Le déneigement : une course à obstacles

Par Dave Kidd 30 mars 2016
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Dès qu’il neige, ils sont les mal-aimés. On sacre après. On les double n’importe où. On ajoute des obstacles à leurs parcours. Les déneigeurs ont le dos encore plus large que les camions utilisés. On voudrait qu’ils ramassent la neige avant qu’elle ne tombe. Au volant d’une déneigeuse-sableuse, la réalité est très différente. Le Charlevoisien s’est invité au travail et a accompagné des employés des Entreprises Jacques Dufour pour voir comment ça se passe.  

Vendredi matin 6h46, un coup de fil à Pierre-Luc Dufour, contremaître, pour faire un reportage. Cinq minutes plus tard, il rappelle pour confirmer. 7h30, l’auteur de ces lignes grimpe dans le Freightliner dix roues conduit par Jean-François Lavoie. « Moi, l’hiver j’aime ça. De la neige, j’en mange de la neige. Je suis patient et minutieux. Le relais reste sur le bord de la rue. Il ne va pas dans les cours », précise-t-il. 

« Ce matin, c’est tranquille. La circulation n’est pas importante. Ça va bien aller », dit notre expert arrêté à une lumière rouge. Notre trajet, le troisième de son quart de travail, nous amène sur le chemin de l’Équerre. « Les côtes, il ne faut pas les perdre sinon ce sera l’enfer. Notre travail représente beaucoup de responsabilités. Il faut réfléchir aux gestes qu’on pose afin d’éviter qu’il se produise quelque chose ».  

Jean-François Lavoie, opérateur de machinerie lourde, a répondu à toutes nos questions. 

Notre beau camion de seulement deux ans et dédié exclusivement à l’entretien hivernal se dirige ensuite vers le quartier Fillion. C’est là que je mesure mieux l’ampleur de la tâche. Les rues sont étroites et dans certains cas, de trois à quatre véhicules sont stationnés en bordure de la rue. Ç’a passé serré, mais ç’a passé. Jean-François Lavoie contrôle ses grattes avec son joy stick aussi bien que Wayne Gretzky maniait la rondelle derrière le but de l’équipe adverse.  

« Les gens sont pressés. Je me fais engueuler. Je ne le prends pas personnel. Je laisse ça au garage », dit l’opérateur, qui quelques minutes plus tard  recevait un beau sourire d’une passante ! 

« Cette année, c’est difficile parce qu’il y a eu de la pluie. Les 40 mm reçus en 3 heures récemment ont rendu ma journée de travail pénible », reconnait Jean-François Lavoie. Les autres moments plus difficiles sont « la tombée du jour et l’aube parce qu’on ne voit presque plus rien. Tout est blanc ». Une bordée de neige la journée du ramassage des ordures ou de la collecte sélective s’ajoute aux obstacles déjà très nombreux sur la route des déneigeurs. 

La collaboration n’est pas toujours au rendez-vous. L’expression « Pas dans ma cour » s’applique à merveille au déneigement. « D’une bordée à l’autre, j’alterne de côté pour tasser la neige. Je n’y peux rien pour le gars qui souffle sa neige dans le sens contraire de la circulation! », spécifie le déneigeur.  

Dans un autre quartier, des rues encore plus étroites ajoutent de l’intérêt et sollicitent un peu plus le talent de notre homme. Une voiture stationnée depuis la veille l’empêche de faire son travail correctement. On emprunte ensuite une minuscule rue qui se termine par une clôture en fer. On avance et on recule et on repasse. Ensuite, la rue Leclerc et le boulevard Raymond-Mailloux. Sur Leclerc, c’est le festival des tas de neige en bordure de la route. Sur Mailloux, c’est presque du découpage. Les terre-pleins demandent de l’adresse. La déneigeuse contourne tous les obstacles sans rien heurter. 

Le contremaître signale à Jean-François que c’est fini pour lui. « On ne roule pas plus que 12 ou 13 heures. Tout est noté. En plus, le camion est muni d’un GPS. C’est pratique, cet outil exigé par la Ville. Les responsables peuvent vérifier tout ce qui a été déneigé », dit-il. 

 

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