclut : « Je sors du modèle traditionnel mais il faut remettre en cause nos actions si on veut contribuer à développer notre région. Nous sommes capables, les Charlevoisiens, de réaliser de belles choses. En ce sens, je veux apporter ma contribution ». Le jeune entrepreneur de la 7e génération pourrait pourtant surfer sur la vague et vivre aisément de l’entreprise laitière. Il fait partie d’un groupe de quatre actionnaires, en compagnie de son frère et de ses parents, propriétaires de la Ferme MB Dufour. Mais il est habité de ce sentiment de s’accomplir, d’en donner davantage pour faire grandir sa région.
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