Le monde de Versébock

Par Gilles Fiset 10 septembre 2014
Temps de lecture :

Comme plusieurs, je me rappelle avoir passé un grand nombre de soirées de mon adolescence à jouer à des jeux de rôles comme Donjons et dragons. Les bons souvenirs qui m’en sont restés m’ont amené à m’intéresser à Versébock, un jeu de rôle grandeur nature qui se déroule ici dans Charlevoix.

Le dix-huitième épisode de jeu de Versébock se tenait justement en fin de semaine et je me suis entendu avec Mathieu Fillion, le concepteur du jeu, pour m’y rendre vendredi soir afin de rencontrer le groupe.

Il est tard le soir, et l’éclairage des phares donne un air fantomatique aux arbres qui nous entourent. Je suis en route pour l’aire de jeu de Versébock, non loin de Baie-Saint-Paul, à bord de la jeep de Mathieu, et je suis inquiet. Ce n’est pourtant pas ce décor digne d’un film d’Hitchcock qui m’indispose, mais plutôt l’angoisse de me retrouver à partager un jeu de rôle avec une ribambelle d’enfants et d’adolescents. J’ai peur d’être « le vieux mon’oncle pas rapport ».

Arrivé à l’endroit de rassemblement, je suis un peu rassuré. Il y a quand même quelques adultes. Tous là pour accompagner leurs enfants qu’ils me disent. C’est vrai que rencontrer des gens qui dans la vie sont des professionnels respectés, médecin, agent d’immeuble ou infirmière, habillés en armure du moyen âge avec des épées en mousse et de fausses oreilles pointues de personnages fantastiques, ça demande une certaine explication, surtout que l’alcool et les drogues sont interdits sur l’aire de jeu.

Le lendemain, samedi, je me retrouve de nouveau dans les bois, mais de clarté et habillé d’une robe brune de moine avec une épée en mousse en guise d’arme. Je ne suis plus journaliste, mais un clerc qui veut devenir moine guerrier et délivrer un jour Jérusalem. Mais…Jérusalem n’existe pas dans Versébock! Non, ce monde est un territoire conçu pour exister de lui-même. Un endroit où l’on vit à part du monde réel. On y retrouve une ville (Bon-Vivre), différentes races dont les dangereux Meurlocks, les Elfes ou les Nains et même une monnaie avec laquelle on peut acheter des choses qui peuvent servir au jeu. « C’est un univers médiéval fantastique qui permet aux gens de vivre un dépaysement total », affirme son concepteur, Mathieu Fillion. En fait de dépaysement, je suis servi. Marcher dans un chemin sombre et rencontrer dans un détour un duo de Meurlocks agressifs, c’est… dépaysant!

Durant le jeu, chacun vaque à ses activités selon son personnage. Par exemple, si vous êtes un marchand humain, vous essayez de faire du négoce avec les autres, les prêtres et les palatins construisent des églises et bien entendu, les méchants pensent à des coups pendables!

Ce qui m’a le plus frappé durant le temps que j’ai passé dans ce territoire fantastique, c’est le nombre de gens… plus vieux que moi! Il y avait même des grands-pères attifés en chevaliers! La vérité étant que la majorité des joueurs sont adultes et que beaucoup ont des cheveux gris! « C’est le cas dans tous les endroits de ce genre au Québec », affirmera plus tard Mathieu. Même si la plupart de ces adultes à qui j’ai parlé diront n’être là que pour leur enfant, je peux vous assurer qu’ils ont mis beaucoup de coeur à se servir de leur épée durant les batailles. Une chance pour moi d’ailleurs que ces épées étaient en mousse!

 

 

 

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires