Procès Wagner : les lettres anonymes reliées à Wagner
Parmi ses derniers témoins appelés dans le cadre du procès pour incendie criminel de Michael Wagner, l’avocat de la Couronne, Me Sébastien Émond, a reçu à la barre mercredi la spécialiste judiciaire en document, Mylène Signori. Cette dernière a comparu comme témoin expert.
Mme Signori a raconté avoir analysé les deux lettres anonymes du « dénommé Tremblay » à la demande de l’enquêteur au dossier de l’incendie du Mike’s. Rappelons que ces deux lettres anonymes, reçues par la SQ et l’Hebdo Charlevoix plusieurs mois après l’incendie du 4 mai 2012 et des accusations déposées contre Michael Wagner, innocentaient le suspect. L’auteur y revendiquait le sinistre du Mike’s et d’autres incendies survenus à Baie-Saint-Paul.
Mme Signori a raconté avoir comparé ces lettres anonymes à d’autres documents manuscrits et dactylographiés que la SQ avait saisis au domicile de M. Wagner le soir de son arrestation le 5 mai 2012. Parmi ces documents saisis et servant de comparaison se trouvaient la correspondance des propriétaires du Café Interlude, M. Wagner et Marc Laflamme, avec le propriétaire de l’immeuble locatif, Jean-Francois Lapointe.
Mme Signori a précisé à la cour qu’elle avait relevé « beaucoup de caractéristiques générales et morphologiques » sur les lettres anonymes et leurs enveloppes. Elle y a notamment décelé « des indices de camouflage ». Elle a aussi précisé que les deux groupes de documents analysés et comparés, soit les lettres anonymes et ceux saisis chez M. Wagner, « présentaient plusieurs similitudes significatives, mais certaines caractéristiques marquantes ».
Sur « l’échelle de conclusion à 9 barreaux » qui chiffre les similitudes entre des documents et permet de relier leur auteur, Mme Signori a établi que l’identification était « fort probable » dans le cas des lettres anonymes et des documents saisis au domicile de M. Wagner. À une demande de précision de l’avocat de la défense Me Patrick Guay, Mme Signori a affirmé que l’auteur des lettres anonymes ne « pouvait pas être quelqu’un d’autre » que l’auteur des documents saisis au domicile de messieurs Wagner. « Il y a trop de similitudes et pas de dissidence (…) et pas de construction contraire », à notamment affirmé ce témoin expert.
Plus tôt dans la journée, un autre témoin expert, le chimiste Serge Jubinville, du Laboratoire d’expertise judiciaire et de médecine légale, a confirmé qu’il y avait bien des traces d’essence dans les trois débris de la scène d’incendie et les espadrilles récupérés par les enquêteurs dans le cadre de leur investigation.
Le dernier témoin de la Couronne a été le Dr Edward Alexander Cooper, qui était de garde à l’urgence de l’hôpital de La Malbaie la nuit du 4 au 5 mai 2012. Le Dr Cooper a comparu par vidéoconférence et a raconté avoir traité plusieurs patients cette nuit là en lien avec les deux incendies qui s’étaient déclarés au centre-ville de La Malbaie et qui avaient aussi entraîné une coupure d’électricité.
Le Dr Cooper est revenu plus précisément sur les cas de Michael Wagner, qu’il a traité pour des brûlures au premier et au deuxième degré au visage et aux mains, ainsi que sur celui de la locataire de l’immeuble, Élise Panorani, intoxiquée par la fumée et arrivée par ambulance.
Le Dr Cooper a raconté que le patient Wagner, qu’il a vu à minuit, « avait le visage complètement brûlé, un peu comme un grand coup de soleil. Un four à combustion lente aurait explosé. Il (M. Wagner) a raconté qu’il avait mis ses mains devant la flamme pour se protéger et il avait des brûlures sur les paumes des mains. Ça, c’est un peu spécial », a relaté le médecin dépanneur qui habite Québec. Michael Wagner avait des brûlures sur environ 6,5 % de son corps, a aussi précisé le Dr Cooper.
Cette nuit-là, le Dr Cooper a expliqué avoir eu fort à faire et traité 7 ou 8 personnes en liens avec les incendies du centre-ville, dont au moins deux pompiers. Le cas de Mme Panorani était préoccupant puisque la dame avait respiré la fumée un certain temps pendant son sommeil. Le Dr Cooper a expliqué en détail les traitements prodigués. La dame a été traitée et gardée sous observation cette nuit-là et une partie du lendemain. Elle a reçu son congé à 14 h 15, le 5 mai 2012.
Cette troisième journée de procès a marqué la fin de la présentation de la preuve pour le directeur des poursuites criminelles et pénales, Me Sébastien Émond. Depuis lundi, Me Sébastien Émond a appelé à la barre 12 témoins dont trois témoins experts et un docteur, deux enquêteurs de la Sûreté du Québec, la directrice des incendies de l’époque et un pompier, le propriétaire de l’immeuble et deux locataires, un travailleur du restaurant Mike’s ainsi qu’un agent d’assurance. Un 13e témoignage a été déposé à la cour, mais non entendu, et confirmait que M. Wagner est allé au guichet automatique de la Banque Nationale à 21 h 47 le 4 mai 2012.
Jeudi, c’est au tour de l’avocat de la défense, Me Patrick Guay, d’appeler ses témoins. Les plaidoyers sont prévus pour vendredi au Palais de justice de La Malbaie.
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