Procès Wagner : l’accusé donne une nouvelle version

20 novembre 2014
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 Mise à jour 19 h 20

L’avocat de la défense Me Patrick Guay, débutait ce matin l’appel de ses témoins. Le premier à témoigner a été l’accusé, Michael Wagner, qui répond dans le cadre de ce procès débuté lundi à quatre chefs d’accusation d’incendie criminel, de possession de matériel incendiaire et de fraude.

Me Guay est revenu avec son client sur son enfance en Ontario, son arrivée dans Charlevoix en 2011 ainsi que sur sa vie professionnelle et personnelle. La cour a notamment appris que M. Wagner est écrivain, qu’il a plusieurs formations et est cuisinier depuis quelques années. Pour M. Wagner et son conjoint, Marc Laflamme, avec lequel il vit depuis 16 ans, leur installation dans Charlevoix et l’ouverture de leur Café Interlude était « un rêve ». Les difficultés vécus par le commerce du couple et ses derniers mois d’opération ont été abordés.

À un moment du témoignage, Me Guay a invité son client « à expliquer au tribunal, à la lumière de ce que vous avez attendu et de ce que vous voulez dire au tribunal, ce qui s’est passé » le soir du 4 mai 2012. L’accusé Michael Wagner a alors débuté une nouvelle version des événements. Une version différente de celle où il mentionnait s’être brûlé avec sa fournaise et de la seconde version, livrée aussi aux policiers la nuit de son arrestation, dans laquelle il avouait son crime.

Dans cette troisième version donnée au tribunal ce matin, Michael Wagner a dit être allé au restaurant Interlude ce soir-là pour s’assurer que tout était correct et pour voir si le concierge de l’immeuble avait laissé l’affiche pour annoncer la location du local. « J’ai remarqué à ce moment une bruine. Ce n’était pas de la fumée. Il y avait une odeur bizarre », a raconté M. Wagner, expliquant qu’il avait attribué cet odeur aux effluves de la cuisine du Mike’s située un étage en dessous.

Parce que l’odeur devenait plus forte, M. Wagner dit avoir fait une tournée de vérification sur l’étage et vérifié les commerces environnants sans rien remarqué d’anormale, sinon cette « bruine » et cette « odeur bizarre ». « Je suis descendu pour vérifier, (…) il y a avait un peu plus de fumée, de bruine, mais ça sentait pas le feu. J’ai (tenté d’ouvrir) la porte. Elle était difficile à ouvrir. J’ai poussé la porte avec ma main droite et mon pied et immédiatement après, j’ai été englouti par les flammes. La porte s’est refermée, il y avait tellement de pression. (…) J’ai porté mes mains à mon visage pour me protéger les yeux. (…) Je savais que j’étais blessé, mes mains picotaient. »

M. Wagner affirme alors être sortie de l’immeuble, avoir constaté que des gens étaient dans le stationnement du Mike’s. Il entendait les pompiers. Il dit avoir pris sa voiture et être retourné chez lui où son conjoint Marc, voyant ses brûlures, l’aurait conduit à l’hôpital de La Malbaie.

Lors de son contre-interrogatoire, le procureur de la couronne Me Sébastien Émond a remis en doute la crédibilité de M. Wagner, lui rappelant ses nombreux mensonges. « Il aurait pu être pratique, M. Wagner, de donner votre version aux pompiers. Pourquoi ne pas l’avoir fait? », a questionné notamment Me Émond. « Parce que j’avais peur », a répondu M. Wagner. L’accusé a dit ne pas avoir entendu d’allarme incendie ni avoir senti le besoin d’aller le 911. Il avait menti à son conjoint ce soir-là. Il a dit avoir pris du temps pour réfléchir alors qu’il avait dit à son conjoint qu’il allait travailler au Manoir Richelieu.

Me Émond a rappelé à M. Wagner qu’il a donné aux policiers, la nuit de son arrestation, une seconde déclaration qui « contient d’innombrables détails » expliquant comment il avait mis le feu le soir du 4 mai 2012. « Vous avez déposé les contenants d’essence près du mur, mis de l’essence à quelque place sur le plancher et mis le feu avec un briquet », a rappelé Me Émond. Ce à quoi l’accusé à répondu qu’il est « possible » qu’il ait « dit ça », mais qu’il ne s’en « souvient plus. J’ai fait une fausse confession. »

La défense a terminé ses témoignages en après-midi avec la présence à la barre du conjoint de M. Wagner, Marc Laflamme, ainsi que de deux amies du couple. Le premier a confirmé les dires de l’accusé sur leur arrivée dans la région, les difficultés du commerce et la trame des événements suivant le retour de M. Wagner à la résidence du couple le soir du 4 mai 2012. Les deux amies ont quant à elles souligné les difficultés de M. Wagner avec la langue française.

Me Guay pour la défense et Me Émond pour la Couronne plaideront demain, à partir de 9 h 30, devant le juge Michel L. Auger.

Rappelons que ce procès pour incendie criminel de Michael Wagner est débuté depuis lundi au Palais de justice de La Malbaie. Ces procédures juridiques font suite à l’incendie du 4 mai 2012 dans le bâtiment du Mike’s de La Malbaie et qui avait fait pour 1,5 million $ de dommages.

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