Les profs veulent l’appui des commissaires

Par Eric Maltais 14 octobre 2015
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Plus d’une trentaine de professeurs, accompagnés de leur représentant syndical Damien Lapointe, se sont pointé à la dernière assemblée régulière du Conseil des commissaires de la Commission scolaire de Charlevoix afin d’exiger deux demandes qu’ils considèrent essentielles pour le renouvellement de leur convention collective.

D’abord le Syndicat de l’enseignement de Charlevoix souhaite que les membres du Conseil des commissaires demandent au Comité patronal de négociation pour les commissions scolaires francophones de retirer les offres ou demandes patronales visant à augmenter le nombre d’élèves par classe ainsi que celles visant à diminuer les services aux élèves.

Aussi, que les membres du Conseil des commissaires précisent au comité patronal de négociation qu’ils veulent que le gouvernement du Québec investisse des sommes importantes en éducation pour que soient améliorés les services aux élèves.

Pour témoigner des conditions qui deviendront difficilement applicables si Québec ne modifie pas sa position, Monique Brassard, enseignante en français en 3e secondaire au Plateau de La Malbaie, a expliqué que cette année, elle doit composer avec une classe de 28 élèves en concentration sport, dont huit élèves avec plan d’intervention dont quatre qui ont besoin d’un enseignement par ordinateur pour faciliter leur apprentissage, en plus de trois doubleurs et un cas d’adaptation scolaire. Il s’agit donc d’une tâche énorme.

Si Québec décrète les nouvelles conditions de travail telles qu’elles se présentent actuellement en négociation, elle aura au moins un élève de plus, sans compter que les élèves en difficultés avec pondération ne seront plus considérés comme une tâche équivalente à trois élèves, mais un seul.  Ainsi, Mme Brassard pourrait se retrouver, avec plus d’élèves nécessitant plus d’attention, lui faisant dire que même les étudiants réguliers pourraient voir leur enseignement affecté au niveau de la qualité, ou bien que les étudiants éprouvant des problèmes d’apprentissage pourraient se voir laisser pour compte.

Prenant la parole, Pierre Girard, le président de la Commission scolaire, a confessé qu’il a toujours fait la promotion de l’importance et de la qualité du travail exceptionnel des enseignants, qui méritent d’être rémunérés à la hauteur de leur apport significatif à la communauté, mais qu’il ne pouvait acquiescer à cette demande, considérant sa délicate position d’employeur, en tenant compte du mandat conféré à la Fédération des commissions scolaires, partenaire de la négociation auprès du gouvernement. Quant à elle, Martine Vallée, directrice générale, a souligné l’importance que le Syndicat accepte d’ajouter de la souplesse dans leurs positions afin de faciliter l’organisation du travail.

Ces réponses n’ont pas plus aux enseignants et Damien Lapointe n’a pas manqué d’insister sur l’urgence d’obtenir cet appui : « Les journées de grève s’en viennent et nous en aurons six au cours des prochaines semaines. La convention va peut-être se signer d’ici décembre ou un décret va peut-être être imposé. Ça vas-tu finir par un décret qu’ils vont imposer cela ? », a questionné M. Lapointe, tout en mentionnant que Québec veut récupérer 300 M $.

« On a une rencontre avec notre députée Caroline Simard ce jeudi. On va la sensibiliser à votre cause. Je vous rappelle qu’on est partie prenante à la table des négociations comme employeur. On ne peut pas s’ingérer dans les négos », a lancé M. Girard.

« Vous pouvez, a insisté le représentant syndical. Lâchez-moi le donnant/donnant et arrêtez de mettre le couperet sur la tête des élèves. J’ai besoin de plus que des paroles. J’ai besoin de gestes concrets. Si vous passez le message à votre Fédération,  cela va aider».

« J’ai rencontré les ministres Hamad et Bolduc neuf fois au cours des dernières années et on doit recommencer avec le ministre Blais. Le ministre a reculé sur le dossier des fusions mais notre commission scolaire n’est pas sauvée pour autant. Si nous n’avons pas plus d’argent, nous sommes morts », a argumenté M. Girard.

Somme toute, les deux parties ont besoin de concessions pour satisfaire leurs organisations respectives, mais aussi de plus d’argent de Québec pour survivre dans des conditions acceptables, soutiennent-ils.

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